REPORTAGE. Ils ont couru « le marathon de la France qu'on aime » aux JO 2024

Dans la nuit de samedi à dimanche, plus de 17 000 coureurs amateurs, de 112 nationalités, ont pu emprunter à Paris le même parcours que les athlètes du marathon des Jeux olympiques. Une expérience incroyable que nous avons vécue à leurs côtés.

Ça fait donc ça ! Ça fait donc ça de participer aux JO à Paris. Un départ après les « trois coups » comme pour chaque épreuve, le compte à rebours, la musique officielle, les jeux de lumière, une foule en délire, une Phryge en folie, une osmose avec les plus grands monuments de la capitale, des rires et des larmes, des souffrances et des performances. Et, à la fin, une médaille - pas complètement olympique mais c'est tout comme.

« Je pourrai dire que j'ai fait les JO », rigole Thierry. Dans la nuit de samedi 10 à dimanche 11 août 2024, 17 361 coureurs et coureuses, âgés de 20 à 85 ans, ont participé au Marathon pour tous : 42,195 km sur le même tracé que les vrais champions, entre Paris et Versailles ! Une version plus courte de 10 km était proposée, à laquelle participait même la directrice générale d'Orange, Christel Heydemann, partenaire de la course. « C'est les Jeux olympiques avec le grand public, a confié Tony Estanguet, le patron de Paris 2024, avant le départ de cette épreuve inédite. On voulait des Jeux grand ouverts, participatifs. »

Hôtel de Ville, Opéra, Place Vendôme, Louvre, tour Eiffel… La première partie de ce marathon « by night » dans des rues réservées ferait pâlir les agences de voyage. Et puis, il y a eu ce compagnonnage pendant quelques centaines de mètres avec la nouvelle star de Paris : la vasque olympique montée dans le ciel. Cette coureuse brésilienne arrête sa foulée pour prendre des photos : « On n'est pas à trente secondes près, vu la difficulté du parcours après le 15e kilomètre, alors je profite. » Et ça crépite !

L'ex-championne de tennis et directrice de Roland Garros, Amélie Mauresmo, l'avait promis avant de s'élancer : « Ce marathon, je le sens festif ! » Et elle avait raison : sur le bas-côté, ça crie, ça encourage en multilangues. « Go, allez, vamos ! » « Tap for a gold medal », indique la pancarte en carton de ce spectateur qui invite chaque coureur à taper dessus pour avoir la médaille d'or. Mais pour cela, il reste encore bien des kilomètres à parcourir. « C'est une dinguerie ; jamais vécu ça de ma vie », dit Nathan en passant devant la Dame de fer qui scintille au 9e kilomètre.

Quand cela se complique…

Au tiers de la course, tout le monde a encore le sourire, c'est après que ça se complique… Au 14e kilomètre, deux gendarmes sur la route participent aux encouragements et lancent un rieur « Allez ! », « c'est la seule fois où on vous demandera d'aller plus vite ! »

Le peloton n'en profitera pas longtemps car se profile la première difficulté du parcours, avec une succession de montées et de faux plats de 5 km.

Au milieu des 112 nationalités présentes qui attaquent la côte, Andrev. Lui vient de Russie et pousse le fauteuil à trois roues où Vlak, polyhandicapé, vit une course hors norme. « Je le fais pour lui, explique Andrev, le souffle court, et pour mettre en avant la nécessité de l'inclusion dans le sport. Regardez, c'est un moment extraordinaire qu'il est en train de vivre. Le sport vous sort de votre handicap. Il nous faut œuvrer à cette liberté. Et à la paix ! »

L'instant présent, c'est une côte aux multiples relances où les encouragements de la foule n'arrêtent pas. Une expérience de fou, à faire penser aux ascensions de Thibault Pinot dans les clameurs du Tour de France. Le parcours est une voie royale qui met déjà certains au pas ou oblige à un arrêt vomissement au sommet pour les plus malchanceux.

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Et ce qui les attend au cœur de la nuit, au 22e kilomètre, est un autre monument, avec effet « waouh » : le château de Versailles en habit de lumière. « Extraordinaire » pour Stéphanie. « Le marathon de la France qu'on aime ». Tout comme la scène de musique avec effet boite de nuit qui relance les forçats de la nuit dans une ambiance de folie.

Les quelques kilomètres suivants, un peu plus calmes, permettent enfin de se relancer. Mais le « mur » du 28e kilomètre est dans toutes les têtes et la foule qui se masse à son pied est le signe annonciateur d'un monument de la route. La côte de la route du Pavé-des-Gardes s'élève. « Ce n'est pas une côte, c'est un pic, un Everest », jette Camille. Un Everest habillé d'un tunnel de néons façon grandes ...

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