All | Une Bundesliga toujours plus forte que les saisons passées ?
09/05/2024 01:41 PM
Il n’y a pas qu’en France que c’est la rentrée des championnats ! Outre-Rhin, la saison a débuté avec la victoire de Berlin en supercoupe face à Magdeburg (30-32), de quoi lancer une saison qui s’annonce palpitante (comme toujours).
Qui pour être champion ? Peut-être est-ce là la grande question de ce début de saison en Bundesliga. Dix ans en arrière, on n’imaginait que le THW Kiel comme grand favori des titres nationaux en Allemagne. Un lointain passé, révolu suite à l’arrivée d’une concurrence exacerbée et un championnat toujours plus dense. Des projets émergent également de-ci de là, avec notamment le retour d’un ex-illustre en ligue européenne…
Les quatre géants en quête du Meisterschale
S’il y a un club qui s’impose sur la scène internationale comme le club allemand de ces dernières années, c’est bien le SC Magdeburg. Sous la direction de Bennet Wiegert, enfant du club et à sa tête depuis 2015, le SCM n’a cessé de monter en puissance. L’équipe propose un jeu basé sur des duels, avec une base arrière aux appuis explosifs, une défense solide, et des ailiers rapides, capables de se projeter pour enchaîner les buts faciles. Malgré leur récente défaite en SuperCoupe contre Berlin, il ne fait aucun doute que le SCM sera de nouveau un sérieux prétendant au titre cette saison. Seule ombre au tableau : les nombreuses blessures, survenues notamment après les Jeux olympiques (Claar, Hornke, Pettersson). Histoire de justifier la hype autour de Magdeburg ces dernières saisons, il suffit de rappeler que depuis la saison 2020-2021, ils n’ont pas remporté moins de deux titres par an, y compris lors la saison dernière…
Le dauphin de la dernière saison, les Füchse Berlin, fait un retour en Ligue des champions après plus de dix ans. Réputés pour être parmi les meilleurs formateurs d’Allemagne, les Berlinois ont aussi élevé leur niveau de recrutement ces dernières saisons. Les arrivées de gros talents comme Dejan Milosavljev, Lasse Andersson ou encore Mattias Gidsel témoignent de cette montée en gamme, tout en préservant une base de cadres solide, et le travail paie. Bien qu’ils aient décroché une deuxième place en championnat, le retour en Ligue des champions pourrait cependant s’avérer très exigeant pour l’équipe, qui devra composer avec plusieurs joueurs souvent blessés et un effectif mêlant jeunesse et expérience. Pour que Berlin décroche enfin son premier titre en championnat, il faudra que cette alchimie prenne sur la durée. Il est clair qu’ils n’ont jamais été aussi proches d’y parvenir que la saison dernière, avec une deuxième place qui reste historique.
Parlons maintenant de Flensburg, longtemps abonné aux deuxièmes places. Cette année encore, Flensburg va disputer la Ligue européenne après une victoire à Hambourg la saison dernière. L’effectif a peu changé, mais il s’est renforcé avec l’arrivée de Niclas Kirkelokke, qui remplacera Teitur Einarsson, parti à Gummersbach. Avec cet effectif stable, qui reste fidèle à sa tradition danoise (huit des seize joueurs de l’équipe sont danois), Flensburg espère peut-être un retour au sommet qui pourrait redéfinir l’avenir du club. Kay Smits, de retour en fin de saison dernière après une rupture du ligament croisé, pourrait bien jouer un rôle clé. Déterminant pour Magdeburg lors de leur victoire en Ligue des champions en 2023, Smits doit maintenant prouver sa valeur à Flensburg, tandis que Pytlick a déjà fait parler la poudre la saison dernière pour sa première année en Allemagne.
Enfin, le dernier des favoris, et probablement le plus difficile à évaluer : le THW Kiel. Capable de renverser totalement un adversaire en un match, puis de chuter lourdement contre un adversaire supposé plus faible, Kiel a connu une saison passée très compliquée. Alternant entre le très bon et le très mauvais, c’est surtout leur jeu d’attaque qui a été critiqué tout au long de l’année. Avec le retour d’Andy Wolff dans les cages des Zèbres, l’effectif (vieillissant) de Jicha aura à cœur de se racheter devant leurs 10 000 abonnés, bien que relégués en Ligue européenne. Côté recrutement, la jeunesse a été mise à l’honneur, avec notamment l’arrivée de deux nouveaux ailiers droits, Lukas Zerbe et Bence Imre, ainsi que du prodige danois Emil Madsen, meilleur buteur de la Ligue des champions en 2023, qui remplace Steffen Weinhold sur la base arrière. Reste à savoir si notre Samir national quittera Kiel avec un ou plusieurs titres en poche, avant l’arrivée de Gonzalo Pérez de Vargas la saison suivante.
Des rivaux en quête de gloire ou de rédemption
Après les favoris, les clubs capables de perturber les rêves de grandeurs des grosses écuries. Tout d’abord le MT Melsungen. Depuis de longues années, on vous rabâche à chaque début de saison « attention à Melsungen« . Sauf qu’il faut bien reconnaitre qu’au bout d’un moment, le travail paye et le MT est enfin lancé. Auréolé d’une cinquième place bien méritée, l’équipe dirigée par Parrondo s’est considérablement renforcée ces dernières années, avec des recrues de haut niveau (Cavalcanti, Mandic, Mensing, Darmoul, Örn Jonsson, Kristopans etc.). Et la mayonnaise semble bien prendre encore cette saison, avec une première victoire en compétition officielle contre Elverum en ligue européenne. Sauront-ils passer un palier ?
