JO 2024. Carte blanche à Fanny Walendorf : « Le sport nous donne à vivre intensément. »

Deuxième des cartes blanches publiées dans L'Édition des Jeux, notre magazine 100 % numérique consacré aux Jeux olympiques : Fanny Wallendorf.

Dans le cadre des Jeux olympiques, Ouest-France a demandé à des auteurs renommés de rédiger une carte blanche sur les Jeux olympiques, chroniques publiées dans notre magazine numérique spécial Jeux olympiques : « L'Édition des Jeux. » L'écrivaine Fanny Wallendorf, nous a adressé cette chronique.

« En tant qu'écrivaine, je me sens très proche des sportifs. J'ai pratiqué la natation dès l'enfance, et j'ai commencé à écrire à l'âge de 7 ans. Très vite, j'ai senti que ces deux disciplines se ressemblaient. Elles nécessitaient d'entrer dans certains états de concentration, de présence totale, elles demandaient de l'endurance et de franchir des paliers pour s'aventurer plus loin dans l'expérience. Comme l'art, le sport nous donne à vivre intensément et à penser. C'est un espace potentiel de liberté, de création, parfois de génie. Écrire sur le sport est donc venu naturellement.

Quand j'ai travaillé sur les Jeux olympiques de 1968 pour préparer mon roman autour de Dick Fosbury, médaillé d'or de saut en hauteur, l'émulation était intense : ce moment historique recèle mille textes qui demandent à s'écrire. Les trajectoires singulières des sportifs sont imbriquées dans une Histoire toujours à vif, cristallisée, en quelque sorte, dans ces événements mondiaux. Si la pratique du sport interroge le plus intime en soi, il est aussi éminemment politique. Passionnée par ces Jeux, j'ai tenu à écrire ensuite une nouvelle sur Peter Norman, l'athlète australien médaillé d'argent sur 200 mètres, banni pour avoir soutenu Smith et Carlos, les champions afro-américains qui ont levé un poing ganté de noir sur le podium pour dénoncer la ségrégation raciale. Ces instants ont beaucoup à nous enseigner aujourd'hui encore et nous devrions en tirer meilleur parti.

La figure de Micheline Ostermeyer, grande athlète et pianiste virtuose, m'a ensuite inspirée et fait découvrir les Jeux de Londres de 1948, lors desquels elle a été médaillée. C'est une bouleversante source d'inspiration : ces premiers Jeux organisés après la Seconde Guerre mondiale, dit « Jeux du renouveau », devaient effacer les " Jeux nazis " de 1936 et redonner espoir à une Europe exsangue.

Et voilà qu'à Olympie s'allume de nouveau la flamme, à l'aube du temps historique des Jeux de Paris 2024. Puisse cet événement nous permettre, plus encore si la littérature s'en empare, de célébrer l'éphémère beauté du geste sportif et l'élan qui lui donne naissance, et de réinterroger notre monde contemporain - non par le prisme du spectacle, mais en nous tenant sous la bannière de ses principes originels de pacifisme et d'amitié entre les nations. Qu'il nous aide à réfléchir collectivement à la façon de prouver notre loyauté envers ses idéaux.

×