« Catastrophique » : quand les JO empêchent les soignants de se rendre sur leur lieu de travail

Depuis ce lundi 22 juillet 2024, 185 km de voies franciliennes sont dédiés aux personnes accréditées pour les Jeux olympiques de Paris. Des soignants, qui ne peuvent pas emprunter ces voies réservées, déplorent des problèmes d'accès à leur lieu de travail. Ils craignent des trajets plus longs, mais aussi de la fatigue et du stress en plus. 

Alors que les Jeux olympiques de Paris 2024 ont débuté ce mercredi 24 juillet, des soignants intervenant dans des hôpitaux d'Île-de-France déplorent des problèmes d'accès à certains sites en raison des restrictions de circulation liées à la compétition. Depuis ce lundi 22 juillet, 185 km de voies franciliennes, notamment sur le périphérique parisien, sont dédiés aux personnes accréditées (athlètes, officiels, arbitres) mais aussi aux taxis, transports en commun, pompiers, véhicules d'urgence du Samu ou forces de l'ordre.

Ainsi, des soignants affirment rencontrer des difficultés pour accéder à l'hôpital Delafontaine situé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près du Stade de France. Interrogés par l'AFP, certains disent avoir découvert « avec surprise », la semaine dernière, que plusieurs bretelles d'accès aux autoroutes A1 et A86 étaient fermées ou strictement réservées aux véhicules accrédités pour les Jeux olympiques et Paralympiques (JOP), pour certaines jusqu'au 11 septembre.

Amende de 135 €

« Ils sont maintenant obligés de passer par des petites routes, en ville », soit « 20 à 30 min de trajet supplémentaires, quand ça roule », a déclaré Stéphane Degl'Innocenti, délégué syndical Sud à l'hôpital Delafontaine. « Malgré toute l'anticipation depuis des mois, on n'était pas au courant », a-t-il déploré. Ceux qui empruntent la sortie interdite « s'exposent à une amende de 135 euros ».

Selon la préfecture, citée par l'AFP, l'accès concerné a été fermé par sécurité, à un endroit où la voie réservée JOP est basculée de gauche à droite, pour éviter un « cisaillement […] potentiellement générateur d'accidents ». « Le dispositif sera levé entre les Jeux olympiques et paralympiques », précise-t-elle.

Mais les soignants sont inquiets. « On a peur du moment des épreuves, où il y aura plus de monde sur la route et des embouteillages », a confié Edith Rain, sage-femme dans l'établissement. Elle craint « d'être coincée deux heures en sortant de garde », après douze heures d'un travail déjà épuisant, ou de « relever des collègues en retard ».

Des trajets « deux à quatre fois plus longs »

Leur inquiétude est également partagée par les ambulanciers, qui déplorent des conditions de circulation « catastrophiques » pour acheminer leurs patients de la banlieue vers Paris. Ils réclament le droit d'emprunter les voies réservées, qui leur sont pour l'instant interdites sauf lorsqu'ils sont missionnés par le Samu pour une urgence vitale.

« 95 % de l'activité, ce sont des personnes âgées, malades, qui ont rendez-vous » par exemple pour une dialyse, chimiothérapie ou une opération et les trajets sont ces derniers jours « deux à quatre fois plus longs qu'habituellement », a indiqué à l'AFP Maxence Jean, délégué régional du syndicat CNSA. Alors certains malades « sont très en retard », a-t-il ajouté.

Contacté par l'AFP, le président de la fédération d'ambulanciers FNAP Bruno Basset n'a « pas reçu de remontées sur des problèmes majeurs ». Les difficultés « concernent des soins programmés, pour des patients dits "stables" ». « Nous avons eu de nombreuses réunions avec les autorités […], qui ont permis de se préparer »,  a-t-il estimé.

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