La liesse des JO, parenthèse éphémère ou phénomène durable ?

La ferveur sportive a embrasé la France pendant les Jeux olympiques. Un élan national comparable à celui de la Coupe du Monde 98, pas forcément destiné à durer dans le temps.

En éteignant la vasque olympique dimanche, Léon Marchand a mis fin aux Jeux de Paris. Et avec eux aux images de liesse qui ont occupé notre quotidien. Les Français ont répondu présent pour pousser leurs athlètes. Au point que les mots  d'union nationale  ont commencé à fleurir dans le débat public.  Il y a un frémissement incontestable de patriotisme sportif , note Jean Garrigues, spécialiste en histoire politique. Pas gagné d'avance pourtant, vu le climat qui régnait en France depuis les élections européennes et législatives.  Beaucoup n'y croyaient pas , reconnaît-il.

Des airs de 1998

Ces doutes initiaux ont rendu l'historien d'autant plus heureux face à ces moments de joie, qui lui ont rappelé la Coupe du Monde de football 98 et la naissance de l'imaginaire d'une France « black-blanc-beur ».  Avec ces JO, on retrouve une France métissée, aussi bien sur le plan ethnique que social , souligne-t-il. Pour preuve, le succès de la plus grande fan zone du pays. Située à La Courneuve, dans le département de Seine-Saint-Denis, le plus pauvre de France, elle a accueilli chaque jour plusieurs milliers de spectateurs.

Lire aussi : Avec les Jeux olympiques, on ne parle presque plus de politique : et si c'était bon pour le moral ?

Jean Garrigues fait ainsi le constat d'un « enthousiasme populaire ».Pourtant, Gilles Vieille-Marchiset, sociologue du sport et enseignant à l'université de Strasbourg, est bien plus mesuré.  ça dépend quel sens de « populaire » on retient , glisse-t-il.  Oui, ces Jeux ont mobilisé un très grand nombre de personnes. Y compris les classes populaires ? J'ai plus de doutes , expose le chercheur, qui a lui-même contribué à mettre en valeur l'événement dans les quartiers pauvres.

Les Jeux n'ont pas fait oublier  l'essence à payer et les frigos à remplir , poursuit-il. Sans oublier un facteur culturel :  Les Jeux olympiques, c'est la mise en valeur des disciplines oubliées, et ça n'intéresse pas tout le monde ». C'est pourquoi le sociologue va jusqu'à parler  d'illusion » de ferveur populaire.

Un moment éphémère

Les deux chercheurs sont en tout cas unanimes : même si les Jeux paralympiques parviennent à raviver la flamme, entre le 28 août et le 8 septembre, au-delà, l'euphorie des Jeux n'est pas faite pour durer.  Le retour sur terre sera difficile , assure Gilles Vieille-Marchiset.  Ces moments ont toujours été éphémères , abonde Jean Garrigues, se basant sur l'épisode de la Coupe du Monde 98.  L'image de la France « black-blanc-beur » s'est essoufflée, et le Front national de Jean-Marie Le Pen est monté en puissance lors des années qui ont suivi , rappelle-t-il.

Lire aussi : La trêve olympique s'achève, Emmanuel Macron sous pression pour choisir un Premier ministre

Mais ce n'est pas une fatalité, assure l'historien.  Ces Jeux ont montré une attente d'unité. Les hommes politiques ne peuvent pas ne pas en tenir compte.  Réponse dans les semaines à venir, entre la recherche d'un Premier ministre et la préparation du budget.

×