JO 2024 : de l'Antiquité à l'Onu, qu'est-ce que la trêve olympique et a-t-elle déjà été respectée ?

Les appels à respecter une trêve olympique se sont multipliés ces derniers jours, alors que la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques se déroulera vendredi 26 juillet à Paris. Mais d'où vient de concept de trêve durant les Jeux et a-t-elle vraiment été mise en place un jour ? Éléments de réponse.

Emmanuel Macron, le pape François, le secrétaire général de l'Onu, tous ont appelé de leurs vœux à une « trêve olympique » ces derniers jours. Dans un message vidéo, qui sera diffusé durant la cérémonie d'ouverture vendredi 26 juillet 2024, le patron des Nations unies Antonio Guterres appelle à « déposer les armes » à travers le monde. Un message de paix alors que les combats continuent entre la Russie et l'Ukraine et qu'un accord de cessez-le-feu à Gaza est en voie d'être conclu. Mais qu'est-ce que la trêve olympique, d'où vient ce concept ? Cette trêve a-t-elle déjà été respectée ou est-ce une utopie ? Explications.

De l'Antiquité grecque à Pierre de Coubertin

Au VIIIe siècle avant J.-C, l'ekecheiria (trêve) devient un principe sacré de l'olympisme. Mais cette trêve ne signifie pas une cessation des combats. « L'ekecheiria grecque n'était rien d'autre qu'une autorisation donnée aux pèlerins, dont faisaient partie les athlètes, de circuler entre les lignes des armées ennemies », explique Patrick Clastres, historien du sport et professeur à l'Université de Lausanne, dans une chronique publiée par Le Monde.

L'idée que le sport puisse encourager la paix au niveau mondial émerge des siècles plus tard. Elle prend racine « dans les milieux du pacifisme libéral au tournant des années 1880 », précise l'historien Patrick Clastres. La première personne à l'évoquer est le pacifiste britannique Hodgson Pratt, le 14 novembre 1891, lors du IIIe congrès international de la paix à Rome. Un an plus tard, Pierre de Coubertin la reprend à son compte.

Aristocrate français et père des Jeux olympiques modernes, Pierre de Coubertin explique l'importance d'une trêve olympique en 1935, un an avant l'organisation des JO de Berlin. « J'admettrai très fort bien, pour ma part, de voir en pleine guerre les armées adverses interrompre un moment leur combat pour célébrer des jeux musculaires, loyaux et courtois », peut-on entendre dans une archive radiophonique, retrouvée et publiée par l'INA.

Des résolutions symboliques de l'Onu depuis 1993

Il faut attendre la fin du XXe siècle pour que les instances internationales décident d'inscrire ce concept dans le marbre. En 1992, le Comité international olympique (CIO) invite les pays à respecter la trêve olympique. L'année suivante, l'assemblée générale des Nations unies adopte la résolution 48/11 qui engage les États membres à respecter la trêve olympique.

Depuis cette date, la tradition veut que l'Onu adopte une résolution par consensus, tous les deux ans avant les Jeux d'hiver et d'été. « Depuis 2006, l'appel a également été lancé pour les Jeux paralympiques à venir », précise l'Onu sur son site internet.

Dans les faits, la trêve olympique a régulièrement été bafouée. « Jamais la trêve moderne n'a permis, on pourra le regretter, des avancées déterminantes en faveur de la paix. Pire, Vladimir Poutine n'a pas hésité à la violer trois fois, en 2008, en 2014 et en 2022, lorsque ses troupes sont intervenues en Géorgie, en Crimée et en Ukraine, au moment des JO d'été à Pékin, d'hiver à Sotchi, puis de nouveau à Pékin », rappelle l'historien Patrick Clastres dans Le Monde.

Pas de trêve pour les JO 2024 de Paris

Les Jeux olympiques de Paris ne seront pas l'occasion d'entériner la trêve olympique. Le 21 novembre 2023, la Russie a réclamé un vote à l'Onu alors que les résolutions de trêve olympique sont habituellement adoptées sans, par consensus. Elle a finalement été adoptée par 118 voix pour, aucune contre et deux abstentions (Russie et Syrie).

Préparée par la France et présentée à l'Onu par Tony Estanguet, patron du comité d'organisation des JO de Paris, cette résolution appelle les États membres à « observer la trêve olympique individuellement et collectivement ». Une trêve qui doit courir à partir du septième jour avant le début des JO de Paris (26 juillet au 11 août 2024) et jusqu'au septième jour après la fin des jeux paralympiques (28 août au 8 septembre).

Ce vote exigé par la Russie en fait, selon l'historien Patrick Clastres, « la trêve olympique la plus difficilement adoptée ».

De son côté, l'Ukraine a rejeté l'idée d'une trêve. Dans un entretien accordé à l'AFP le 17 mai, le président ukrainien Volodymyr Zelensky...

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