Le karaté, absent des Jeux olympiques et paralympiques de Paris

En 2020, aux Jeux olympiques de Tokyo, le français Steven Da Costa remporte la première médaille d'or de l'histoire en karaté. Mais cette première médaille est aussi la dernière, puisque la discipline n'est pas sélectionnée en 2024. Bernard Renay, dirigeant du Cercle Sportif de Karaté Shotokan 14 (CSKS14), nous explique pourquoi et évoque sa frustration.

Trois questions à… Bernard Renay, dirigeant du Cercle Sportif de Karaté Shotokan 14 (CSKS14). Karatéka depuis l'âge de 10 ans, le sportif devient ceinture noire en 1997, puis instructeur en 1998. Sa passion, qu'il partage avec son frère Renaud, lui a été transmise par leur père et l'a amené à créer le Club de Colleville en 2014, qu'il anime à côté de son activité professionnelle.

Pourquoi le karaté ne figure pas dans les disciplines olympiques ?

Depuis 2016, une nouvelle discipline ne peut être intégrée que si une autre discipline est supprimée. Les sports de combat sont représentés par la boxe, la lutte, le judo et depuis 2000, le Taekwondo. Difficile de prendre leur place ! Par contre, la ville organisatrice peut choisir cinq disciplines supplémentaires. Tokyo avait retenu l'escalade, le baseball, le surf, le skateboard et pour notre grand bonheur, le karaté ! Paris a choisi de se limiter à quatre sports, en renouvelant l'escalade, le surf et le skateboard et en y ajoutant la breakdance.

Cette décision, annoncée en 2019 par le COJO, (Comité d'organisation des Jeux olympiques), correspond à ces critères : sports innovants, à dominante urbaine avec un fort impact sur la jeunesse. Malgré le travail de notre fédération, qui a défendu la candidature de Paris avec enthousiasme, le karaté a été évincé et le sera également des Jeux de Los Angeles en 2028.

Lire aussi : ENTRETIEN. JO 2024. Céline Dion « était une évidence » : les créateurs de la cérémonie se confient

Que vous inspire cette décision ?

Pour moi, c'est une aberration. Le karaté représente en France plus de 250 000 licenciés avec près de 5 000 clubs. Le nôtre monte en puissance, nous avons eu 58 licenciés cette année avec une ceinture noire de plus. La France, deuxième meilleure nation mondiale de cette discipline avec de nombreuses médailles internationales et européennes, en est un acteur majeur. Les championnats du monde sont organisés depuis 1970. De plus, tout le monde sait que lorsqu'on joue « à domicile » on est doublement motivé, c'était une chance inespérée d'obtenir de belles médailles françaises.

Le para-karaté se développe aussi ces dernières années, on a de très bons pratiquants et nos valeurs sont universelles. J'ai eu l'occasion de faire des stages internationaux, il y avait une belle unité parmi les participants et un partage qui ne connaissait pas les barrières de la langue. Il me semble que cela correspond à l'esprit des Jeux olympiques !

Quel sera votre état d'esprit pendant le déroulement des jeux ?

L'absence du karaté me gâche la fête, mais j'ai participé à un tirage au sort et j'ai gagné des places pour aller voir de l'athlétisme, alors je ne vais pas bouder mon plaisir. Nous avons eu aussi quelques karatékas porteurs de flamme, dont ma nièce Léa, c'est une petite consolation !

×