Jeux paralympiques. « Ça m'a rappelé l'attaque de requin » : quand la caméra réveille un traumatisme

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La nageuse américaine Ali Truwit est revenue sur son aventure paralympique dans les colonnes du Time. Victime d'une attaque de requin en 2023, elle a raconté avoir senti son traumatisme se réveiller dans le bassin de Paris La Défense Arena, début septembre. En cause : les mouvements de la caméra sous l'eau. « Je suis en sécurité, je suis en sécurité », s'est-elle répétée. Amputée de la jambe gauche, elle a remporté deux médailles d'argent dans sa catégorie.

Ali Truwit, 24 ans, est une nageuse américaine. En 2023, elle a été victime d'une attaque de requin au sud-est des Bahamas alors qu'elle faisait de la plongée avec masque et tuba. Amputée quelques jours plus tard, cette nageuse aguerrie s'est logiquement tournée vers le parasport et les Jeux paralympiques de Paris 2024, à peine plus d'un an après son accident en mer.

Elle est donc arrivée avec des ambitions sur le bassin de Paris La Défense Arena, théâtre des exploits de Léon Marchand pendant les JO ou du Brésilien Gabrielzinho pendant les Paralympiques. Mais sa poitrine s'est serrée dès la première course, comme elle le confie au Time. « Là, j'ai réalisé que je regardais une très large caméra noire, sous l'eau. La caméra bougeait et suivait les nageurs qui faisaient la course dans cette eau claire et peu profonde. Pour moi, même assise à regarder, ça m'a rappelé précisément l'attaque de requin et la manière dont j'avais dû me battre pour survivre. »

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Un traumatisme réactivé qui a compliqué son aventure parisienne. Elle en a parlé à sa mère, psychologue cognitiviste. Le lendemain, lors d'un entraînement, Ali Truwit a de nouveau vu la caméra. « Mon corps s'est mis à trembler et mes lunettes étaient pleines de larmes. »

« Être aux paralympiques un an après, c'est ma médaille d'or »

En plus de la sensation d'un sort qui s'acharne et la frustration de voir son corps ne pas réagir à son esprit, comme elle l'explique au journaliste du Time, la nageuse s'est sentie fatiguée. Avant de choisir d'utiliser certaines méthodes. « Quand je suis retournée dans la piscine, je n'ai cessé de me répéter : "Je suis en sécurité, je suis en sécurité, je suis en sécurité." » Elle a également tenté de se concentrer sur la soixantaine de proches présents dans les gradins bien fournis.

Mais Ali Truwit a utilisé une autre technique. « Quelque chose qui me fait passer des larmes à la joie, ce sont les bébés de mes cousins. Ils m'ont envoyé des photos et des vidéos. Impossible pour moi de ne pas sourire quand je vois ça, a-t-elle confié au magazine américain. Je me suis gardé ça et je l'ai repassé en boucle en gardant mon attention dessus. »

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Une astuce payante puisqu'elle a remporté deux médailles d'argent durant ces Jeux paralympiques de Paris 2024, en 400 m nage libre et 100 m papillon, dans sa catégorie (S10). Est-ce que ce sont les caméras et ce traumatisme réactivé qui lui ont coûté l'or ? « Le fait que je sois aux Jeux paralympiques un an après une attaque de requin et mon amputation, dans mon esprit, j'ai déjà gagné la médaille d'or. »

Et quand on lui demande si Paris restera comme un mauvais souvenir, la nageuse originaire du Connecticut dit avoir adoré Lire la suite Ouest France

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