Maine-et-Loire - JO 2024 - Tennis. Responsable mais pas coupable : Ljubicic, un pavé dans une mare d'individualisme

Le tennis français va mal. Le refrain est connu : on l'entend chaque printemps depuis des années après l'élimination, toujours trop précoce, du dernier français à Roland-Garros. Cette fois, c'est au JO que rien n'a fonctionné. Et le responsable du haut niveau à la Fédération française de tennis préfère jeter l'éponge pour ne pas être associé à ces résultats qu'il dit « catastrophiques ». Ancien coach de Roger Federer, Ivan Ljubicic ne mâche pas ses mots.

Je prends mes responsabilités, mais je ne suis pas responsable. Vous n'y comprenez rien ? C'est normal. Bienvenue à Roland-Garros où certains joueurs (et joueuses) français vont finir par trouver du pétrole sous la terre battue s'ils continuent de creuser.

Hier, Coco n'a pu éviter le fiasco. Qualifié pour le troisième tour après le forfait de Jan-Lennard Struff au précédent, Moutet - 69e à l'ATP - s'est battu avec ses armes face à Tommy Paul. Il a tout donné, tout tenté, beaucoup varié. Et lui, au moins, semblait sincèrement triste de quitter le court Suzanne-Lenglen, tombé les armes à la main comme face à Sinner au printemps, à Roland. Corentin a fait du Moutet pur beurre, à sans cesse haranguer la foule pour y trouver ce truc en plus. Ce petit quelque chose qui aurait pu lui permettre de rivaliser face à l'Américain, 13e mondial. « Mais le public ça ne suffit pas, parce qu'on n'a pas le niveau », a tranché Ivan Ljubicic, froid comme une lame à l'heure du bilan.

« Je ne peux pas assumer »

L'ancien entraîneur de Roger Federer est le responsable du haut niveau à la Fédération française de tennis (FFT) depuis décembre 2022. Et après l'élimination du dernier Bleu encore en lice - il n'y en aura aucun en quarts, une première depuis 1996 - il est venu devant la presse pour tenter tout à la fois d'assumer et de se dédouaner. Un numéro d'équilibriste pas simple à tenir, mais pas complètement illégitime non plus. « Les résultats sont catastrophiques, a dit l'ancien n°3 mondial. Il faut prendre ses responsabilités. J'ai déjà parlé avec le président. Je suis responsable de l'équipe de France et j'ai dit que j'offrais ma démission de cette position-là. » Ljubicic ne veut pas quitter la FFT, juste ne plus être le garant des résultats des Bleus dont il dit qu'ils sont logiques. Pas assez de talent, ni d'investissement. Les doubles en sont le symbole le plus criant lors de ces Jeux.

« C'est un sport individuel et on ne peut forcer personne »

Sur quatre paires, aucune n'a fait ne serait-ce qu'un seul tournoi ensemble pour préparer l'événement. Les blessures de Mahut en cours de saison et de Reboul juste avant les Jeux n'ont pas aidé, c'est certain. Mais personne n'a vraiment voulu s'entraîner au double non plus dans la dernière ligne droite. « C'était la volonté des joueurs, insiste le Croate. Quand Kristina (Mladenovic) a décidé de ne pas jouer, on a demandé à Caroline (Garcia) de jouer Wimbledon avec Diane (Parry). Elle a voulu rester avec Kristina. On lui a dit de faire du double après, elle a dit « non je me prépare ». C'est toujours comme ça ! C'est un sport individuel et on ne peut forcer personne. Mais c'est pour ça que je dis qu'aujourd'hui, je ne peux pas assumer la responsabilité de l'équipe de France si je ne peux pas agir et changer quelque chose. Quand on parle de la Fédération la plus importante du monde, comme l'est la France, on ne peut pas accepter un résultat comme ça. »

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Celui de Moutet n'a rien d'une injure. A défaut d'avoir la solution face à Tommy Paul, le Parisien a trouvé les mots après le match : « Je suis déçu mais j'ai tout donné. Avec ce public incroyable, il y a une atmosphère, un truc qui se crée, on est tous unis pour un objectif commun. Ce sont les Jeux olympiques. On joue pour notre ...