Jeux paralympiques - Natation. Qu'est-ce que le tapping pour les nageurs non voyants ?

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Spécificité de la natation paralympique, depuis le début des Jeux de Paris, les nageurs malvoyants se font taper sur la tête à l'approche du mur de la piscine de Paris La Défense Arena. C'est ce qui s'appelle le « tapping ». Cette technique demande maîtrise, coordination et répétition. Décryptage.

À l'approche du virage, l'entraîneur se rapproche du bord. Au moment où son nageur s'apprête à toucher le mur, le technicien, placé hors de l'eau, lui assène un léger coup de bâton sur le dos ou sur la tête. Cette scène, elle s'est déjà produite des centaines de fois, lors des épreuves de natation, dans le bassin de la Paris La Défense Arena, lors de ces Jeux paralympiques. Cela s'appelle le « tapping ».

« L'idée, c'est de donner un signal à l'athlète, en le touchant quand le mur approche. À partir du moment où il est touché, il va enclencher les actions à mener pour pouvoir repartir dans l'autre sens ou toucher le mur pour la fin de la course », explique Julien Moulin, entraîneur national de l'équipe de France.

L'homme s'y connaît un peu en la matière, puisque depuis quelques années, il travaille avec Léane Morceau, seule nageuse tricolore à avoir besoin de cette technique pour se repérer dans l'eau. Si l'idée est la même pour tout le monde, la réalisation varie d'un nageur à l'autre, voire d'une nage à l'autre. « Quand elle est sur le dos, par exemple, elle doit d'abord terminer son mouvement, se retourner, puis enclencher le virage. À chaque nage, nous avons des timings différents pour qu'elle sache ce qu'elle a à faire. »

Une canne à pêche rétractable

Une touche donnée trop tard, c'est soit du temps de perdu, soit le risque que la nageuse prenne le mur. Pour connaître la distance à laquelle prévenir l'athlète, les entraîneurs utilisent ce qui s'apparente à des cannes à pêches. « Nous utilisons vraiment une canne à pêche qui a été modifiée. On a enlevé les parties les plus souples et on a mis des embouts au bout. Et comme c'est pliable, en fonction des courses, je sais de combien de bras de segments j'ai besoin pour la toucher. »

Cela pourrait presque paraître simple, mais dans les faits ça demande beaucoup de coordination entre l'athlète et son entraîneur. Encore une fois pour des questions de timing. Mais comment le travailler quand les allures à l'entraînement ne sont pas les mêmes qu'en compétition ? « On décide ensemble de ce qui est le mieux et en fonction des essais qu'on aura faits en amont. À chaque session d'entraînement, on essaye de répéter ces mouvements. Pour qu'ils soient bien automatisés chez elle, qu'elle prenne tous les repères en fonction de sa vitesse. Donc quand on travaille les virages, elle doit se rapprocher au maximum de ses allures de course, pour avoir les meilleurs repères possibles. Et l'autre particularité, surtout chez Léane, qui est très sensible à la lumière, c'est de se repérer dans le bassin de compétition. »

Des signes différents au virage qu'à l'arrivée

Une partie de la course de la Française dépend donc aussi de ses entraîneurs. Eux, plus habitués au rôle de l'ombre d'ordinaire se retrouvent cette fois sous les projecteurs. Une attention à maîtriser. Encore plus durant ces Jeux où la ferveur est inégalée. « La première fois qu'on fait des assistances et qu'on se retrouve au bord du bassin avec le nageur, ça fait un petit peu bizarre. Effectivement, il y a une pression qu'on n'avait peut-être pas imaginé ressentir. Après, pendant ces Jeux, on est très concentré sur ce que l'on fait. Mais on entend et on ressent davantage le bruit que lorsque l'on est derrière. »

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Et si la nageuse, elle, est plongée en plein effort, l'entraîneur et son bâton sont seuls le temps de la traversée. Ils n'ont pas le droit de faire de signaux ou communiquer avec l'homologue situé de l'autre cô...

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