JO 2024. Gaëtan Briard : « Un évènement comme celui-là ne devrait jamais se terminer »

Responsable du service des sports de Caen, Gaëtan Briard a fait partie des douze journalistes de Ouest-France appelés à couvrir les Jeux olympiques, à Paris, Lille et Marseille. Comment a-t-il vécu cet évènement hors normes ? À quoi ressemblait une journée type ? Arroseur arrosé, le Calvadosien raconte son aventure olympique, celles et ceux qui l'ont marqué et son retour à la maison, à une vie normale loin de « cette bulle de bonheur » dans laquelle il a vécu, ces 20 derniers jours.

Il n'exerce pas le même métier que Léon Marchand, Pauline Ferrand-Prévot ou Teddy Riner. Mais il a la même passion, chevillé au corps, pour le sport. Au sens large. Une passion qui, doublée d'un talent d'écriture et d'une immense soif de découvertes, a permis à Gaëtan Briard, responsable du service des sports de Caen, de couvrir les Jeux olympiques de Paris pour Ouest-France.

Durant 20 jours, le Calvadosien d'origine, ancien footballeur amateur, a vécu intensément son aventure olympique. Avec le devoir et la volonté de retranscrire ce qu'il voyait, vivait et percevait, et de mettre en avant les performances et les émotions de ces sportives et sportifs venus du monde entier.

Gaëtan Briard n'exerce pas le même métier que Léon Marchand, Pauline Ferrand-Prévot ou Teddy Riner. Ne consent pas les mêmes sacrifices. N'a pas ramené de médailles à ses enfants. Mais ses Jeux à lui ont duré 21 jours et les souvenirs qu'il en conserve, c'est certain, ne s'effaceront jamais. Interview originale d'un habituel intervieweur, qui n'aime pas trop qu'on parle de lui. Mais qui a tant de choses à raconter.

Gaëtan, en éteignant l'ordinateur dimanche soir au Stade de France, puis vos yeux à l'hôtel, qu'avez-vous vu ou revu ?

Beaucoup de moments, beaucoup d'images et… la peur du vide. Dimanche après-midi, j'ai eu mes enfants au téléphone et ma fille m'a dit : « Mais papa, tu rentres déjà demain ? Ce n'est pas possible, les Jeux ne peuvent pas s'arrêter si vite. J'ai envie de revoir les frères du tennis de table (Félix et Alexis Lebrun), besoin de revoir le Léon (Marchand) qui a gagné 8 ou 9 médailles, moi ». Bon, sur le nombre de médailles, elle a un peu exagéré. Mais c'est là que tu te rends compte que les JO touchent tout le monde, quelles que soient les générations, quels que soient les pays.

Cette insouciance qu'ont les enfants, je l'ai retrouvée dans les yeux des sportifs, des journalistes, des bénévoles, des forces de l'ordre qui étaient à Paris. Les Jeux olympiques transgressent les codes de certains métiers. J'ai aperçu des journalistes ayant des attitudes qu'on ne voit jamais ailleurs. Des collègues debout en tribune de presse, ou brandissant des drapeaux pour les Asiatiques. Simplement parce qu'ils ont été emportés par la passion, par la ferveur. Ce côté universel est incroyable. Et cette peur du vide, les 11 autres envoyés spéciaux de Ouest-France l'ont ressenti dimanche.

Ça crée des sentiments bizarres, paradoxaux. Évidemment qu'on ressent un manque énorme, qu'on a envie de retrouver nos femmes et nos enfants, mais on sort d'un tel tourbillon de bonheur et d'émotions fortes… Comme ma fille, j'en viens à me demander pourquoi ça devrait se terminer. Un évènement comme celui-là, tellement beau et fort, ne devrait jamais se terminer (rires).

« Un univers à part, rempli d'adrénaline, une espèce de petit nuage »

En ouvrant la porte de votre maison ce lundi midi, qu'avez-vous lu dans les yeux de vos enfants ?

La phrase de ma fille aurait pu me vexer hier. J'aurais pu me dire qu'elle n'était pas si impatiente que ça de me revoir (rires). Mais non, sur le quai de la gare, les retrouvailles étaient fortes. Après les embrassades, on a très vite rebasculé sur les Jeux, sur les épreuves que j'ai pu voir, sur ce que j'ai pu vivre. Moi, j'avais besoin de revenir à la vie normale, mais pour eux, c'était l'inverse. Je n'ai pas vécu dans un monde normal durant 21 jours. C'était un univers à part, rempli d'adrénaline qui nous portait, une espèce de petit nuage.

Très vite, j'ai vu dans les yeux de mes enfants que les Jeux avaient changé et embelli leur quotidien. Je l'avais compris au fil de la quinzaine en apprenant qu'ils refusaient d'aller se coucher avant d'avoir vu la course de Léon Marchand ou de sortir avant les combats de Teddy Riner. On peut vivre et raconter des choses de l'intérieur, j'ai rapidement pris conscience que les gens qui ont vécu les Jeux à distance ont également pris ce tourbillon en pleine tête.

C'est probablement impossible mais si vous n'aviez qu'un souve...

×