En parlant de paliers, il y a un club qui a longtemps fait partie de l’élite, et qui a dû batailler ferme pour y retourner. Le VfL Gummersbach, club ayant vu passer de nombreux français, dont un certain Kentin Mahé qui vient d’y faire son retour, jouera de nouveau une compétition européenne après des années compliquées. Un recrutement intelligent, un entraîneur qui travaille bien et un jeune effectif qui a à cœur de jouer les trouble-fêtes, Gummersbach est bien de retour sous la houlette de Gudjon Valur Sigurdsson, après également une victoire convaincante en ligue européenne (22-35 contre les danois de Mors-Thy).
L’autre club qui a fait partie des grands mais qui fait plus de peine à voir sont les Rhein-Neckar Löwen. Le club basé à Mannheim a pourtant de quoi faire avec un effectif très solide, renforcé notamment par Ivan Martinovic et Sebastian Heymann. Outre ces renforts, l’effectif reste relativement stable mais peut-être trop Knorr dépendant, un peu à l’image de la sélection allemande. Cependant un retour de blessure a fait beaucoup de bien en fin de saison dernière, avec Mickael Appelgren, impressionnant dans ses cages. Bien épaulé par David Späth, on ne peut qu’imaginer du mieux à Mannheim cette saison, après avoir terminé à une décevante douzième place la saison passée malgré quelques coups d’éclat. Connu pour son bon travail à Bergischer, le coach Sebastian Hinze cherchera à remettre son équipe aux sommets du championnat, après une première saison décevante.
La bataille pour la terre du milieu et la lutte pour le maintien
Reste à mentionner la longue liste d’équipe qui gravitent autour des Européens et qui se cantonnent souvent au milieu tableau, faute de régularité ou une incapacité à hausser son niveau de jeu contre des gros morceaux. Hanovre, Hambourg, Lemgo ou encore Leipzig vont continuer de perturber le haut du tableau, se rêvant européen et pourquoi pas d’ailleurs ? Deux d’entre eux ayant récemment réussi à se qualifier, que ce soit via la coupe ou le championnat.
Hanovre, par exemple, a réalisé quelques performances intéressantes ces dernières années, notamment grâce à une politique de recrutement axée sur de jeunes talents prometteurs, comme Renars Uscins le bourreau des Bleus aux JO, et des joueurs expérimentés capables d'apporter de la stabilité. Cependant, des blessures récurrentes et un manque de profondeur de banc ont souvent empêché l’équipe de franchir un cap. De même, Hambourg, qui a connu une renaissance après sa relégation administrative en 2016, a réussi à reconstruire un effectif compétitif mais qui reste à la lisière des qualifications européennes, coincé entre ambition et réalisme, avec l’infatigable Johannes Bitter, dernier rescapé des champions du monde 2007 du haut de ses 41 ans. La perte de Dani Baijens cet été et les grosses difficultés administratives pour parvenir à reprendre en première division cette année pourraient peser sur la saison.
Du côté de Lemgo, on a prouvé qu’on pouvait se mesurer aux meilleurs sur un match, mais il y a certain manque de régularité pour viser plus haut, notamment à cause d’un effectif trop réduit et souvent basé sur des jeunes prometteurs venus faire leurs classes avant de s’envoler. Leipzig, pour sa part, continue de cultiver sa formation, une stratégie qui commence à porter ses fruits avec des performances de plus en plus solides. Ces équipes, qui ont toutes récemment flirté avec l’Europe, restent de sérieux outsiders capables de surprendre, mais elles doivent encore trouver ce petit plus pour retrouver l’Europe, et y rester.
Sur le front du maintien, la bataille s’annonce tout aussi acharnée. Potsdam et Bietigheim, fraîchement promus, vont connaitre la difficulté de se maintenir dans l’élite. Ils devront batailler notamment contre des clubs comme Eisenach et Stuttgart, qui, bien que plus expérimentés, sont loin d’être assurés de leur survie. Potsdam, avec une équipe jeune et dynamique, arrive avec toute sa fougue, amenée par Bob Hanning hors de la deuxième division (celui-ci ayant délaissé ses fonctions après le titre acquis). Si on est plus habitué à voir la section féminine (qui vient de déménager à Ludwigsburg), Bietigheim est considéré comme l’un des clubs les plus faibles sur le papier côté masculin malgré une défense solide (avec le français Paco Barthe!). Si on y ajoute quelques renforts, dont l’ancien international Julius Kühn, Bietigheim pourrait bien créer la surprise, alors qu’aux manettes on retrouve un certain Iker Romero…
Eisenach, qui a réalisé plusieurs paris audacieux sur le marché des transferts, espère que ces choix s’avéreront payants et leur permettront de rester dans la course, ayant perdu Manuel Zehnder, son meilleur atout offensif, au profit de Magdeburg. Peut-être de quoi libérer Marko Grgic, le jeune artilleur allemand que vous avez pu observer aux jeux olympiques et en préparation.
La saison qui s’annonce en Allemagne promet d’être aussi intense que passionnante, avec des équipes à tous les niveaux prêtes à se battre pour leur place, que ce soit pour le titre, l’Europe ou simplement pour leur survie. Entre les favoris traditionnels, les outsiders ambitieux et les clubs en quête de maintien dans l’élite, chaque match pourrait bien être décisif dans cette Bundesliga où rien n’est jamais joué d’avance.
Julien Baudry