TÉMOIGNAGE. Fauchée par un chauffard fou, Maëlle a fait le terrible choix d'être amputée à 19 ans

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Maëlle Vidou, amputée du pied gauche après un accident de la route en 2022, rêve de participer un jour aux Jeux paralympiques. Depuis deux ans, l'étudiante de 21 ans se réconcilie avec son nouveau corps. Elle goûte à la fierté de courir ou encore d'effectuer des randonnées.

À 20 h, ce mercredi 28 août 2024, Maëlle Vidou aura les yeux qui brillent en voyant défiler les athlètes des Jeux paralympiques lors de la cérémonie d'ouverture. Comme eux, l'étudiante de 21 ans se bat chaque jour pour prouver qu'un handicap n'empêche pas de vivre, avancer, garder espoir et réaliser des exploits sportifs. Une prise de conscience qui s'est faite en douceur et dans la douleur après un terrible accident le 28 mai 2022.

Ce jour-là, la jeune fille décide d'aller s'acheter un goûter. « J'ai traversé la route sur un passage pour piétons après avoir regardé des deux côtés. Quand je me suis engagée, j'ai entendu un bruit de moteur. Une voiture se trouvait à quelques mètres de moi ! » Totalement paniquée, elle fait « un pas en arrière, un pas en avant » sans savoir comment échapper à l'automobiliste qui roule à 80 km/dans la zone à 30 km/h. Un instant après, la Tarnaise se fait projeter à trois mètres et le conducteur poursuit sa route.

Elle demande à être amputée

Au sol, Maëlle Vidou croit avoir échappé au pire. « Je me suis dit : "ça va, il n'y a rien". J'avais une sensation de chaleur mais pas de douleur. Et, j'ai vu mon pied. Il y avait des bouts de chair sur la route. Je me vidais littéralement de mon sang. » Un mois après l'accident, elle a dû prendre la décision la plus terrible de sa vie : se faire amputer le pied gauche. « Malgré les soins, les médecins n'ont pas réussi à le sauver et m'ont donné le choix entre une reconstruction ou l'amputation. »

Le chauffard de 26 ans, interpellé quatre jours après l'accident, a été condamné en comparution immédiate. « Il a écopé de quatre ans de prison ferme car il était connu pour des rodéos urbains », nous explique Maëlle Vidou. « Le lendemain de mon accident, il s'était même filmé en train de conduire sur le périphérique. Au tribunal, il était sidéré de voir les conséquences de mon accident. Il ne s'en était pas rendu compte ».

« Je ne pouvais pas me laisser abattre ! »

Maëlle Vidou, elle, lutte contre ses peurs après son amputation. « Je me suis demandé à quoi allait ressembler ma vie. Comment j'allais accepter cette nouvelle image, est-ce que mon copain allait aussi l'accepter ? » Et elle est aussi rongée par la culpabilité. « Pourquoi suis-je restée tétanisée en voyant la voiture ? Pourquoi ai-je voulu prendre un goûter ? »

En rééducation, elle reprend goût au sport et a un déclic. « Je ne pouvais pas me laisser abattre ! » Il a fallu apprendre à composer avec les prothèses ou les lames de course. « Il faut trouver son équilibre car on est plus haut que la jambe valide », nous explique-t-elle. Et il y a la question du financement. Des prothèses ainsi que des lames coûtent cher. « Comme mon handicap est à cause d'un tiers, tout est payé par l'assurance du conducteur. Mais sinon, c'est un gros budget », se désole-t-elle.

« C'est le plus beau moment de ma vie »

Depuis deux ans, soutenue par ses proches et son petit ami, Maëlle Vidou a parcouru un chemin incroyable. Elle a notamment parcouru en juin 2023 les quatre dernières étapes du GR20 en Corse avec l'association Oz'moov créée par Jérôme Bernard, rapporte La Dépêche du Midi. « C'est le plus beau moment de ma vie… et je pèse mes mots », nous lance souriante l'étudiante. « Nous avons parcouru près de 55 km. J'ai gagné cinq ans sur l'acceptation de mon handicap grâce à cette expédition. J'ai ressenti du soulagement, un sentiment de liberté et de fierté. J'ai pu rencontrer des jeunes amputés comme moi et me dire que c'était possible d'avoir une vie. » Elle pratique depuis la randonnée et la course à pied.

À quelques heures de la cérémonie des Jeux paralympiques, elle ne peut pas s'empêcher de rêver et se projeter. « J'aimerais ...