
Vendée Globe : comment aller encore plus vite !

03/28/2025 06:08 AM
En battant de neuf jours, huit heures et douze minutes le record d'Armel Le Cléac'h qui datait de 2017, Charlie Dalin a surpris son monde autant qu'il interroge sur l'avenir de la course au large, sur l'évolution de bateaux qui vont de plus en plus vite. Au risque de dénaturer l'ADN de la course la plus emblématique au monde ?
En 1990, lors de la première édition du Vendée Globe, le vainqueur, Titouan Lamazou, avait mis 109 jours pour revenir aux Sables d'Olonne. 35 ans après, Charlie Dalin a bouclé le même tour du monde avec 45 jours de moins ! A ce rythme, "on peut imaginer que dans 25 ans on parvienne à faire le tour du monde en 40 jours" pronostique le skipper de Macif Santé Prévoyance. "On gagne en moyenne 5 jours à chaque Vendée Globe. Donc, même si je peine aujourd'hui à l'envisager, en 2028, on sera sur 60 jours." Quatre leviers à actionner permettent de croire à ce pronostic.
1/ ÉVOLUTION DES BATEAUX
Le fantasme du bateau volant
"Il ne fait aucun doute que les bateaux continueront à progresser", est convaincu Franck Cammas. Reste à savoir dans quel domaine, le fantasme du bateau volant étant dans tous les esprits. Pour le vainqueur de la Volvo Ocean Race 2012, "avec la règle des plans porteurs à l'arrière, il sera impossible de faire des bateaux volants… mais on s'en rapprochera quand même pas mal." Pour Jean-Pierre Dick, "les plans porteurs sur les safrans pour gagner en frottements sur l'eau donc en vitesse sont la prochaine grande innovation… remise à plus tard car interdite sur le prochain Vendée Globe." Cette perspective ne soulève pas l'enthousiasme de Charlie Dalin : "Car au lieu de faire des "plantés" à 25 ou 30 nœuds, on les ferait plutôt vers les 40 nœuds. On aurait alors des problèmes de décélération et ça peut mal se terminer. Je suis très partagé." Nul doute qu'à l'horizon 2028, d'autres sur- prises viendront augmenter les performances d'Imoca qui "sont encore loin de la Formule 1, mais qui s'en approchent doucement" analyse le skipper havrais.
2/ OPTIMISATION DES ROUTAGES
Depuis 2024, Starlink a révolutionné les infos à bord
"Le logiciel de routage n'évolue pas tant que ça car les algorithmes sont à peu près les mêmes, nous dit Jean-Pierre Dick. Ce qui change surtout, c'est la finesse de la météo, la capacité satellitaire à envoyer des informations qui a bondi depuis 2024 avec Starlink." Le débit supérieur (pour un coût inférieur) offre plus d'infos et de meilleure qualité à des "skippers mieux formés pour analyser les courbes de performances de leurs bateaux, les marier aux prévisions météo pour des trajectoires idéales."
3/ AMÉLIORATION DE LA FIABILITÉ
On est passé de 50 à 20% d'abandons
Quand 50% de la flotte abandon- nait en moyenne lors des premières éditions, ils étaient seule- ment 7, sur 40, à baisser pavillon en 2025. "Après dix éditions, le retour sur expérience permet de fabriquer des bateaux plus fiables, rappelle Jean-Pierre Dick. La mémoire d'équipes de plus en plus spécialisées et une meilleure connaissance de l'événement font qu'il y a moins de casse. Cette année, les premiers n'ont quasiment eu aucun souci majeur et la culture de la réparation des skippers aujourd'hui leur permet d'être très réactifs et efficaces."
4/ CAPACITÉS HUMAINES
Des skippers de plus en plus jeunes
"Les enjeux se situent aussi et peut- être surtout dans le confort des skippers avec des monocoques qui tapent trop pour que ce soit supportable pendant deux mois et demi", précise Franck Cammas. En même temps, "les skippers sont de plus en plus jeunes et ont donc une capacité de récupération supérieure, complète Jean-Pierre Dick. Ils bénéficient aussi d'améliorations de leur espace de vie, avec des mousses adaptées pour mieux dormir dans des conditions extrêmes. Ils sont plus sollicités dans des bateaux plus durs, certes, mais ils sont aussi mieux préparés mentalement et physiquement à encaisser tous ces chocs." Au final, sur des Imoca de plus en plus pointus, entre performance et sécurité, il s'agira de trouver le bon équilibre pour permettre aux skippers d'exprimer dans les meilleures conditions leur sens de la course. Et d'espérer l'enchaînement des situations météos favorables, le seul élément qu'ils ne peuvent
pas maîtriser, pour amener le record de Dalin encore plus loin. "Lorsqu'on sera autour de 50 ou 55 jours, on ne sera plus très loin de la limite, conclue Jean-Pierre Dick, le reste sera marginal. Si je ne doute pas que le record soit battu un jour, je pense qu'il va y avoir avant un petit plateau sur les trois ou quatre prochaines éditions." Avant l'envol ?
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