POINT DE VUE. « Aux JO, aimer est plus fort que d'être aimé »

Effet inattendu de « Paris 2024 », nous cessons, nous Français, pendant quelque temps de donner libre cours à notre « ronchonnerie légendaire ». L'analyse d'Elsa da Costa, présidente de l'association « Ashoka France. »

Les Jeux Olympiques nous allègent. Nous voilà transportés dans un océan de bonheur sur lequel surfe Kauli Vaast paré d'une médaille d'or tel un collier de fleurs tahitiennes. Nous nous pâmons comme 3 millions de tiktokeurs devant Sertorius le cheval de Pauline Basquin dansant au rythme de Stromae dans un Versailles admirablement modernisé. Nous sommes ivres de bonheur chaque jour un peu plus face à cette pluie de soleils que comptabilise le compteur de médailles françaises.

Le pire, c'est que tout cela, tous ces titres, cette joie, ces liesses : nous n'en rêvions même pas, ou plutôt même plus.

Notre pessimisme légendaire ferait-il figure de vieil ennemi de la famille auquel nous nous serions habitués ? Nous nous accrochons à lui comme à une bouée comme si, nous en départir nous empêchait d'exister. Pire, à en lire les articles de la presse étrangère, largement repris par la presse nationale dans une forme de complaisance satisfaite, ce côté « peine-à-jouir » serait devenu un élément constitutif de la culture française.

Il nous englue dans une ronchonnerie franchouillarde qui se pourrait bien n'être qu'un cri d'amour déguisé. Car, Être pessimiste c'est préférer le pire afin d'amoindrir la douleur de la désillusion.

Sauf que les incidences d'un pessimisme constant et d'un réflexe d'auto-dénigrement provoquent la recherche permanente de coupables de notre mal-être au sein même de notre société. La séquence politique récente en est une illustration parfaite. Pourtant, nous ne cessons de voir, preuve olympique à l'appui, que nous avons bien plus de talents que nous le pensons. Au-delà de nos médaillés, de leur entourage, de nos créatifs, de nos danseurs, de nos artistes, de nos bénévoles, de nos policiers, de notre patrimoine, il y a nous, nous, les Français.

Nous, les Français

Nous, les 8 millions qui avons regardé la finale du basket 3x3, sport quasi inconnu de la plupart d'entre nous jusqu'alors, jusqu'à l'argent même.

Chaque jour, nous sommes inondés de multiples preuves d'amour, que nous en soyons le théâtre ou le destinataire. De Laure Manaudou qui pleure devant la victoire de son frère dont elle connaît tous les efforts produits, en passant par Armand Duplantis qui fond dans les bras de sa compagne après avoir battu son propre record du monde, en passant par le roi Djokovic courant pour se consoler dans les bras de sa fille, à Boladé Apithy portant en triomphe Manon, sa femme devenue championne olympique de sabre, sans parler d'Alice Finot qui à la suite de sa 4e place consécutive d'une « remontada » en 3 000 m steeple demande son compagnon en mariage. La plus belle, est sans doute, celle résumée par le basketteur Victor Wembayama : « Le public nous porte. Sur le terrain nous ne sommes plus cinq mais jouons à six. »

Alors, retenons chaque sourire, chaque frisson sur nos peaux, chaque larme d'émotion versée devant ces exploits, ces gouttes de sueur et ces cœurs donnés pour le dépassement de soi et pour le plaisir de vivre. Car nous en sommes collectivement responsables. Vivons l'instant présent, ici et maintenant, captons, à l'instar des athlètes, toute cette énergie dont nous aurons besoin à ...

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