Paris 2024, CSO : Christian Kukuk sacré champion olympique devant Steve Guerdat, Julien Épaillard en chocolat

Grâce à Christian Kukuk et Checker 47, l'Allemagne a décroché sa quatrième médaille d'or en équitation aux Jeux olympiques de Paris 2024. Au terme d'une finale individuelle de saut d'obstacles à rebondissement, le cavalier de 34 ans s'est offert le plus beau titre de sa carrière. Après un début de championnat compliqué, Steve Guerdat a superbement renversé la valeur avec Dynamix de Belhème et décroche l'argent. Comme à Toyko, Maikel van der Vleuten et Beauville Z repartent avec le bronze. Le meilleur français, Julien Epaillard, termine au pied du podium. 

« C'est énorme. » Voilà les mots qui nous ont traversé l'esprit lorsque nous avons marché le parcours, un peu moins d'une heure avant le début des épreuves, aux côtés de Grégory Bodo, co-chef de piste de ces Jeux olympiques de Paris 2024. « C'est la plus grosse finale depuis les cinq ou six dernières éditions des Jeux olympiques et le parcours le plus gros et le plus technique que j'ai construit de ma carrière », nous confiait-il. 

Des maîtres d'œuvre hors pairs

Hormis le n°1, dont la hauteur n'atteint « que » 1m60, tous les verticaux sont à 1m65. Les oxers sont aux cotes maximales, avec 1m55 de hauteur et jusqu'à 1m75 de largeur. Avec les choix à faire dans les contrats de foulées et l'enchainement des obstacles, il n'y en a pas un qui semble moins difficile qu'un autre. « C'est un parcours de cavalier. Il faut un cheval parfaitement en équilibre du début à la fin, très puissant mais également suffisamment flexible pour être en mesure de s'étendre et se compacter rapidement. »

Hier, pour la qualificative individuelle, Grégory Bodo espérait vingt parcours sans-faute et le reste des trente qualifiés à 4 points. Et hormis un parcours à 1 point de temps, c'est exactement ce qui est arrivé. Alors aujourd'hui, quand on lui a demandé ce qu'il espérait, il répond : « Le plus beau scénario serait un barrage à trois, afin que chacun reparte avec une médaille ». Devinez quoi… Oui, oui, les magiciens Grégory Bodo et Santiago Varela Ullastres ont encore visé juste. 

Ces deux hommes méritent aussi une médaille. Tout au long de ces Jeux, ils ont construit des parcours sélectifs, mais sans jamais mettre les chevaux dans l'inconfort ou face à une difficulté insurmontable. Une nécessité à l'heure où l'image des sports équestre est mise à mal et que plusieurs associations demandent leur retrait des Jeux olympiques. D'ailleurs, tout au long de la semaine, les cavaliers n'ont pas manqué de féliciter leur travail.

La dure loi du sport

Les Jeux olympiques réservent toujours leur lot de surprises, aussi bonnes que mauvaises. Ce graal dont tout sportif rêve apporte autant de joies immenses que de peines parfois insurmontables. Aujourd'hui encore, des cavaliers se sont présentés en zone d'interview avec les larmes au bord des yeux et le visage fermé. C'est le cas de l'ultra favori suédois Henrik von Eckermann et du phénoménal King Edward. Au regard de leur palmarès, tout le monde les voyait sur le podium. Hier déjà avec toute sa générosité, le petit hongre avait tiré son cavalier de situations délicates. Mais aujourd'hui, cela n'a pas suffit. Alors qu'ils déroulaient un parcours sans-faute, mais où le cavalier semblait plus tendu que d'ordinaire, une incompréhension a mis un terme brutal à leur rêve olympique. 

À la réception de l'obstacle n°8, un oxer, Henrik von Eckermann a voulu tourner à droite. Mais pour une raison qu'il n'explique pas, King Edward s'est décalé à gauche jusqu'à s'arrêter face aux phryges installés sur la ligne de départ (sa réaction complète est à retrouver ICI). La chute est inévitable.

