Camille Laisney : « Porter la veste de l'équipe de France était déjà une victoire »

En Pologne le week-end dernier, l'équipe de France de concours complet a remporté la Coupe des nations de Strzegom, par équipes comme en individuel, notamment grâce à la victoire de Camille Laisney et sa jument Avalone. La cavalière de 29 ans installée à Montlouis-sur-Loire, à proximité de Tours (37), revient sur sa première expérience collective. 

Félicitations pour votre double victoire. Vous attendiez-vous à un tel résultat ? 
Non (rires) ! Michel Asseray nous a appelé dix jours avant le départ pour le concours, et c'était déjà une sélection un petit peu « inespérée ». Rien que le fait d'être sélectionnée et de faire le concours avec la veste de l'équipe de France était déjà une première victoire. On partait là-bas surtout pour prendre de l'expérience sur un concours à l'étranger, aller voir comment ça se passe et puis bien sûr faire du mieux qu'on pouvait. Mais je n'avais pas d'objectif particulier en tête. Ça s'est mieux passé que prévu. 

Vous avez fait une superbe remontada sur le cross, en passant de la vingtième à la deuxième place, grâce à un maxi que seuls deux couples ont réalisé. Qu'est-ce qui rendait ce cross si difficile à boucler dans le temps ? 
C'est un cross qui, dans la topographie, est très plat mais sur lequel on ne fait que des allers-retours et des lacets. Tous les tournants et demi-tours prennent du temps. Sur le parcours, il y avait trois passages dans l'eau, qui prennent forcément plus de temps. On avait beaucoup de combinaisons, mais comme il y en a régulièrement sur du CCI4*. Je dirais aussi que sur les formats courts, c'est généralement difficile d'être dans le temps du fait de devoir courir vite sur une courte distance. 

« Je savais qu'Avalone était capable d'être dans le temps sur le cross »

La facilité à boucler son parcours dans le temps était-elle une surprise pour votre jument, Avalone ?
C'est vraiment sa spécialité. C'est une jument qui a de toutes petites foulées, elle n'a pas une grosse action, mais elle a une énergie débordante et répète ses foulées. Elle fait deux foulées quand un grand cheval n'en fait qu'une seule, mais elle les fait plus rapidement. 

Donc vous saviez que vous aviez un coup à jouer ?
Exactement. En plus, j'avais la chance de partir toute dernière de l'épreuve. J'étais en numéro 4 de l'équipe et tous les cavaliers de la Coupe des nations passaient après les individuels. Donc j'ai eu le temps de voir tous les cavaliers individuels, plus tous les premiers cavaliers de l'équipe avant de partir à la détente. Je savais que le temps était difficile à faire, je connais par cœur ma jument et je savais qu'elle était capable d'être dans le temps. Je suis partie tout de suite dans le rythme mais avec l'idée d'arriver à l'heure pour essayer de grapiller des places, aussi bien en individuel que pour l'équipe. 

Les cavaliers de l'équipe de France : Sébastien At, Camille Laisney, Vérane Nicaud et Marie Bouchanville, accompagnés du père de Vérane Nicaud. © FEI/Libby Law Photography

« Une deuxième place était déjà une super performance »

Sur l'hippique, vous êtes aussi sans-faute. Est-ce une jument qui est naturellement à l'aise sur les barres ? 
Oui, ce n'est pas une jument qui est très démonstrative, ce n'est pas la jument avec qui j'achète les photos à l'obstacle (rires). Elle fait toujours ce qu'il y a à faire, elle se connait par cœur et se juge très bien. C'est vrai que si je la monte correctement, on est vite sans-faute. Si je commets une erreur, on peut être à 4 points, mais c'est une jument qui est assez sûre sur les barres. 

J'imagine que vous êtes aussi passée dans les derniers sur l'hippique. Avez-vous ressenti une pression supplémentaire ? 
C'est ça, je suis passée avant-dernière. Il restait un Suédois après moi car la Suède était en tête au provisoire et lui l'était aussi en individuel. Je vous avoue que je ne me suis pas trop occupée des résultats des autres équipes. Je me suis occupée de voir que nous, les Français, avions été bons. Sébastien (At, dix-septième, ndlr) et Vérane (Nicaud, neuvième, ndlr) étaient sans-faute. Donc je savais que si je l'étais aussi, on assurait notre deuxième place. 
En individuel, je me disais que si j'arrivais à être sans-faute, j'avais cette deuxième place aussi d'assurée et que c'était déjà une super performance. Quand on a vu le cheval suédois sauter à la détente, je suis partie sereine parce qu'il ne sautait pas super bien. Après, ça ne veut rien dire. Ils peuvent faire un très bon parcours même s'ils ne sautent pas bien à la détente. Finalement, il a fait deux barres, ce qui nous a permis de remonter. 

