En équitation, la seconde main fait son chemin

Padd Troc, Equi'Troc, Recycl'Horse, ces enseignes et événements qui bourgeonnent un peu partout en France symbolisent le succès de la seconde main dans le milieu de l'équitation. Une démarche qui fait du bien à la planète et au porte-monnaie. 

Par Emma BILLET

« Depuis déjà plusieurs d'années, on voit se démocratiser la seconde main dans la vie de tous les jours. Je suis contente de voir que cela s'étend maintenant au milieu de l'équitation. »  Ce sont les propos tenus par Amélie Basseux, une jeune femme dans la vingtaine, cavalière depuis plus de dix ans. Ses dires sont assez proches de la réalité. Avec la prise de conscience sur les enjeux environnementaux actuels ainsi que la sensibilisation sur la pollution dûe à l'industrie du textile, les acheteurs font de plus en plus attention à leur mode de consommation. La seconde main est l'une des alternatives qui s'est imposée depuis plusieurs années sur le marché. De nombreuses friperies ont fleuri un peu partout en France. Surtout, des applications comme Vinted ou LeBonCoin connaissent leur heure de gloire. 

Une seconde vie pour le matériel d'équitation

Côté cavalier, cette mode se répand de la même façon. De plus en plus de dispositifs se mettent en place pour permettre aux équitants de consommer de la seconde main. Des enseignes comme Padd ou encore Équi'Jump en Alsace proposent déjà depuis plusieurs années des rendez-vous annuel comme le « Padd Troc » ou l'« Equi Troc » qui permettent aux cavaliers de donner une seconde vie à du matériel usagé.

« Comme ça fonctionnait vraiment bien et que nous avions une grande quantité de dépôt, nous avons souhaité ouvrir un Padd Troc permanent » confie Caroline Dufil, gérante du Padd Chaumontel. Le magasin octroie maintenant une partie significative de ses locaux pour exposer le matériel de seconde main déposé par d'autres cavaliers. Pantalon, bottes, tapis, mors tout y est pour s'équiper entièrement et à moindre coût. « L'équitation est un sport onéreux. Tant dans la pratique en elle-même que dans le prix du matériel. L'alternative de la seconde main le rend plus accessible » reconnaît Elsa Bloît, une jeune cavalière. 

En Alsace, la sellerie EquiJump fait partie des enseignes qui jouent le jeu de la seconde main. © EquiJump Alsace

Consommer plus responsable 

Au-delà de la question financière, la seconde main est aussi le reflet de la situation environnementale actuelle. « On recense plus de 150 tonnes de déchets de matériel équestre. C'est comme si nous remplissions le premier étage de la tour Eiffel » décrit Vanessa Montagne, directrice nouvelles filières chez Ecologic. Des entreprises comme Recycl'Horse ont pris ce problème à cœur en lançant dans le nord de la France des collectes de textiles équestre (tapis, couverture, bandes) afin de les recycler et de les réemployer par la suite. « On récupère ces matériaux pour les transformer en une matière, dans notre cas il s'agit de feutre, qu'on pourra utiliser pour produire autre chose », explique Laura Verdier membre de Recyl' Horse.

Des tapis à l'effigie de l'entreprise sont produits grâce au feutre. Des associations comme la SPA ou les chiens d'assistance récupèrent le reste des équipements récoltés. Cependant, au vu du nombre important de déchets de matériel, Recycl'Horse n'a eu d'autres choix, pour l'instant, que de suspendre ses collectes. « Il n'est pas question que nous récupérions du matériel sans savoir quoi en faire derrière. Nous sommes obligés de nous restreindre pour l'instant. C'est tout de même encourageant car nous constatons que petit à petit, les cavaliers revoient leur façon de consommer », conclut Laura. 

×