PORTRAIT. Poissonnier dans le civil, le tireur Sébastien Guerrero vise une médaille aux JO 2024

Poissonnier dans le civil, Sébastien Guerrero est aussi un tireur de très haut niveau, qui sera engagé aux Jeux olympiques de Paris 2024 à partir du 29 juillet. Le Basque de 37 ans, au parcours atypique, peut même rêver d'une médaille.

Tous les quatre ans, les Jeux olympiques permettent de mettre en lumière des sportifs de l'ombre, les meilleurs mondiaux de disciplines méconnues du grand public. Sébastien Guerrero est de ceux-ci. Le Basque, participera à ses premiers JO à partir du 29 juillet.

Médaillé de bronze en fosse olympique aux championnats d'Europe 2023 en Croatie, en égalant le record du monde s'il vous plaît (125/125), le tireur avait ce jour-là décroché le quota olympique pour la France. Mais il a depuis dû batailler face à la densité de la concurrence, et notamment celle de Clément Bourgue, pour décrocher sa sélection.

« J'ai gagné des matches de foot en n'étant pas bon, ça ne m'est jamais arrivé au tir »

Sébastien Guerrero a finalement pu exulter le 21 juin dernier, date de l'annonce officielle des sélectionnés tricolores. Il a ainsi pu mesurer le chemin parcouru. Le Bayonnais est pratiquement né avec une carabine dans les mains. Issu d'une famille de chasseur, dès ses jeunes années, il a accompagné son grand-père, amputé d'une jambe, en forêt pour l'aider à s'adonner à sa passion.

À 13 ans, inscrit dans le club de tir de son village, il a appris les bases du maniement des armes et découvert la fosse olympique. « Au début, ce n'était pas quelque chose qui me plaisait particulièrement, confiait-il pourtant àLa Nouvelle République en avril dernier. Sur la côte basque, il y a le surf, le foot… Mais j'avais quelques facilités, j'ai continué et au fil du temps, c'est devenu une passion. Je parle de passion depuis que j'ai compris les attraits pour ce sport : le dépassement de soi, le mental. C'est difficile parce qu'on est seul contre tout le monde. J'ai gagné des matches de foot en n'étant pas bon, ça ne m'est jamais arrivé au tir. »

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Ancien footballeur de bon niveau, Sébastien Guerrero a pourtant décidé d'arrêter toute pratique sportive à son entrée dans la vie professionnelle, en tant qu'ouvrier du bâtiment, en 2011. Jusqu'en 2016, date à laquelle il a décidé de reprendre, après avoir constaté que plusieurs anciens juniors contre qui il se battait avaient intégré l'équipe de France. Il se fixe alors un objectif : voir les JO 2020 à Tokyo. Mais ne parvient pas à décrocher le quota olympique.

« Je serai le seul poissonnier aux JO, c'est sûr »

Tant pis, les JO de Paris 2024 sont un rêve encore plus grand. Qu'il aura finalement réussi à assouvir, après quatre années denses sportivement et humainement parlant. Puisqu'il est aussi devenu papa et a ouvert une poissonnerie ambulante, Hélène et les Poissons, basée à Boucau (Pyrénées-Atlantiques). « Je serai le seul poissonnier au JO. Ça, c'est sûr. J'ai la chance inouïe d'être très bien entouré. Il le faut parce que ce sont des projets sportifs qui impliquent beaucoup, de sacrifices humains. Cela implique beaucoup de gens autour de moi qui font des sacrifices », souriait-il dans une interview accordée à France Bleu le 23 juillet.

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Le même jour, après avoir travaillé jusqu'au bout à la poissonnerie, Sébastien Guerrero s'est envolé pour Paris. Afin de mener un autre type de pêche : celle à la médaille.

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