Choisie par le NFP mais boudée par Emmanuel Macron, Lucie Castets tente de s'imposer à Matignon

Le président Emmanuel Macron refuse de nommer un nouveau gouvernement avant la fin des JO, évoquant une « trêve olympique et politique », mais la candidate de gauche Lucie Castets, qui réclame Matignon sans relâche, est sur tous les fronts.

Alors que le président Emmanuel Macron a appelé les camps politiques à une « trêve olympique », assurant ne pas avoir l'intention avant la « mi-août » au plus tôt de nommer un nouveau gouvernement, la candidate de la gauche Lucie Castets ne chôme pas et compte bien forcer l'entrée de Matignon. Depuis sa nomination par le Nouveau Front populaire (NFP), mardi 23 juillet 2024, elle multiplie les sorties sur le terrain et dans les médias dans le but d'accroître la pression sur le chef de l'État français. Comment cette candidate engagée en faveur des services publics tente-t-elle de se faire entendre dans un contexte politique tendu ?

1. Elle enchaîne les interviews dans les médias

La gauche a créé la surprise, mardi dernier, en proposant le nom de Lucie Castets, 37 ans, directrice des finances à la ville de Paris et militante associative engagée, pour Matignon. Quelques jours plus tôt, les noms de Laurence Tubiana et Huguette Bello n'avaient pas réussi à fédérer, mais le sien a fait consensus au sein de l'alliance de gauche. Dans un communiqué, le NFP a salué une « animatrice de luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics, activement engagée dans le combat d'idées contre la retraite à 64 ans ».

Dès le lendemain, cette énarque diplômée de Sciences Po Paris est apparue plutôt à l'aise pour sa première intervention dans un média audiovisuel, sur France Inter, malgré son inexpérience politique. « Prête » pour Matignon, elle n'a pas hésité à dénoncer « l'inconséquence » d'Emmanuel Macron qui avait balayé la veille au soir sa candidature, l'invitant à « prendre ses responsabilités » et à la nommer. « Je suis prête, nous sommes prêts », a-t-elle clamé.

Jeudi, c'est sur BFMTV/RMC que Lucie Castets réapparaît. Elle se dit « déterminée » et réitère son souhait de gouverner. « Nous sommes sereins. Nous sommes au travail. Les Français souhaitent qu'on sorte de la paralysie, on ne peut pas attendre pour répondre à leurs problèmes », a-t-elle affirmé.

Ce dimanche, elle s'est confiée à nos confrères de La Tribune dans un long entretien. Elle y annonce notamment ses ambitions pour l'économie et pour la fiscalité du pays.

2. Elle dévoile au compte-goutte ses premières mesures de rupture

Retraites, pouvoir d'achat, fiscalité… Lors de ses apparitions médiatiques, la haute fonctionnaire a révélé ses premières réformes en cas d'accession à Matignon. Alors que le NFP n'a pas obtenu la majorité absolue à l'Assemblée nationale, Lucie Castets a immédiatement balayé sur France Inter l'idée d'« une coalition avec le camp présidentiel » qui est « impossible du fait de nos désaccords profonds ». Toutefois, dans son interview à La Tribune, elle indique vouloir faire des compromis, « sauf avec le RN ».

C'est dans le même média qu'elle a annoncé son intention d'aller « chercher des recettes fiscales et sociales à hauteur de 150 milliards d'euros à l'horizon 2027, afin de financer notre programme et de réduire le déficit », alors que la France a été placée en procédure pour déficit public excessif par la Commission européenne. Pour cela, elle annonce « une grande réforme fiscale », portant sur « la progressivité de l'impôt sur le revenu » qui « passera à 14 tranches », comme le prévoit le programme du NFP. Soit, « une baisse d'impôt » pour « une grande partie des ménages », assure-t-elle.

Par ailleurs, elle souhaite également que « les expatriés fiscaux payent leurs impôts au fisc français, comme le font les Américains expatriés vis-à-vis du fisc des États-Unis », et confirme un élargissement de « la taxation du patrimoine » et le retour de l'impôt sur la fortune (ISF).

Sur la réforme des retraites, Lucie Castets a promis, dès son arrivée à Matignon, de signer un décret reportant la mise en œuvre de la réforme portant à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite. Il s'agit, a-t-elle détaillé sur BFMTV/RMC, de rendre « caduque » la réforme la plus emblématique et la plus contestée du deuxième quinquennat Macron. Dans un...

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