JO 2024. Les Jeux de Paris auront-ils un effet Mondial 98 dans une France inquiète et fracturée ?

À la recherche d'un « effet Mondial 98 ». Cette année-là, La France faisait alors cohabiter Jacques Chirac, un président de droite et Lionel Jospin, un premier ministre socialiste. Elle célébrait dans la liesse et l'unité ses footballeurs champions du monde. Et la croissance économique repartait. À 100 jours de l'ouverture, les JO de Paris auront-ils vraiment un effet « booster » pour le pays ?

Vingt-six ans après le sacre des Bleus lors du Mondial 98, les JO de Paris apporteront-ils un peu de baume à l'âme inquiète de Français qui ont parfois plus le sentiment de perdre que de gagner au quotidien ?

Le sport, son adrénaline, ses joies et ses occasions de se retrouver au stade, dans la rue, mais aussi devant l'écran… Les JO sont LA compétition où même sans raffoler du sport, on se laisse aller à regarder un match ou une course, même si les jeunes sont moins séduits qu'avant.

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100 jours de l'ouverture

À 100 jours de l'ouverture, l'attention se focalise sur l'organisation de haute volée de ce spectacle planétaire dans un contexte de menace d'attentat, de tensions géopolitiques et d'une France fracturée et inquiète.

Les inquiétudes sur les transports ou encore la sécurité ? Du « JO bashing » pour Tony Estanguet, patron du comité d'organisation, qui reconnaît toutefois que c'est « inévitable » et « presque sain ».

« On lit 90 % de choses négatives sur les JO », calcule de son côté Pierre Rabadan, adjoint aux Sports à la mairie de Paris, pour qui « il est temps de préparer la fête dans les esprits ».

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« Quand le sport va arriver, cela va nettoyer tout cela », est persuadée une source gouvernementale.

« Ce que l'on voit en ce moment ce sont des angoisses françaises. On se dit On ne sera pas au niveau, cela ne sera pas fini etc. On n'arrête pas de se taper dessus », explique le sociologue Jean Viard à l'AFP, qui pense que cela va « probablement bien se passer ». Parmi les motifs de réjouissances, note-t-il : « On tient les délais et les budgets. »

Mais c'est vrai que « les JO arrivent à un moment où l'on a peur. C'est un peu comme faire la fête au milieu d'un cimetière. C'est difficile à porter. Cela ne peut pas être complètement joyeux », commente-t-il. Surtout, avec en arrière-plan, la guerre en Ukraine, à Gaza, la crise climatique, les menaces sécuritaires.

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« Baguette magique »

Au niveau national, en dehors des revendications des uns et des autres liées au surcroît de travail estival qui nourrissent des préavis de grève, les JO semblent loin et l'atmosphère politique heurtée.

En Seine-Saint-Denis par exemple, département déshérité, depuis presque deux mois des profs, des élèves et des parents battent le pavé pour protester devant des conditions d'études indignes. « 177 millions d'euros pour une piscine et l'école coule », affiche une banderole juste avant l'inauguration du centre aquatique olympique à Saint-Denis début avril.

Les autorités relèvent que ce département a reçu 80 % des investissements publics pour les JO.

Un mois et demi avant l'ouverture des JO, les élections européennes auront aussi une influence sur l'atmosphère nationale, tout comme l'Euro de foot en Allemagne qui pourrait réchauffer l'ambiance compte tenu du statut de favori de l'équipe de France.

Mais même en cas de fête réussie, les gens seront-ils plus heureux après les JO ?

« Cela n'a jamais été montré. L'effet Aimé Jacquet, je sais pas s'il y en a eu un, mais s'il y en a eu un, il n'a pas duré », explique à l'AFP, Michael Attali, historien du sport à l'université Rennes II, qui a travaillé sur l'héritage social des événements sportifs.

« Le récit politique conduit à dire on organise les Jeux, peut-être que cela va être la pagaille (..) mais ne vous inquiétez pas, ça va changer votre vie », observe-t-il. « On a l'impression que la France va connaître une nouvelle ère, quasiment une nouvelle civilisation, grâce aux Jeux ! », ironise-t-il.

« Le sport est un peu appréhendé comme étant une baguette magique », résume-t-il.

Dans une tribune dans l'Express en décembre, le politologue Jérôme Fourquet, qui a théorisé les fractures françaises, n'est pas tendre pour les optimistes béats : « Que certains puissent attendre cet événement avec joie et fierté est une chose. Que le suc...