ENTRETIEN. « Dans ma tête, c'est la dernière chance… » : Kevin Mayer veut arracher sa place aux JO

Le décathlonien Kevin Mayer tentera de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024 lors des championnats d'Europe à Rome. Le Montpelliérain de 32 ans sera engagé lundi 10 et mardi 11 juin. Avec les minima (8 460), il serait assuré d'être au Stade de France. Mais 8 200 points pourraient suffire pour passer au ranking.

Kevin Mayer avait confié être usé mentalement par l'attention médiatique qui entourait chacune de ses sorties. Après son abandon à San Diego (États-Unis) lors de sa dernière tentative en mars, il avait envisagé de ne pas annoncer le lieu de son prochain décathlon qualificatif pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Ça aurait pu être à Oyonnax mi-mai, lors des championnats de France. Ce sera finalement lors des championnats d'Europe d'athlétisme, où la moindre de ses grimaces sera forcément scrutée.

Vendredi 7 juin, en conférence de presse, le Montpelliérain de 32 ans, double champion du monde et double vice-champion olympique du décathlon, a affirmé être en forme, mais la douleur n'est jamais loin. Le décathlon à Rome est prévu lundi 10 et mardi 11 juin.

Vous avez été invité à participer à ces championnats par la Fédération européenne. Vous avez directement dit oui ?

J'étais le premier surpris. J'ai reçu une invitation de European Athletics qui m'a dit qu'ils avaient droit à un invité dans le décathlon et j'ai été l'heureux élu. Je suis très content de me retrouver là. C'est sûr que les Europe ont fait beaucoup d'ombre à tous les autres décathlons (qu'il avait envisagés pour se qualifier), parce qu'un décathlon avec le maillot de l'équipe de France, dans cette ambiance que j'aime tant, c'est plus plaisant qu'un décathlon normal pour aller chercher des minima (8 460 points, mais il pourrait se contenter de 8 200 points pour passer au ranking, car son titre à l'heptathlon aux Europe en salle 2023 compte dans le classement). L'objectif reste les Jeux mais comme je ne suis pas qualifié, il faut passer par là.

Comment vous sentez-vous ?

Je ne sais pas trop ce que j'ai dans les jambes, mais je sais que je me sens bien à l'entraînement. Je sais aussi que je me prépare à fond pour les JO et que nerveusement, je ne peux pas être à deux endroits à la fois. Donc je sais que je ne suis pas en forme olympique mais je suis très en forme, je fais de très bons entraînements, et je me sens bien mentalement. C'est la première fois que j'arrive dans un championnat d'Europe en n'ayant que les minima comme enjeu, donc je sais que même si j'ai beaucoup de mal à ne pas être à 100 %, c'est ce que je vais devoir faire, essayer de me préserver un petit peu.

Ça reste un championnat, vous allez prendre des risques pour décrocher ce titre européen qui vous manque ?

Mon but, ça va être de me freiner tout au long de ce décathlon. Parce que je suis capable de faire un décathlon à 200 %, mais je ne suis pas capable d'en faire deux dans l'année à 200 %. Mais c'est un championnat d'Europe. Je suis allé sur le stade tout à l'heure (vendredi) et je n'ai qu'une envie, c'est d'exploser la piste. Pour être tout à fait honnête, je dois me répéter toutes les 5 secondes "je viens pour les minima, les minima, les minima". Le titre de champion d'Europe, même si je n'ai jamais été champion d'Europe (en plein air, car il a remporté le titre à l'heptathlon l'hiver 2023), ce n'est pas l'objectif cette année.

« Je vis comme un moine… »

En cas d'échec à Rome, envisagez-vous un autre décathlon avant le 30 juin, date butoir pour les minima ?

Dans ma tête, c'est la dernière chance. Je n'ai plus envie de me dire "il y a encore des décathlons après", d'aller galérer, d'aller revoyager. Je ne suis pas un pro des qualifications, j'ai toujours galéré à aller me qualifier depuis 2012. Après, si je fais zéro à la hauteur, je repartirai sur un autre décathlon. Je n'abandonne pas les Jeux comme ça. Mais j'essaie d'être dans ma tête dans le moment présent et le moment présent aujourd'hui, c'est que je suis aux championnats d'Europe où j'ai une qualif à aller chercher.

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Comment gérez-vous la pression venue de l'extérieur ? Les gens vous demandent tout le temps où vous en êtes.

Les gens attendent autant parce qu'ils ont vécu des choses incroyables avec moi et qu'ils ont envie de les revivre. Je comprends qu'ils attendent ça mais pour être honnête, ce n'est pas mon problème. Je me mets une pression bien suffisante pour ne pas écouter en plus celle des autres. J'avoue que ...

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