De Coubertin. « Il combat la présence féminine dans « ses » jeux »

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Courrier des lectrices et des lecteurs. « Sa face obscure reste très prégnante et ce même avec les valeurs de son époque. Quoique républicain, après la défaite de 1870, il souhaite « refaire une tête au peuple » pour la revanche à venir contre la Prusse et cela passe, pour lui, par la pratique du sport. L'idéal du sport pour le sport n'est donc pas son idée première. Il veut bâtir des corps de soldats. Il veut même créer une race forte ce qui le rapproche des thèses eugénistes. »

Benoît Faisant (Ille-et-Vilaine)

« À propos du baron Pierre de Coubertin, le Point de vue du 6 août (Coubertin, le mal-aimé de l'olympisme) semble l'absoudre de ses tares en citant Louis Violette qui le considère comme « un personnage de son temps : colonialiste, raciste et misogyne mais comme l'était la majorité des élites de la fin du XIXe .

Je trouve que ce raccourci ne résiste pas aux faits et la promotion de l'amateurisme avec laquelle je suis en adéquation ne doit pas faire oublier que le baron fut très étudié par les historiens. Sa face obscure reste quand même très prégnante et ce même avec les valeurs de son époque.

Le baron vient d'une vieille famille aristocratique monarchiste. Quoique républicain, après la défaite de 1870, il souhaite « refaire une tête au peuple » pour la revanche à venir contre la Prusse et cela passe, pour lui, par la pratique du sport. L'idéal du sport pour le sport n'est donc pas son idée première. Il veut bâtir des corps de soldats. Il veut même créer une race forte ce qui le rapproche des thèses eugénistes […] dans les années 1920. […]

Par ailleurs, la pratique sportive doit être réservée, selon sa pensée, à une élite masculine ce qui est loin des thèses universalistes qu'on lui prête parfois. Il s'opposera frontalement à un ancien communard (P. Grousset) qui souhaitait organiser des jeux pour les enfants de l'école primaire républicaine, incluant également les filles, avant la création des Jeux.

Pas forcément novatrice, l'idée de rénover les Jeux était reprise des Anglais qui organisaient les Cotswold Olimpick Games depuis trois siècles quasiment (1612). Notre prestige national en prend un coup mais les faits sont les faits. Certes, il y a le fameux discours de la Sorbonne (le 25 novembre 1892 à la Sorbonne, à Paris, Pierre de Coubertin livre ses idées sur la renaissance des Jeux olympiques modernes, ndlr) qui invite plusieurs nations, mais le sport n'a pas attendu Coubertin pour se réinventer siècle après siècle.

Fortement opposé à Alice Milliat, militante sportive féministe, dont la figure est depuis récemment réhabilitée, il combattra de toutes ses forces la présence féminine dans « ses » Jeux olympiques. […]

Certes fin tacticien politique, Coubertin fut le créateur de Jeux olympiques avec ses propres idées et biais de pensées, malgré les différents courants d'idées contraires de son époque qu'il s'est évertué à combattre. Il n'est donc pas mal aimé mais, comme chaque personnage au regard de l'histoire, doit être observé avec ses réussites et échecs comme tout un chacun. »

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