Karl Cook, « Caracole a sauté de façon incroyable. Moi, j'ai été mauvais »

Un autre parcours s'est terminé dans les larmes, celui de l'Américain Karl Cook. Avec Caracole de la Roque, il n'avait pas renversé la moindre barre depuis le début de compétition et faisait aussi partie des favoris à une médaille individuelle. Malheureusement, toute chance de récompense olympique s'est arrêtée sur le deuxième double, placé en n°12.

Malgré toute la qualité qu'on lui connait, la selle français de 12 ans n'a pas pu rattraper l'erreur de son cavalier qui a conduit à un mauvais tracé de la courbe pour mener à ce double. Le verdict est sans appel : les deux éléments sont à terre et le duo sort avec 8 points au compteur. En larmes à sa sortie de piste, le cavalier s'est montré inconsolable. La gorge serré, il s'est brièvement exprimé. « Caracole a vraiment sauté de façon incroyable. Moi, j'ai été mauvais. Vous savez, elle est le meilleur cheval que j'ai jamais eu… », lâchait-il en retenant un nouveau flot de larmes. 

Il convient aussi de parler de ces trois couples qui avaient tout bon… jusqu'au dernier obstacle. Laura Kraut, sur Baloutinue, Max Kuehner, avec Elektric Blue P, et Martin Fuchs, associé à Leone Jei, ont fauté sur l'oxer n°15, aux couleurs des Jeux de Los Angeles 2028, et vu les portes du barrage se refermer au dernier moment. Mention spéciale au Suisse Martin Fuchs, qui a sauté dix des quinze obstacles avec seulement un étrier. Une performance qui mérite la médaille du serrage de jambes (vous voyez, les cours de mise en selle serviront toujours !). 

Christian Kukuk et Checker 47, les médaillés d'or individuels en saut d'obstacles aux Jeux de Paris 2024. © PSV

Un barrage pour déterminer les médailles

Finalement, ils ne seront que trois, comme l'avaient espérer les chefs de piste, à s'affronter au barrage. Premier à prendre le départ, Christian Kukuk s'est présenté « sans aucune pression. Je savais que j'aurais quoiqu'il arrive une médaille. Peu m'importait la couleur, je trouvais déjà fou d'en avoir une. » Libéré, Christian Kukuk a pu permettre à Checker 47 de s'exprimer pleinement et de faire étal de tout son talent. Le couple franchit la ligne sans pénalité et dans un chronomètre qui allait demander aux deux autres de donner le maximum. 

Maikel van der Vleuten est le suivant à prendre le départ. Déjà médaillé de bronze à Tokyo il y a trois ans avec ce même Beauville Z, il sait que peu importe le résultat, sa performance est déjà hors normes. Ils sont peu nombreux à avoir récolté une médaille individuelle avec le même cheval sur deux Jeux olympiques consécutifs. Le Néerlandais serre les courbes mais échoue à laisser la barre en place sur ce qui était sur le parcours initial l'oxer n°10B. L'or ne sera pas pour lui et cette fois encore, il repartira avec une médaille de bronze. « Beaucoup de reconnaissance doit être donné à mon cheval, qui donne son meilleur pour qu'on ait ce résultat », clamait-il en conférence de presse. 

Maikel van der Vleuten totalise deux médailles de bronze individuelles en deux Jeux olympiques avec Beauville Z. © PSV

Steve Guerdat, « Cette médaille représente énormément pour moi, peut-être même plus qu'à Londres »

L'argent reviendra finalement à Steve Guerdat, lui aussi auteur d'un parcours à 4 points, mais plus rapide que Maikel van der Vleuten. Sur la fantastique Dynamix de Belhème, le Suisse permet à son pays de décrocher enfin une médaille tant attendue après les déconvenues par équipes. Le sourire jusqu'aux oreilles, il évoquait une médaille « qui représente énormément pour moi, en tout cas autant et peut-être même plus qu'à Londres ». 