« Je n'avais jamais concouru en équipe »

Qu'avez-vous ressenti au moment de partager ce podium de Coupe des nations avec l'équipe ? 
C'était une super aventure qui a duré une semaine entière. On a fait le voyage ensemble, on s'est tous arrêtés au même endroit pour l'étape en Allemagne. On avait une sorte de campement sur le concours, on avait ramené une caravane, on était tous toute la journée ensemble. Ce concours, on l'a vraiment vécu en équipe, on s'est soutenu pour chacune des épreuves et c'était vraiment super. Ça a une autre dimension. Ça ramène forcément un petit peu de pression parce que si on ne fait pas bien, on ne fait pas bien aussi pour l'équipe. Mais on se sent soutenu, poussé et c'est vraiment super. 

Quelle expérience retirez-vous de cette semaine en Pologne ? 
Le fait de courir en équipe est quelque chose que je n'avais jamais fait. C'est assez sympa de calculer les points, essayer d'avoir une stratégie pour la suite de la compétition, voir s'il faut courir lentement, rapidement, assurer le sans-faute sur le cross ou essayer d'être dans le temps. C'est quelque chose que je ne connaissais pas et c'est vraiment sympa. Après, d'un point de vue personnel, c'est la première fois que je courrais à l'étranger. Forcément, j'ai l'habitude des parcours construits en Grand National parce que je cours régulièrement sur ce circuit, mais c'est une autre manière de proposer un parcours de cross et c'est toujours intéressant d'avoir des parcours différents. Après, les parcours de Grand National nous préparent vraiment très, très bien à ces épreuves. 

Camille Laisney et Avalone sur le cross de Strzegom. © FEI/Libby Ław Photography

« Il fallait passer la marche du dessus »

Combien de chevaux avez-vous dans votre piquet et quels sont vos objectifs ? 
Dans la petite trentaine de boxes que je loue aux écuries d'Anadé, j'ai des chevaux au travail qui sont surtout des jeunes chevaux. Je n'ai pour l'instant qu'Avalone à haut niveau. Autrement, je forme des chevaux de 4 à 6 ans. D'ailleurs mardi (interview réalisée lundi 24 juin, ndlr) je suis en concours au Lion d'Angers. J'ai aussi des élèves amateurs en saut d'obstacles et concours complet.

Sur quelles épreuves tournez-vous avec Avalone habituellement ? 
Cette année, on a une équipe du Grand National. J'ai couru la Pro Elite de Pompadour et du Lion d'Angers. J'avais couru la Pro 1 à Saumur, afin de commencer tranquillement. C'est une jument avec qui je cours sur le niveau Pro 1 depuis trois ans maintenant. Cette année, on s'est dit qu'il fallait passer la marche du dessus et confirmer sur 4*. J'avais déjà fait deux CCI4* à Lignières, mais cette année je voulais vraiment faire Grand National et 4*.

« Partir nous former à l'étranger nous a vraiment fait évoluer »

Avalone est-elle aussi une jument que vous avez depuis qu'elle est jeune ? 
C'est une jument que j'avais récupérée en fin d'année de 6 ans. Elle avait couru quelques épreuves Jeunes chevaux à 5 ans mais n'avait rien fait à 6 ans. À l'époque, j'avais encore ma licence Amateur, donc on a suivi le circuit des 7 ans Amateur, en Amateur 1 et Amateur Elite. Je suis partie à l'étranger quatre mois, en Angleterre, avec elle, chez Sam Ecroyd et Emily King. Ça nous a vraiment fait évoluer.
Avant cela, quand j'ai eu Avalone, j'étais à l'école à Saumur. J'ai commencé à être formée par Arnaud Boiteau puis, je suis allée en stage chez Cédric Lyard. J'ai été suivie par des cavaliers de complet dès le début. Ils m'ont tout de suite dit que cette jument avait un petit truc en plus. À partir de ses 8 ans, on a commencé sur le niveau Pro. Elle a gagné CCI2* à 8 ans, on a monté les échelons petit à petit et nous voilà rendues en CCI4*.

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Les résultats par équipes sont disponibles ICI.

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