JO 2024 - Gymnastique. Marc Chirilcenco, coach de Kaylia Nemour : « Elle en a encore sous le pied »

La Franco-Algérienne Kaylia Nemour a décroché à 17 ans la première médaille d'or de la gymnastique artistique algérienne. En s'imposant aux barres asymétriques, dimanche 4 août, aux Jeux olympiques de Paris 2024, la gymnaste d'Avoine-Beaumont a assumé haut et fort son statut de favorite.

Après la médaille d'or obtenue par Kaylia Nemour, sa gymnaste à Avoine-Beaumont, Marc Chirilcenco s'est exprimé en zone mixte. Un entraîneur heureux et fier.

On vous sent très ému ?

Vous savez, c'est Youna Dufournet (une ancienne gymnaste du club d'Avoine-Beaumont) qui a ouvert la cérémonie avec les trois coups. Elle a été médaillée mondiale, donc cela fait déjà quelques années qu'on touche du doigt ce niveau. Qu'on se rapproche. Mais ça ne se passe pas comme prévu que ça soit avec Youna aux Jeux olympiques à Londres (2012) ou avec d'autres athlètes. Et l'histoire est incroyable en fait. On a continué à entraîner, Kaylia Nemour est arrivée. Elle a progressé, elle a été avec l'équipe de France, puis elle s'est débrouillée et nous, on l'a suivie jusqu'au bout. On voit aujourd'hui le résultat d'un travail d'équipe.

Que lui avez-vous dit lorsqu'elle tombe à l'échauffement ?

Ça lui arrive assez rarement. Je lui ai dit : "Je préfère que tu tombes maintenant que tout à l'heure". Puis, je lui ai aussi dit qu'il fallait faire un beau mouvement. La note de la Chinoise (Qiyuan) était tellement haute qu'il n'y avait pas le choix. Je savais qu'elle pouvait faire 15.700. On avait déjà fait des tests à 15.700 ou 15.800. C'est une note qu'elle pouvait toucher du doigt mais c'est rare qu'elle fasse ce mouvement. Elle est allée chercher sa médaille avec la manière. Elle en a encore sous le pied. On a vu au concours général qu'elle était encore fébrile à la poutre, sinon ça aurait pu être une belle surprise. Avec ma femme Gina, nous sommes très fiers. Elle a d'ailleurs failli s'évanouir en tribunes (rires). Kaylia est championne olympique à Paris, chez moi, j'ai fait mes études pas loin d'ici.

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C'est un sentiment de revanche ?

On a eu un soutien indescriptible. Quand, au début de ce projet, la maman de Kaylia dit qu'on va changer de nationalité, pour moi c'est quelque chose. Je suis né en France, j'ai été entraîneur à la Fédération. Ça me fait quelque chose. Mais on a trouvé du soutien en Algérie, un peuple chaleureux et reconnaissant de ce que Kaylia avait fait. Je remercie ce que ce pays a fait pour qu'on puisse en arriver là aujourd'hui avec Kaylia.

Vous étiez serein ou pas quand vous avez vu la note de la concurrente chinoise ?

Je ne suis pas connu pour être quelqu'un de stressé. Quand j'ai vu le 15.500, je me suis dit, elle le fait ou elle ne le fait pas. Mais elle avait fait 15.600 en qualif, 15.533 au concours général. Il n'y avait pas de raison qu'elle ne refasse pas un bon mouvement. Je l'ai surtout calmée car elle a tendance parfois à aller vite. Tous les éléments sont en liaisons. C'est complexe. Mais elle a bien géré et montré une maîtrise incroyable.

Sa finale est à l'image des dernières années vécues dans sa capacité à passer les obstacles.

Depuis deux ans, son fond d'écran de son téléphone c'est une médaille d'or olympique. Depuis deux ans, elle a ça sous les yeux. Tout le monde voulait qu'elle y arrive, y compris les Français et les suiveurs de la gymnastique. Peu importe le maillot qu'elle portait. Elle a été forte, elle l'a fait au bon moment.

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Elle disait qu'Émilie Le Pennec l'avait inspirée. 20 ans après, même si ce n'est pas le même drapeau, c'est beau ?

On a tous été inspirés. L'entraîneur d'Émilie m'a mis un mot hier. On met du temps à con...

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