JO 2024 - Gymnastique. Le Yurchenko double carpé de Simone Biles au saut bientôt interdit ?

En gymnastique artistique, il n'est pas rare de voir des difficultés inscrites au code de pointage devenir interdites en compétitions avec le temps. Car elles sont jugées trop dangereuses pour les gymnastes. Pour ce qui est du Biles II au saut de cheval, le cinquième élément inventé par la gymnaste américaine Simone Biles, cela pourrait être le cas aussi.

En l'espace de dix ans, des Championnats du monde d'Anvers 2013 à ceux d'Anvers en 2023, Simone Biles a inventé cinq mouvements de gymnastique artistique à son nom. Un phénomène rare qui prouve davantage encore tout le talent de la gymnaste américaine de 27 ans.

Il n'y a qu'aux barres, son « point faible » que Biles n'a pour l'heure pas laissé sa trace dans le code de pointage.

Au sol, il y a le Biles, qui est un double salto arrière-jambes tendues en ajoutant une demi-vrille (2013). Puis, le Biles II, qui est un double salto arrière groupé avec une triple vrille (2019).

À la poutre, l'Américaine a aussi une figure au nom de Biles, c'est sa sortie en double salto arrière avec deux vrilles (2019).

Enfin au saut de cheval, Biles a d'abord inventé un mouvement qui est un Yurchenko avec un demi-tour sur la table de saut suivi de deux vrilles (2018). Avant de sortir le Biles II, lors des Mondiaux 2023, et d'encrer davantage son nom dans l'histoire en devenant la première femme à réaliser ce saut en Yurchenko avec un double salto arrière-corps carpé. Un chef-d'œuvre qu'elle est - et sera peut-être - la seule à pouvoir réaliser. Jeudi 25 juillet, lors des entraînements podiums, l'Américaine a marqué le coup en réalisant de nouveau son saut, parfaitement.

« Quand j'étais en finale du saut de cheval avec Simone, à Anvers. C'était assez fou. Je la vois faire ça, devant moi. Je sais que le saut qu'elle fait, tout le monde le regarde de l'extérieur et se dit que c'est un truc de fou, relève la Française Coline Devillard, championne d'Europe au saut de cheval. Mais elle est humaine. Faut pas croire, avant d'y aller, elle aussi elle a peur. »

« On peut finir paralysé »

Pour en arriver là, Simone Biles a répété ce Yurchenko des centaines de fois, depuis quelques années. Avec, chaque fois, la même appréhension en s'élançant. « En général, j'essaie juste de ne pas mourir. La plupart du temps, j'ai peur de rater ma réception et d'atterrir sur la tête. Si la main glisse, on peut finir paralysé. Bien sûr qu'on doute de ses capacités à le refaire. Tout va si vite, tout peut arriver », explique Simone Biles dans le documentaire Netflix : Le Nouvel Essor de Simone Biles.

« Elle est tellement au-dessus qu'elle prend le temps que ça soit safe (sûre) en compétition. Pendant un an, elle a perdu des points car son entraîneur était sur le tapis, pour la rassurer et prendre aucun risque », ajoute Camille Rey, ancienne juge internationale.

La principale difficulté de ce saut est d'avoir l'amplitude et la hauteur nécessaire pour réaliser le carpé dans les airs. Mais aussi, de réussir à se réceptionner debout ensuite. « C'est la seule qui le fera de tous les temps, en tant que femme. Même chez les garçons, tous ne le font pas. Il n'y a qu'elle qui le gérera, car elle a la puissance pour, souligne Marine Boyer. C'est une des figures qui pourrait devenir interdite plus tard. »

« Oui, c'est un saut incroyable mais qui est dangereux, on peut se blesser », appuie Coline Devillard. « Il faut aussi être très régulière dans l'attaque de table pour pouvoir gérer la rotation derrière », conclut Morgane Osyssek-Reimer.

Mais ce ne sera pas la première figure de Simone Biles que l'Américaine sera la seule à reproduire. Au sol, son deuxième élément, est également d'une telle complexité qu'aucune autre femme ne l'a réalisé en compétition. Avant elle, seuls trois hommes l'avaient tenté. « Le double salto arrière groupé avec triple vrille au sol. Il a une valeur J dans le code de pointage, ça équivaut à un point. C'est inédit, détaille Camille Rey. Ce qui est incroyable avec Simone, c'est qu'elle complexifie sans cesse des mouvements. D'ailleurs, peut-être qu'un jour le double arrière avec triple vrille qu'elle fait au sol, elle l'imaginera à la poutre. Elle le travaille. »

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Tous les éléments que Simone Biles exécute, ils sont différents à tous les agrès. Le nombre de vrille n'est jamais le même. Cela demande donc encore plus de techniques et de repères dans l'espace. Et c'est aussi ça, la marque de signature de la championne améri...

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