ENTRETIEN. « Ça va être le feu ces Jeux », promet le para-escrimeur vannetais Ludovic Lemoine

https://guichet.ouest-france.fr/ws/medias/image/MjAyNDA5NThiNDRmZmQyM2ViNmRjYTk5ZTRhZmQ4ZWJjZmMxZWE?token=FootAdda05113f499024e7bacc7171a52e6c914

Originaire de Vannes (Morbihan), le para-escrimeur Ludovic Lemoine, double médaillé olympique, revient avec ferveur aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Pour cette paralympiade, le tireur expérimenté voudrait ajouter une médaille à sa collection. Il fait son entrée en lice, ce mardi 3 septembre. Entretien.

Ludovic Lemoine est affamé. Joint par téléphone entre plusieurs rendez-vous et des entraînements à l'Insep, le para-athlète, originaire de Vannes (Morbihan), est de retour aux Jeux paralympiques après son absence à Tokyo. Dans son pays, le para-escrimeur se dit impatient d'en découdre. Atteint d'un cancer du fémur à l'âge de cinq ans, il a dû subir une amputation de sa jambe droite à 6 ans. Depuis, l'enfant, l'ado et l'homme a su vivre avec son handicap. Qui n'en est pas un pour lui. Entretien.

Ludovic, pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

J'ai grandi à Vannes jusqu'à mes 20 ans. J'ai eu un cancer du fémur à 5 ans, ce qui a conduit à mon amputation un an plus tard. Suite à ça, mes parents ont tout de suite compris que le sport serait un formidable moyen de résilience, de revenir, de me fortifier, de trouver des repères, de retrouver du lien. Tous les bons côtés qu'on peut trouver au sport comme les efforts physiques et mentaux. Et puis, comme ma famille penchait beaucoup vers les arts martiaux, avec notamment mon père qui était professeur d'aïkido, j'ai voulu faire comme eux.

Ils m'avaient inscrit au judo quand j'avais 7 ans. C'était sous forme de jeu à cet âge-là, ça allait mais on se rendait bien compte qu'un sport où il faut faire tomber l'autre quand on est soi-même sur une patte, ça allait être compliqué (rires).

Alors, ils ont pris contact avec la Fédération française en handisport qui leur a dit qu'il y avait un club d'escrime à Vannes avec un homme et une femme membres de l'équipe de France et la maître d'armes qui leur a tout appris. J'ai découvert ce sport à l'âge de 8 ans, avec des grands champions devant les yeux. Et dès qu'on m'a mis un fleuret dans la main, ça a été le coup de foudre immédiat. J'ai été passionné de découvrir les techniques petit à petit. Je n'ai plus jamais lâché. J'en suis quasiment à 30 ans.

Par rapport à votre cancer du fémur, quand vous aviez 5 ans, est-ce que vous vous en rendiez compte ? Est-ce que ça a été un choc ? Comment vous l'avez vécu ? Vous étiez encore jeune…

Le fait que je sois jeune au moment du cancer était un peu la chance que j'ai eue. J'ai très peu de souvenirs, très peu d'images de cette période qui me sont restées en mémoire. Ça a été beaucoup plus dur pour mes parents qui mesuraient toutes les conséquences, les risques qu'il pouvait y avoir. Avec le fait que pendant 15 mois, tous les traitements possibles et imaginables ont été tentés : des greffes, chimios, rayons… L'amputation était obligatoire pour éviter que le cancer ne se généralise. J'ai surtout des flashs d'être allongé, d'être à l'hôpital, de me réveiller à l'amputation. Mais c'est vraiment quelques images très rares.

Et, à chaque fois, on me dit : « t'as du courage de faire du sport, t'as du courage de faire tout ça, t'as du courage d'avancer. » Mais, en fait, tout simplement, mes souvenirs, ma vie, c'est juste que j'ai pris un point de départ différent. Mais après, j'ai juste cherché, en tant que petit garçon comme les autres, à simplement jouer, m'amuser. J'ai toujours eu un certain penchant pour le challenge. Du coup, je me suis toujours lancé des petits défis quand j'étais enfant, avec mes parents, d'aller un peu plus vite, un peu plus loin, de grimper sur un rocher. Des petites choses comme ça qui me donnaient envie de me challenger. Mais pour le reste, sinon, j'ai juste vécu ma vie d'enfant, d'ado, d'adulte, ni plus ni moins que tout le monde. Je pense que le parcours qui m'est arrivé est beaucoup plus facile par rapport à un crash de voiture avec une vie qui serait chamboulée avec des repères qui changeraient. Oui, j'ai mon parcours qui est atypique, qui est assez exceptionnel. Je suis très content de mon parcours sportif et de tout ce que ça m'a amené à vivre autour de ça.

Pour en revenir au sportif, vous avez été médaillé à Londres et à Rio. Par contre, vous n'étiez pas à Tokyo.

Je suis sorti des Jeux de Rio extrêmement fatigué. J'étais capitaine de l'équipe de France d'escrime. Ça a été un rôle qui m'a tenu beaucoup à cœur. Je suis très content de l'avoir eu, mais ça a été quelque chose d'assez prenant. J'avais un peu la sensation d'avoir fait un petit peu le tour du sujet. J'ai eu ma fille qui...

×