Paris 2024. « Le symbolisme du relais de la flamme a été sacrifié »

Courrier des lectrices et des lecteurs. « Même sans traverser toute la France, n'aurait-il pas été plus symbolique d'aller de Marseille à Paris (avec bien sûr arrêt la nuit) mais de façon continue ? 800 km, 5 relayeurs par km soit 4 000 relayeurs. On arrivera à ce total avec le tracé haché. Oui mais […] on a voulu récompenser les Départements qui avaient payé des dizaines de milliers d'euros. On aura droit à une « caravane publicitaire » semblable à celle du Tour de France cycliste. »

Yannic Rome (Morbihan)

« Le symbolisme du relais de la flamme olympique a été sacrifié sur l'autel d'une caravane touristico-publicitaire. Même s'il a été institué en 1936, Jeux olympiques de triste mémoire, le relais de la flamme olympique est fortement chargé de symboles. L'allumage de la flamme, à Olympie et grâce à l'action du soleil, relie le passé au présent, l'ancestral et le traditionnel au moderne. La notion d'internationalisme de ce parcours a été supprimée en 2009 avec effet obligatoire en 2016. Ceci à cause des risques de politisation, de saccage ou d'autres interventions malveillantes.

Il reste la traversée du pays organisateur. Ce relais géant doit symboliser la transmission de la tradition mais aussi l'humanisme et l'universalisme. Il est aussi un message de paix et d'amitié entre les peuples. Avec les anneaux, les hymnes, les médailles, les drapeaux nationaux, la transmission du drapeau olympique, la multiplicité des sports, ce relais de la flamme est un des symboles forts de cet évènement planétaire.

La continuité aurait été aussi un symbole fort. Hélas, il suffit de regarder la carte du parcours en France pour se rendre compte qu'on en est loin et que cela n'a pas été le souci principal des organisateurs. Des régions entières comme le Massif central sont exclues. Des départements (les Côtes-d'Armor par exemple) n'en profiteront pas. Ils n'ont pas voulu (ne les blâmons pas) verser la somme rondelette qui était demandée à chaque candidat. De ce fait, le tracé du trajet est très souvent interrompu par des pointillés longs parfois de plusieurs centaines de kilomètres. Comment la flamme va-t-elle alors voyager ? Dans une camionnette ? Adieu le symbole de la continuité, adieu même la notion de relais.

Ce n'est pas tout. Même lorsque le conseil départemental aura donné son accord, il n'y aura pas continuité. Ainsi, pour le Morbihan, il est prévu sept points de passage : quatre pour le convoi principal (!) et trois pour le convoi secondaire (!) : des lieux « iconiques » du département. Là aussi, transport en camionnette sans doute entre ces points, puisqu'à chaque fois : « Un segment de quelques kilomètres avec un changement de porteur tous les 200 m ». Là encore, qu'en est-il de la continuité, de la transmission, de la notion d'aide et d'union ?

Même sans traverser toute la France, n'aurait-il pas été plus symbolique d'aller presque directement de Marseille à Paris (avec bien sûr arrêt la nuit) mais de façon continue. 800 km, 5 relayeurs par km soit 4 000 relayeurs. On arrivera largement à ce total avec le tracé haché.

Oui mais « on » a voulu montrer les beaux sites de la France. On a voulu récompenser les Départements qui avaient payé des dizaines de milliers d'euros pour ça et en plus, naturellement, on aura droit à une « caravane publicitaire » semblable à celle du Tour de France cycliste.

Je pense que Pierre de Coub...

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