Jeux paralympiques 2024. « Teddy Riner veut nous aider mais il s'y prend mal »

Invité dans la matinale de RTL, le 13 août dernier, Teddy Riner a voulu faire la promotion des Jeux paralympiques en parlant des « super-héros » et des « Avengers » pour qualifier les athlètes paralympiques. Des termes qui ne passent pas parmi les sportifs, dont Sofyane Mehiaoui, membre de l'équipe de France de basket fauteuil.

C'est ce qui peut s'appeler manquer son coup de com'. Invité le 13 août dernier dans la Matinale de RTL, Teddy Riner, qui vient de décrocher deux titres olympiques aux Jeux de Paris, a voulu faire la promotion des Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre). Dans une discussion avec Marie-José Perec, les deux sportifs ont évoqué les para-athlètes en les qualifiants de « héros ». « On les regarde, en se disant que ce sont nos héros. On sait ce que de s'entraîner tous les jours », a d'abord lancé la triple championne olympique, avant que le judoka ajoute : « Avec un handicap », avant d'évoquer les « super-héros ».

« Je ne veux pas de misérabilisme »

Un terme qui n'a pas fait plaisir à tout le monde. Notamment à Sofyane Mehiaoui. Membre de l'équipe de France de basket fauteuil, le Parisien se bat régulièrement pour éviter ce genre de comparaison. « Le fait qu'on parle de nous comme des super-héros ne nous aide pas. On est des personnes en situation de handicap et nous souhaitons être considérés comme des personnes normales. Quand on nous surexpose, ce n'est pas bien. On n'est pas des super-héros, on est des athlètes. Donc venez nous voir parce qu'on va faire des performances, on va faire des exploits sportifs, c'est pour tout ça qu'il faut venir nous voir. »

Le discours du judoka rejoint celui de Tony Estanguet, qui évoque souvent le mérite des para-athlètes. « Ça me gêne un peu quand il dit ça, car ça veut dire qu'on est traité différemment. Je ne veux pas de misérabilisme de la part de Paris 2024. D'autant que depuis deux ans, on a réussi à faire en sorte qu'on parle des athlètes et de leurs performances. C'est comme ça qu'on change les mentalités. Je ne veux pas qu'on casse tout en un mois en disant : "Venez voir les pauvres handicapés, parce qu'ils ont été courageux de surmonter leur handicap". Je suis un compétiteur, un sportif. Et je ne veux pas que le discours change parce qu'il faut vendre des places. Si on doit en vendre moins, sans nous rabaisser et bien tant pis. Car sinon, ça serait un retour en arrière. »

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Pour autant, le basketteur a conscience que les messages diffusaient partent d'un bon sentiment. Que l'idée est de faire en sorte que les Jeux paralympiques bénéficient de la même ferveur que les JO. « Je sais que ce n'est pas méchant et qu'il veut nous aider, mais il s'y prend mal. Je veux réagir pour que les gens comprennent ça. Mais quand Teddy dit ça, ça veut aussi dire qu'on ne fait pas totalement du sport. » En espérant désormais que les premiers Jeux paralympiques de l'histoire sur le sol français puissent faire changer les mentalités.

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