JO 2024 - Judo. Amandine Buchard, médaillée de bronze : « J'ai cru que j'avais perdu la flamme… »

Il y a six mois, la judokate française de 29 ans Amandine Buchard était dans le doute, proche du burn-out. Ce dimanche 28 juillet, elle a décroché sa deuxième médaille olympique après l'argent de Tokyo, dans la catégorie des moins de 52 kg.

Des cris, d'abord, puis des larmes, enfin. La journée, ce dimanche, a commencé à l'Arena Champ-de-Mars par les hurlements de la Japonaise Uta Abé, légende du judo, championne olympique en titre, balayée dès le deuxième tour. Incapable de bouger, soutenue par son coach pour marcher, la Nipponne a offert bien malgré l'une des images fortes de ce début de JO.

Une porte s'est alors ouverte pour la Française Amandine Buchard, sa grande rivale. Sauf que la Tricolore a, comme Abe, a subi la loi de l'Ouzbèke Diyora Keldiyorova finalement sacrée championne olympique. « Bubuche », comme on la surnomme, s'est donc contentée du bronze.

Le bronze de la résilience, de la persévérance, pour une sportive qui a connu des épreuves toute sa vie. Le décès de son père alors qu'elle était ado, la rupture avec sa mère quand elle lui a annoncé son homosexualité, la dépression en 2016 après des galères pour perdre du poids. Et enfin les doutes intérieurs, l'hiver dernier, quand elle a ressenti un trop-plein de pression avant ces Jeux.

Amandine, quel est votre sentiment après cette nouvelle médaille olympique ?

Je suis fière de moi. Bien que cette médaille soit un peu amère, franchement je ne vais pas m'en plaindre. Par rapport à Tokyo, déjà, je finis sur une victoire. Et cette médaille a un goût très particulier, car j'ai eu une olympiade très difficile…

Racontez-nous…

J'ai eu des hauts, des bas, des blessures, des moments où j'ai cru que j'avais perdu cette flamme pour le judo. J'ai fait des choix qui ont été particuliers, atypiques. Je me suis éloignée des tatamis à six mois des Jeux parce que j'ai senti que j'en avais besoin. J'avais besoin de me ressourcer, de me reconstruire, savoir ce que je voulais vraiment. Et au final j'ai été récompensée de ces choix-là.

La demi-finale face à l'Ouzbèke Keldiyorova, n°1 mondiale, vous reste-t-elle en travers de la gorge ?

C'est difficile, oui c'est frustrant car on s'était combattu une fois en Ligue des champions et je l'avais battue. Mais dès le début du match j'ai pris des coups, c'était très rude. J'ai eu du mal à m'exprimer, car quand on a quelqu'un qui lance, qui lance, comme elle, c'est dur de poser ses mains.

Il a fallu se remobiliser après cette défaite…

Oui. Mais j'ai vu Christophe (Massina, l'entraîneur des féminines des Bleues), ma psy, des amis, Clarisse (Agbégnénou), ils m'ont tous dit de passer à autre chose, qu'une médaille pouvait être décrochée. Que ce n'était pas une médaille aux championnats d'Europe, aux Mondiaux, mais aux Jeux de Paris. Il a fallu digérer, ça m'a coûté beaucoup d'énergie, et l'énergie qu'il me manquait, j'ai été la puiser dans le public, auprès de mes proches… C'est particulier, vous savez, pour moi, car je n'ai jamais vraiment eu de famille dans les gradins. Et aujourd'hui, j'avais énormément de famille… (Elle s'arrête et fond en larmes).

À qui avez-vous pensé après votre victoire pour le bronze ?

À mon père, et aux personnes qui m'ont encouragée. Je l'ai fait pour moi, mais aussi pour elles, car franchement, avec leurs encouragements, je leur devais bien ça…

Parfois, vous nous disiez avant les JO qu'il vous fallait combattre la peur de gagner…

Mais je ne l'ai pas ressenti aujourd'hui. Je me suis aussi conditionnée à ce que ces Jeux soient peut-être mes derniers, et donc j'ai profité, j'ai kiffé ma journée. C'était une chance incroyable d'avoir les JO ici, j'ai voulu aller kiffer avec eux. Il y avait de l'adrénaline, du stress, mais honnêtement quand j'ai commencé à sentir la pression, tout était gommé par les encouragements du public.

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