Les JO de Paris sont-ils vraiment une « poule aux jeux d'or » pour l'économie française ?

L'impact économique des Jeux olympiques de Paris 2024 fait l'objet de nombreux présages. Doit-on s'attendre, comme après la Coupe du monde 1998, à un état de grâce ? Faut-il au contraire craindre un gouffre financier ? Selon Luc Arrondel, économiste spécialiste du sport, ces répercussions économiques présumées sont à nuancer.

Déjà neuf jours se sont écoulés au rythme des Jeux olympiques de Paris 2024, où tout semble finalement marcher comme sur des roulettes. Avec quarante-cinq médailles décrochées à ce jour, les Bleus enregistrent une performance historique. Pour plusieurs observateurs, cela va de soi : le succès des JO de Paris 2024 est à assimiler à la victoire de l'an de grâce 1998.

Un « effet coupe du monde » ?

La Coupe du monde de la fin du siècle dernier, organisée en France et remportée par les Bleus, a laissé le goût d'un pays en fête. Au-delà même du secteur sportif, l'année 1998 s'envisage comme un grand moment de prospérité, qui porte à rêver aux bénéfices de Paris 2024. Beaucoup espèrent même un « effet coupe du monde » pour l'économie française.

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De quoi se demander si les évènements sportifs internationaux sont vraiment des poules aux œufs d'or pour leurs hôtes. Luc Arrondel, économiste au CNRS spécialisé dans le sport, pose quelques nuances…

« Plusieurs experts essaient d'évaluer d'avance l'impact économique des Jeux olympiques de Paris », raconte Luc Arrondel, qui rapporte une fourchette courant de 4 à 11 milliards d'euros. « Cette incidence, à l'échelle de l'économie française, n'est pas colossale », estime le spécialiste.

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Malgré les attentes régulièrement prononcées de la classe politique, l'économie n'est pas, selon Luc Arrondel, la première motivation d'un pays à recevoir les Jeux olympiques. « Il ne suffit pas d'organiser les Jeux pour relancer une économie ». Son exemple est assez parlant : « Regardez la Grèce : elle les a reçus en 2004, et a connu en 2008 une crise économique dont elle a toujours du mal à se remettre aujourd'hui. »

Dans le sens inverse, il n'y a pas non plus de quoi craindre un déficit. Luc Arrondel explique que les Jeux olympiques de Paris sont « les moins coûteux, par rapport à ces dernières années. Le dépassement du budget initial est finalement assez faible ».

L'investissement le plus important ? « La sécurité, dont les coûts sont évalués à environ 2 milliards d'euros. Mais à côté de que les Jeux vont rapporter à l'État français, soit au moins 4 milliards, on va s'en remettre. »

Des bénéfices indirects

Pour autant, les paramètres économiques qu'impliquent les Jeux ne sont pas à négliger. Mais leurs répercussions reposent, plus subtilement, sur « un ensemble d'effets multiplicateurs indirects et difficiles à mesurer ».

Parmi ces facteurs annexes, Luc Arrondel évoque la force diplomatique de l'évènement. « Pendant un mois, la France est sur toutes les télés du monde, ce qui a évidemment un impact sur la notoriété et la visibilité du pays. Les Jeux olympiques sont une vitrine qui peut contribuer à attirer des investisseurs ». Les évènements sportifs internationaux facilitent ainsi, d'après le spécialiste, « un certain nombre d'échanges économiques ».

Contre toute attente, le tourisme n'est pas en tête de ces secteurs de répercussions indirectes. L'économiste explique : « La France est déjà une des destinations touristiques les plus fortes au monde, et les Jeux n'ont pas d'impact considérable là-dessus. »

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« Bonheur intérieur brut »

« C'est plutôt en d'autres termes que s'évalue l'impact des évènements sportifs internationaux », d'après Luc Arrondel, qui s'amuse d'effets annexes des succès sportifs. « Après 1998, un tas de petits garçons se sont appelés Zinedine ou Lilian, par exemple. Dans les prochaines années, la mode sera peut-être aux Léon et aux Félix. »

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Surtout, Luc Arrondel met l'accent sur le « bonheur intérieur brut » résultant des Jeux. Sa collègue Claudia Senik a travaillé sur l'impact, en termes de bien-être, de l'organisation des Jeux olympiques de Londres, en 2012. « Elle montre que cette année-là, le bien-être de la population londonienne a été plus important que celui des autres métropoles euro...