Lorsque nous lui demandons pourquoi elle revêt presque plus d'importance que sa médaille d'or avec Nino de Buissonnets, il s'explique. « Parce que c'est la deuxième, parce que ma situation est différente. À Londres, j'étais encore jeune et elle arrivait, même si j'avais déjà gagné beaucoup de choses avant, un peu par surprise. La situation était complètement nouvelle et aussi belle est une médaille olympique, elle change quand même un petit peu votre vie de tous les jours. J'avais un peu le regret de ne pas avoir souvent profité de cette médaille, qui est pourtant si rare. Avec les années, on se rend compte que c'est vraiment dur d'avoir une médaille olympique. Maintenant, le fait d'être un petit peu plus sage et d'avoir une famille agrandie qui m'attend, ça donne encore plus de saveur. »

Steve Guerdat et Dynamix de Belhème décrochent la médaille d'argent. © PSV

Julien Epaillard en chocolat 

Deux Français avaient fait leur place jusqu'à cette finale : Julien Epaillard et Simon Delestre. Pour ce dernier, à peine avait-il commencé son parcours que déjà la perspective d'une médaille s'envolait. En effet, sur I Amelusina R 51, il renversait le vertical n°1. Une deuxième faute sur la sortie du double placé en n°5, face à l'écran géant, portait son total à 8 points (voir sa réaction en cliquant ICI). 

Les espoirs de médaille tricolore reposaient alors sur Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre. Après une entrée en piste sous les hurlements de la foule, les spectateurs n'ont plus laisser s'échapper le moindre bruit. Même depuis la zone d'interviews, sous les arbres et à proximité du couloir de l'entrée de piste, la tension était palpable. Tout le monde attendait de savoir si le « flying frenchman » (français volant) comme l'appellent nos confrères anglophones allait de nouveau frapper un grand coup. Les 16 500 personnes présentes en tribunes ont eu la réponse à l'obstacle n°12B, le double spa/vertical aux couleurs des jeux de cartes à la française. Malgré ses efforts, Dubaï ne peut éviter de toucher la barre. En signant le parcours à 4 points le plus rapide, Julien Epaillard termine le mieux classé des parcours à 4 points… à la quatrième place (découvrez sa réaction en cliquant ICI). 

Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre terminent quatrièmes des Jeux olympiques en individuel. © PSV

Sophie Dubourg, « Ce soir, nous sommes heureux »

Même si un peu d'amertume et de déception se faisait sentir dans le clan français, Sophie Dubourg, directrice technique nationale, dressait un bilan positif de ces Jeux à domicile. « On ne doit pas oublier ce que vient de nous rappeler Olivier Perreau avant que je ne vienne vous voir : cette très belle médaille de bronze pour l'équipe en saut d'obstacles, une très belle équipe de France de dressage qui a pris une sixième place, avec une finaliste dans la Reprise Libre en Musique, et le concours complet médaillé d'argent. On a vécu des Jeux tellement intenses, avec trois disciplines olympiques aux contrats et aux objectifs remplis. »

Aussi, elle tient à remercier le public français pour son indéfectible soutien. « Je crois qu'en plus, il a été fair play pour toutes les nations. Les bénévoles, les officiels… on s'est vraiment sentis entourés, accompagnés, soutenus. Je crois que tous les sites olympiques disent la même chose et ça a vraiment aidé à transformer tous les essais. On souhaite vraiment remercier tout le monde et l'organisation sportive qui est juste parfaite. On n'a jamais vécu une édition autant dans le confort et le bien-être des athlètes chevaux et cavaliers. C'était vraiment chouette. Ce soir, nous sommes heureux. »

Les résultats de la finale individuelle sont disponibles ICI. Pour accéder aux résultats du barrage, cliquez ICI.

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