Vendée Globe. Maître CoQ remis à l'eau !

L’Imoca Maître CoQ d été remis à l'eau ce lundi à La Rochelle. À l'issue d'un entrainement intensif qui débutera dans quelques jours au Portugal, Yannick Bestaven entamera fin avril la saison de courses. En ligne de mire le Vendée Globe, le dimanche 10 novembre prochain, tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance dont il est le tenant du titre.

La mise à l'eau est toujours un moment particulier. Un mélange d'émotions aussi diverses qu'intenses. L'impatience bien sûr de voir le bateau retrouver son élément. Beaucoup de prudence également et de précision dans chacun des mouvements effectués. Lundi, sur le bassin des Chalutiers à La Rochelle, Yannick Bestaven et toute son équipe ont suivi chacune des manœuvres avec la plus grande attention. Le test à 90° sera effectué ce mercredi (capacité d'un IMOCA à se redresser lorsqu'il est sur le flanc, à la verticale, soit à 90°).

Entré en chantier en novembre au retour d'une Transat Jacques Vabre malheureusement écourtée suite à des ennuis techniques, le bateau a été entièrement révisé dans les moindres détails et renforcé avant d'attaquer cette nouvelle saison bien évidemment marquée par le Vendée Globe (départ le 10 novembre aux Sables d'Olonne). Pour la première fois mis à l'eau au mois d'août 2022, Maître CoQ V a également été optimisé pour ce tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.

« C'était chouette d'avoir une belle journée ensoleillée pour quiller, mater et mettre à l'eau, tous ensemble, note Julien Pulvé, co-skipper et skipper remplaçant pour le Vendée Globe. Tout le monde a bossé dur. On a hâte maintenant d'aller naviguer, tirer des bords, s'éclater en mer et ramener des belles perfs. »

Dès la réception des nouveaux foils, la semaine prochaine, Maître CoQ V quittera son port d'attache et prendra le cap de Cascais, sur les côtes portugaises, devenu depuis plusieurs années le lieu privilégié d'entraînement de l'équipe. Il y restera environ trois semaines avant de prendre le départ de The Transat CIC Lorient – New York (ex Transat anglaise) le 28 avril, première course de l'année.

YANNICK BESTAVEN : « LE BATEAU VA BIEN »
Nous sommes évidemment très contents. Le bateau va bien. Nous avons bien travaillé cet hiver. Nous avons fait beaucoup de renforcement structurel sur le bateau suite à notre avarie sur la Transat Jacques Vabre. J'ai pris cet abandon avec philosophie. C'est quelque part un bien pour un mal. Il valait mieux que ça casse à ce moment que dans les mers du sud où il n'y aura personne pour aller me chercher.
Pendant ce chantier, nous avons aussi revu l'équilibre des poids sur le bateau. Nous avons travaillé l'ergonomie et amélioré tout ce que nous souhaitions en vue du Vendée Globe. Nous allons réceptionner les nouveaux foils la semaine prochaine. Nous enchainerons par nos premières navigations avant de partir nous entraîner à Cascais. À titre personnel, je me suis préparé physiquement avec l'équipe de One2One et de Pascal Mas qui suit toute l'équipe de navigants, deux à trois fois par semaine. Préparation mentale aussi avec Éric Blondeau avec qui il y a beaucoup d'échanges.

Comment allez-vous aborder le prochain Vendée Globe. Ressentez-vous une pression en tant que tenant du titre ?

Non aucune. J'ai la chance d'avoir déjà gagné donc je n’ai pas cette pression. Il y a certes un peu plus d'attention autour de moi mais tant mieux. Je repars avec pour premier objectif l'envie de me faire plaisir. Et quand il y a du plaisir, généralement, les résultats suivent. Se faire plaisir c'est avoir un bateau avec lequel je serai bien, avec lequel je n'aurai pas de problème et avec lequel je pourrai m'exprimer et prendre les bonnes options météo.

