Les Jeux olympiques et paralympiques ont-ils vraiment fait avancer l'accessibilité à Paris ?

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À l'occasion des Jeux paralympiques, Valérie Pécresse, la présidente de la Région Île-de-France et d'Île-de-France Mobilités, qui organise les transports, a annoncé vouloir faire du « métro pour tous », le grand projet de la prochaine décennie. La prenant au mot, l'association APF France Handicap a impulsé la signature, ce jeudi 5 septembre 2024, d'un pacte pour mettre les acteurs en ordre de bataille. La Ville de Paris est également signataire. Mais le chantier reste colossal.

Les para athlètes ont brillé. Le public s'est enthousiasmé pour des sports qu'il ne connaissait pas forcément. Mais qu'en restera-t-il au quotidien pour les personnes en situation de handicap ? La promesse notamment d'une ville de « Paris inclusive », « accessible » a-t-elle été tenue, alors que des acteurs comme APF France handicap espéraient que ces Jeux olympiques et paralympiques fassent l'effet d'un électrochoc ?

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Pour Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité d'APF, « on ne peut pas dire que ça ait créé un électrochoc avant les Jeux ». Sur le plan de l'accessibilité des transports, le tableau n'est toutefois pas totalement noir. À Paris, les lignes de tramways et de bus sont accessibles. Et en Île-de-France, 540 lignes de bus le sont. Mais les moyens ont été mis sur celles desservant des sites d'épreuves olympiques et paralympiques. « Pour les cheminements de voirie, c'est pareil, pointe Nicolas Mérille. Des travaux ont été faits entre les points d'arrêts de transport jusqu'aux sites olympiques et paralympiques. Mais uniquement pour ceux-là ».

Nicolas Mérille reconnaît l' « effort notable d'Île-de-France Mobilités » (IDFM, qui organise les transports de la région parisienne) sur le RER. Le parti pris a été de prioriser les gares qui drainent l'essentiel du trafic. À Paris et en Île-de-France, d'ici la fin d'année, 290 devraient être accessibles, c'est cinq fois plus qu'il y a huit ans. Cela doit permettre de couvrir 96 % du trafic de RER et de Transiliens, même si tout n'est pas encore achevé. « On peut penser que s'il n'y avait pas eu les Jeux olympiques et paralympiques, il y aurait eu beaucoup plus de retard ».

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Un point noir : le métro

Pour les Jeux, en cas de panne d'ascenseurs dans les stations, des contrats d'intervention ultrarapide ont été aussi signés avec les professionnels. « Il faut espérer que le niveau de satisfaction qu'on a pu obtenir pendant cette séquence sera pérennisé et que ce ne soit pas qu'une parenthèse enchantée », soulève Nicolas Mérille. D'importants efforts ont aussi été réalisés pour mieux accueillir les handicaps sensoriels et cognitifs. Mais malgré tout, un gros point noir demeure : le métro. Et il a valeur aussi de symbole.

La ligne 14, inaugurée en 1998, a été dès le départ pensée pour être accessible à tous. Tout comme les nouvelles stations des prolongements des lignes 4, 11 et 12. Malgré tout, une partie du matériel roulant, parfois encore trop haute, empêche de monter dans les rames. Les futures lignes 15, 16, 17 et 18 seront 100 % accessibles dès leur inauguration.

Mais le métro historique, avec ses 13 lignes, reste globalement inadapté à l'accès aux personnes à mobilité réduire. Même sans fauteuil, une poussette ou des valises suffisent à s'en rendre compte. Les trajets se transforment vite en parcours du combattant. Au total, seules 9 % des stations du métro parisien sont utilisables par les personnes en fauteuil roulant.

Le 26 août, Valérie Pécresse, présidente de la Région et d'IDFM a annoncé vouloir faire du « métro pour tous », le « grand projet de la décennie ». L'APF a « saisi la balle au bond » et proposé dans la foulée une réunion et un pacte à signer avec toutes les parties prenantes. Pour l'association, tout l'enjeu est que cela aille au-delà des mots et de la communication politique alors que les regards sont tournés vers Paris grâce aux Jeux paralympiques. « On ne voulait pas que ce ne soit qu'un effet d'annonce », pointe Nicolas Mérille.

L'appel a été entendu. Une réunion était organisée ce jeudi 5 septembre. Seul le ministère des Transports manquait à l'appel, contexte politique oblige. Financeurs et associations se sont engagés à porter une ambition commune et à travailler en concertation, notamment pour prioriser les chantiers.

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