Camille Lacourt : « La santé mentale a longtemps été délaissée »

Quintuple champion du monde et d'Europe de natation, Camille Lacourt s'exprime sur l'importance de la santé mentale dans le sport de haut niveau.

Comment s'est déroulée votre intervention auprès des jeunes du Team BNP Paribas durant l'Open de Moselle ?

Je pense que cela s’est bien passé. Je les ai trouvés attentifs. Nous avons abordé la santé mentale et l'appréhension de l'échec dans une carrière sportive. Etant donné leur jeune âge, c'était compliqué d'arriver avec une parole moralisatrice. J’ai essayé de faire quelque chose de différent et j’espère que cela leur sera utile pour leur carrière.

Trouvez-vous important que les jeunes soient sensibilités aussi tôt sur ces aspects ?

Je pense que c’est important de discuter, grandir et de comprendre un peu tout ce qui se passe. Il n'y a pas forcément d’âge pour ça. Ils sont assez matures pour réussir à comprendre. Ils n'ont peut-être pas tout assimilé. Ils ont peut-être pris quelques clés. C'est ça qui est intéressant aussi, c’est d’essayer de grandir le plus tôt possible.

« L'échec est indissociable du haut niveau »

Comment, en tant qu'ancien nageur de haut-niveau, êtes-vous parvenu à aborder votre relation à l'échec ?

J’ai compris assez rapidement que c’était indissociable du très haut niveau. Quand on essaye de viser quelque chose qui est si rare, on sait qu’on va se confronter à l’échec à un moment donné. Je l’ai appréhendé assez facilement en me disant que ça pouvait faire partie du parcours vers l'excellence et que c’était quelque chose qui pouvait me servir à progresser. C’est ce que j’ai désiré leur transmettre durant l’échange.

Vous est-il arrivé, dans votre carrière, de vous confier à un psychologue ou à un préparateur mental ?

J’ai eu des échanges avec un préparateur mental avec qui j’ai commencé à collaborer en 2010 après mes premiers titres européens. J’ai, par la suite, travaillé avec lui tout le reste de ma carrière. Il me semble primordial de pouvoir s'appuyer sur un préparateur mental comme on travaille avec un préparateur physique.

De quelle manière ce préparateur mental vous a-t-il aidé ?

A l'image d'un préparateur physique pour la musculation, un préparateur mental comprend comment marche notre cerveau. Il aborde également la manière dont le cerveau fonctionne face au stress ainsi que les alertes qui peuvent se déclencher en cas de stress intense. Le savoir nous permet d'arriver avec quelques clés importantes. Il nous donne les solutions pour régler quelques petits soucis tout au long de la saison.

« Il faut mettre en accord le sportif et la personne »

La santé mentale revient de plus en plus sur le devant de la scène, avec des sportifs qui n'hésitent pas à aborder le sujet…

C'est très bien que la parole se libère à ce sujet que l'on a trop longtemps délaissé. Il faut réussir à mettre en accord le sportif et la personne. C'est, selon moi, la seule clé qui peut faire que le sportif de haut niveau soit épanoui.

En mai dernier, vous vous étiez confié auprès des pensionnaires du CREPS Ile-de-France au sujet de la résilience. Selon vous, la résilience aide-t-elle à se reconstruire après un échec ?

La résilience, c'est la suite logique d'un échec. On passe dans un premier temps par la colère. Une fois que l'on a accepté cet échec, on commence à avancer.

Combien de temps vous fallait-il pour accepter un échec ?

Cela dépend des échecs. Il n'y a pas vraiment d'ordonnance avec un temps prescrit. J’ai mis beaucoup de temps après l’échec olympique parce que les Jeux, c’est tous les quatre ans et que c’est compliqué de se relever après l’échec que j’ai vécu. J’ai mis beaucoup moins de temps sur des championnats d’Europe ou du monde.

Vous êtes présent dans le documentaire « Strong, aussi forts que fragiles », disponible sur Amazon Prime depuis peu. Pourquoi avoir décidé d'y participer ?

Il m'est primordial de m'exprimer sur ce sujet, car on est probablement la première génération à être aussi touchée par la santé mentale. Décider d’en parler aujourd’hui permet aussi à d’autres jeunes de se dire qu'ils ne sont pas faibles. Au contraire, cela peut se produire et il est possible de s’en sortir.

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