Quelle est la suite du programme ?

Il y a d'abord les trois semaines au Portugal. C'est toujours un super moment pour toute l'équipe. Nous vivons ensemble dans un endroit sympa. Ça resserre les liens. Nous allons beaucoup travailler avec de nombreuses navigations mais nous pouvons aussi profiter de l'environnement. C'est très fédérateur. Il y aura ensuite deux belles transats en solo. C'est donc un peu tôt pour l'instant de faire le focus complet sur le tour du monde. Je vais déjà être concentré sur ces deux transats à venir pour obtenir un bon résultat et bien préparer le Vendée Globe. »

JEAN-MARIE DAURIS, DIRECTEUR TECHNIQUE ET SPORTIF : « LE CHANTIER A ÉTÉ ORIENTÉ SUR LA FIABILITÉ »
« C'est une étape importante de franchie car nous sommes avant tout des marins et le plus important c'est d'être sur l'eau. Un bateau c'est fait pour naviguer. Le chantier s'est bien passé et nous sommes contents d'avoir tenu l'objectif du 11 mars pour la remise à l'eau. Nous avons fait ce que nous souhaitions. Nous y sommes malheureusement rentrés un peu plus tôt que prévu, mais ça nous a permis de faire tous les renforts structurels demandés par les architectes à la suite du problème rencontré pendant la Transat Jacques Vabre. Nous avons ajouté trois cloisons à l'avant du bateau. Il nous reste à réceptionner notre paire de foils V2 qui va arriver la semaine prochaine. En attendant, nous allons préparer le bateau à naviguer, remettre tout le matériel nécessaire à la navigation.

Une fois les foils installés, nous partirons pour Cascais. Là-bas le programme sera simple : navigation, navigation et navigation. Si on peut naviguer tous les jours, on naviguera tous les jours. L'objectif de ce bloc intensif de trois semaines est de valider tout ce qu'on a mis en place en structure pour que le bateau soit fiable et qu'il puisse être costaud pour le Vendée Globe. Le chantier a été orienté sur la fiabilité car pour bien figurer, il faut d'abord finir. Nous allons pouvoir tester le bateau avec ses nouveaux foils. C'est une petite évolution mais ça nous permet aussi d'avoir la possibilité d'un remplacement car on n'est jamais à l'abris de rencontrer un OFNI. Nous partirons ensuite directement à Lorient où nous pensons arriver le jeudi 18 avril, une dizaine de jours avant le départ de la Transat CIC. Les deux transats, très rapprochées sont importantes. Elles vont permettre à Yannick d'être en situation de course et de mettre en place tout ce qu'il faut pour être dans les meilleures conditions sur un bateau sur lequel il pourra compter sans avoir de soucis techniques. »

STAN DELBARRE, BOAT CAPTAIN : « UNE FIN DE CHANTIER C’EST TOUJOURS UN BEL ÉVÉNEMENT »
« La mise à l’eau d’un tel bateau, une fin de chantier c’est toujours un bel événement pour l’équipe. C’est la fin d’un dur labeur, on est content de remettre le bateau à l’eau, et c’est aussi le synonyme d’une joblist accomplie. À présent il nous reste quelques travaux à faire sur l’eau, qu’on ne pouvait pas faire à terre. Il y a un challenge qui nous attend dans les prochains jours, c’est l’installation des foils sur l’eau. Nous n’avons jamais fait ça sur ce bateau, on va travailler sans filet en quelque sorte, car si une pièce tombe, elle finit au fond du port. On a fait le choix de mettre Maître CoQ 5 à l’eau sans les foils car il nous reste beaucoup de travail au niveau du réglage des voiles, de cordage, qu’on ne peut pas faire pendant le chantier. C’est un bon redémarrage après trois mois de chantier, et ensuite place aux navigants ! Il va falloir qu’ils nous montrent s’ils sont contents, ils vont tirer sur le bateau pour tester les renforts, voir s’ils sont efficaces. »

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