Jeux paralympiques - Natation. « Être à Paris est déjà une grosse victoire » pour Élodie Lorandi

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Huit ans après ses derniers Jeux paralympiques, Élodie Lorandi fait son retour, dans les bassins de Paris 2024, ce dimanche 1er septembre, pour le 100 m nage libre S10. Entre-temps, la championne paralympique, à Londres en 2012, atteinte d'une maladie orpheline qui touche le nerf de sa jambe gauche, a donné naissance à une fille, avant de connaître les galères.

Début juin dernier, lors de la manche de Coupe du monde de para-natation à Limoges, Élodie Lorandi n'avait qu'une idée en tête : « Le fait d'être à Paris sera déjà une grosse victoire ». À 35 ans, « La Grenouille » (son surnom) a déjà réussi son premier défi. Ce dimanche 1er septembre, elle va découvrir l'ambiance survoltée de la Défense Arena, lors du 100 m nage libre (catégorie S10).

Un premier succès qui n'était pas forcément écrit d'avance. Atteinte d'une maladie génétique qui touche un nerf de la jambe gauche, la championne paralympique sur 400 m à Londres a enchaîné les galères ces dernières années. « J'ai eu une césarienne en urgence, lors de la naissance de ma fille, liée à une infection du placenta. J'ai aussi eu la thyroïde, qui m'a fait prendre beaucoup de poids », énumère l'auxiliaire puéricultrice. Des éléments auxquels s'est ajoutée une dépression post-partum.

« Ça pouvait ne pas marcher »

Le défi était donc énorme pour la Cannoise. « Je m'étais dit que ça pouvait ne pas marcher. Cette option n'était pas valable, mais envisagée tout de même. Et je me disais qu'au pire, j'irais voir les épreuves depuis les gradins. » 

Au final, elle fait même mieux que ça. Mercredi dernier, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques, elle faisait partie des cinq athlètes français, avec Alexis Hanquinquant, Nantenin Keita, Charles-Antoine Kouakou et Fabien Lamirault à allumer la vasque dans le jardin des Tuileries. Signe de l'importance qu'elle occupe aujourd'hui dans le paysage sportif français.

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« Ma fille doit s'adapter à moi »

Cette année à Paris, elle tentera même d'aller chercher une huitième médaille paralympique. Autrement dit, jusqu'à présent elle est toujours rentrée de ses Jeux avec une breloque autour du cou. Pour y parvenir, il lui a fallu revoir son organisation, depuis la naissance de sa fille Naïa. « Être maman, ça te change tes habitudes, dans le sens où tu es obligée de t'adapter à ton enfant. C'est comme un parent quand il va travailler, il doit caler sa journée en fonction de… Moi, je suis aussi obligée que ma fille s'adapte à moi et je dois lui expliquer des choses. »

Comme le fait que maman n'est pas forcément disponible dès la fin de sa course pour s'occuper d'elle. Si en 2023, Naïa l'avait accompagné, cette année, à Limoges, elle était restée dans la famille de son papa.

« Mon retour a été plus dur »

Mais au-delà de la vie de maman, qui est un bonheur au quotidien, Élodie Lorandi a aussi dû retrouver ses qualités physiques, qui lui avaient permis de décrocher l'or sur 400 m à Londres. Ce qui n'a pas été des plus simples. « Mon retour a été plus dur que ce que je pensais. Dans le sens où mon corps a tellement changé. Je suis habituée à la douleur, mais il fallait que mon corps retrouve quelque chose de plus dynamique. J'ai encore perdu du poids. Depuis deux ans, j'en suis à 24 kg de moins. »

Ce qui lui permet de retrouver son poids de forme « même si [elle] aimerait perdre encore un peu de poids, pour retrouver un corps d'athlète de haut niveau ». Elle, qui, a regoûté aux bassins, après une pause de deux ans pour s'essayer au para-aviron, à l'issue des championnats d'Europe 2018. « L'aviron, quand on rame, on est en arrière. J'avais toujours l'impression de retourner vers le passé. Ça m'a frustrée. Et on dit que c'est un sport d'équipe, mais je me suis toujours sentie seule. Donc quitte à être seule, je préférais l'être dans le sport que j'aime. »

« Je suis frustrée par rapport à ce que je faisais »

Un retour opéré juste avant le report des Jeux de Tokyo, lié au Covid. Un décalage d'un an qui lui a donc permis d'enclencher son projet de grossesse, avant d'essayer son retour. Si aujourd'hui, Élodie Lorandi se montre épanouie et prête à en découdre dans l'eau, elle sait aussi qu'elle n'a plus forcément les mêmes armes qu'il y a 12 ans. « Je suis frustrée parfois quand je regarde mes temps, par rapport à ce que je fai...