La France cumule bien plus de médailles en judo que ses voisins européens, et ce n'est pas un hasard

Le judo français a déjà récolté neuf médailles depuis le début des Jeux olympiques de Paris. La preuve que les Tricolores sont encore une fois nettement au-dessus tous leurs voisins européens. Mais comment l'expliquer, justement ?

Le judo vient d'une île, le Japon. Et aujourd'hui, en Europe, la France est presque un îlot de réussite. Ses voisins ont certes des résultats, mais pas du tout de l'ampleur des Tricolores depuis deux décennies.

Ainsi, depuis qu'il est entré au programme des JO, en 1964, ce sport a ramené la bagatelle de 57 médailles à l'Hexagone. Et si l'on commence le décompte en 1980, été de la première médaille d'or, seules trois JO (1984, 2004 et 2008) n'ont pas vu de Français champions olympiques. Tous, surtout, ont ramené au moins un métal à la France. Exceptionnel.

En tête, évidemment, le judo reste encore la référence, « mais nous sommes devenus les deuxièmes au monde, et nettement », résume Jean-Luc Rougé, le premier Bleu champion du monde en 1975 et président de la Fédération française de 2005 à 2020. À part les Jeux d'Athènes (une seule médaille), la France n'est jamais passée au travers. L'Angleterre, l'Espagne ou l'Italie, pour ne citer qu'elles, ont eu des périodes fastes, mais elles n'ont jamais eu autant de régularité dans la gagne.

L'histoire du judo en France, le premier facteur clé

Cette mélodie du bonheur s'explique, d'abord, par l'histoire du judo en France et son développement. Stéphane Traineau, champion du monde 1991 à Barcelone, double médaillé de bronze olympique à Atlanta en 1996 et à Sydney en 2000, en est persuadé : « Nos succès viennent de loin. Les premiers Japonais sont arrivés en France à l'initiative de Maître Kawaishi dans les années trente, qui fut le premier à lancer véritablement le judo chez nous. » Le sport s'implante d'abord dans les milieux scientifiques, intellectuels. « Cette discipline se base sur des principes physiques, il faut se servir de la force de l'autre pour le dominer, et ça a passionné les chercheurs », confie Jean-Luc Rougé.

Maître Kawaishi est à l'impulsion. Il crée les ceintures de couleurs correspondant aux grades. La Seconde guerre mondiale n'éteint pas son expansion. Au contraire, les premiers championnats de France sont organisés en 1943, et la Fédération française de judo voit le jour en 1946. « Après la guerre, Kawaishi a fait des disciples », commente Stéphane Traineau. Surtout, « Kawaishi a fait quelque chose d'incroyable : il a proclamé qu'une ceinture noire n'était valable que si son détenteur ouvrait ensuite un club, lâche Jean-Luc Rougé. Une formule magique car les clubs se sont alors multipliés ». L'époque de la reconstruction, celle des Trente Glorieuses, est propice à la construction de dojos un peu partout en France. « C'était assez parisien au départ, mais dans les années 60-70, énormément de communes se sont mises à avoir un dojo en plus du terrain de foot », relève encore Stéphane Traineau.

×