Ille-et-Vilaine - Serge Besseiche, trois fois paralympien en escrime: «J'ai eu la vie dont je rêvais avant l'accident»

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L'actuel adjoint à la mairie de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) a laissé derrière lui quinze ans de carrière en escrime fauteuil, qui lui ont valu 17 médailles en équipe ou individuel et une vie de combats.

Toujours plus. Le boulot, le sport, les médailles, les compétitions, les responsabilités : Serge Besseiche est un boulimique. S'il a encore quelques regrets sportifs, l'homme de 67 ans a surtout beaucoup de souvenirs « magiques » d'une vie faite de « combats » et de « dépassements de soi ».

Aujourd'hui élu à la mairie de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), le Malouin est en réalité un grand champion français : 17 médailles en escrime fauteuil, quelques unes en individuel, la majorité en équipe tricolore, raflées entre 1987 et 2000 sur quatre continents.

En 1982, le jeune ingénieur en bâtiment décroche à 25 ans son job de rêve à Rennes. À côté, Serge Besseiche pratique le football et le karaté assidûment. Il s'apprête à passer sa ceinture noire le mois suivant quand, en juillet, un accident de moto le cloue au lit.

Le voilà paraplégique, paralysé des deux jambes. Le fauteuil les remplace désormais. Aujourd'hui encore étonné de sa « bêtise », son accident lui fait réaliser qu'à l'époque, il « n'avait jamais vu de personnes en fauteuil ». 

« J'allais nettoyer mon fauteuil au lave-auto »

Après sept mois d'arrêt, il reprend sa carrière là où il l'avait laissée. Sur les chantiers de construction, l'ingénieur, puis chef de projet, impose sa condition physique à une époque où les problématiques d'adaptabilité ne sont pas un sujet.

Le Malouin fait « installer des rampes avec le matériel d'échafaudage » pour inspecter les travaux et quand un « site était boueux », un petit tour « au lave-auto pour nettoyer mon fauteuil » s'imposait.

Côté sport, le retour est plus compliqué. Il soupire : « J'avais un blocage. Pendant 3 ans, reprendre le sport me semblait impossible. »

Jusqu'à ce qu'un « copain de rééducation » l'introduise au fauteuil d'athlétisme, « plus léger que nos tanks ».

Le semi-marathon le branche puis, sans se souvenir comment, Serge Besseiche découvre l'escrime. La version fauteuil de la discipline se divise en deux catégories, entre ceux affectés à un membre et ceux privés de mobilité du tronc ; tous sont « solidement maintenus dans leur fauteuil par un appareil de fixation spécifique », précise le règlement des Jeux paralympiques.

Au cœur de trois Jeux paralympiques

Le jeune homme retrouve dans ce « sport de combat » ce qu'il aimait dans le karaté : « stratégie, réactivité, spontanéité, réflexe et rapidité ».

À 32 ans, il débute ce qui deviendra quinze ans de carrière sportive à arpenter les championnats européens et mondiaux aux couleurs de la France. Ses premiers Jeux paralympiques à Séoul en 1988 marquent une suite « d'inoubliables souvenirs ». Des stades entiers hurlent leur joie à ces athlètes paralympiques qui dans la vie civile restent (encore) invisibles. C'est à Sydney en 2000 qu'il est sacré champion olympique par équipe en sabre, même s'il était déjà champion du monde (1990, 1994, 1998) et champion d'Europe (1987, 1995, 1997, 1999).

En 2001, il quitte la compétition, « tourne la page » et « laisse la place aux jeunes avides de connaître de grands moments… » Enfin pas totalement, puisqu'il s'engage, toujours en parallèle de sa carrière professionnelle, au Comité international d'escrime en fauteuil, au Comité régional de Bretagne handisport et à la Fédération française de handisport.

Depuis 2008, Serge Besseiche est élu à la ville de Saint-Malo sous le mandat de René Couanau, puis dans l'opposition et actuellement dans l'équipe du maire Lire la suite Ouest France

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