JO 2024 - Lutte. « Avant une compétition, je deviens sauvage » : Koumba Larroque, fin prête à lutter

Trois ans après avoir chuté d'entrée à Tokyo, Koumba Larroque se frotte à nouveau aux Jeux, à Paris. Revenue de sa grave blessure au genou, la lutteuse de Bagnolet raconte le parcours qui l'a façonnée et la façon dont elle a surmonté ses doutes. Elle entre en lice, ce lundi 5 août, avec l'espoir de décrocher l'or.

Multiple médaillée aux championnats d'Europe et du monde, Koumba Larroque a été la première lutteuse tricolore à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris. La Francilienne, licenciée à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), dont la carrière a été marquée par une grave blessure au genou en 2018, va disputer les JO pour la deuxième fois de sa carrière après une première expérience mitigée à Tokyo. Une échéance dans sa région natale, forcément particulière. Mais la protégée de Nodar Bokhashvili veut se servir de cet épisode nippon pour aborder les Jeux à Paris de la meilleure façon possible.

À quelques jours de l'événement, la lutteuse de 25 ans s'est longuement confiée sur son rapport à sa discipline, la façon dont elle a surmonté les pépins physiques au cours de sa carrière et les attentes qu'elle génère.

Koumba, votre coach (Nodar Bokhashvili) estime que si vous êtes à 100 % physiquement et que vous avez confiance en vous le jour J, vous serez championne olympique. Qu'en pensez-vous ?

Ce n'est pas aussi simple (rires). Je connais mon potentiel mais tout le monde est capable de briller. Les Jeux, c'est un format particulier qui fait qu'on n'a pas le droit à l'erreur. Chaque lutteuse veut être championne olympique. Mais c'est sympa de sa part, ça veut dire qu'il a confiance en moi.

« Que les gens soient exigeants avec moi, ça ne me pose pas de problème »

Comment gérez vous les attentes que vous suscitez ?

En réalité, plutôt bien. Dès l'adolescence, j'ai eu tendance à avoir beaucoup d'exigence envers moi-même. Donc que les gens soient exigeants avec moi, ça ne me pose pas de problème. C'est même encourageant, ça veut dire que j'ai les capacités pour faire de belles choses.

Comment une jeune Francilienne issue d'une famille de cinq enfants devient la principale chance de médaille française en lutte ?

Justement en suivant mes deux grands frères (elle a également un petit frère et une petite sœur). J'ai fait mes premiers pas sur un tapis à l'âge de 8 ans. Il n'y avait pas de filles dans le club où j'ai grandi mais ça n'a jamais été un problème car j'étais avec mes grands frères, j'étais heureuse.

Vous n'avez jamais souffert de l'image très masculine de la lutte ?

À cet âge-là, on ne se rend pas compte de l'absence de mixité. Puis à 12 ans, je suis parti à Font-Romeu (au pôle Espoirs). J'ai baigné dans un univers très sportif qui ne m'a jamais renvoyé l'image d'une fille dans un sport surtout pratiqué par les garçons.

Ce déracinement, assez jeune, vous l'avez bien vécu ?

C'est vite devenu une évidence. J'ai débuté la lutte à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) mais l'année suivante, on a déménagé à Milly-la-Forêt (Essonne), plus au sud. C'était compliqué pour le président de mon club de venir me chercher comme c'était le cas avant. Et ma mère me sentait assez mature pour partir.

Combattre pendant de longues années avec les garçons, qu'est-ce que cela vous a apporté ?

C'est une manière différente de travailler. Aujourd'hui encore, je m'entraîne beaucoup avec des garçons car ça permet d'être sous pression. Ils ne me lâchent pas pendant six minutes. Face à des filles, la lutte est plus fermée.

Dans quel état d'esprit êtes-vous avant une compétition ?

Je suis très renfermée. Avant une compétition, je deviens sauvage, à rester dans mon coin. J'écoute de la musique, des podcasts, je prie. Ce qui change de mon attitude au quotidien car j'ai toujours le sourire. Même quand je fais un effort, que ce soit en combat ou à la musculation, j'ai un rictus de sourire, sans en faire exprès. Mais tant mieux si la fille en face pense que je ne souffre pas (rires).

« Je ne m'endors pas avant 4 h du matin »

Comment gérez-vous vos troubles du sommeil ? Est-ce que cela peut vous perturber en compétition ?

Aux Jeux, ce ne sera pas un problème car la compétition démarrera vers 15 h. Donc entre la pesée et le début des matches, je dormirai pendant que les autres seront stressées. C'est plus gênant pour les autres compétitions car je ne m'endors pas avant 4 h du matin. Et si la compétition démarre dans la foulée de la pesée, souvent programmée à 7 h 30, je n'ai que 2 ou 3 heures de sommeil en arrivant sur le tapis. Mais ce n'est plus un point qui m'inquiète car ...

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