Romain Attanasio : « Pour le Vendée Globe 2028, j'attends la décision du big boss »

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Pour sa 3ème participation, Romain Attanasio a été plus vite que les deux précédentes en terminant en 83 jours, 22 heures, 48 minutes et 18 secondes. 14ème à l'arrivée, le skipper de Fortinet-Best Western a encore vécu une édition inoubliable avant de profiter d'une nouvelle naissance en 2025 lui qui a appris le sexe de son enfant lors de ce Vendée Globe. 

Comment allez-vous après plusieurs semaines et ce retour sur terre ?

Tout va bien. J'ai mis un moment à m'en remettre. J'ai eu mal partout. J'avais une épaule bloquée, une jambe bloquée, le dos en compote… Mais c'est normal, à mon âge (47 ans) (sourire). 

Est-ce toujours spécial un Vendée Globe après trois participations ?

C'est toujours le cas. La Transat Jacques Vabre ou une Route du Rhum, c’est dur, mais ça n'a rien à voir. C'est un autre monde. C'est plus dur mentalement que physiquement. Pendant le Vendée, je lisais un bouquin de Mike Horn, lors de sa traversée de l'Antarctique à pied où il explique qu'il perce ses ongles avec ses forets car il a les pieds qui explosent dans ses chaussures et que s'il n'a pas monté sa tente dans les trois secondes, il gèle sur place.

On n'en est pas là ! C'est juste dur mentalement de passer trois mois à se demander à quel moment tout peut nous péter à la figure. Toujours tout seul à décider.

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Romain Attanasio fracassé par le Vendée Globe

Cela ne vous empêche pas de repartir avec la même motivation…

(Sourire) Je faisais une présentation dans une entreprise, il y a quelques mois, et une dame me disait que c'était comme les accouchements. On oublie les mauvais moments, on ne pense qu'aux bons, quand on pose le bébé sur vous. Le Vendée Globe, c'est pareil. On aurait posé la question il y a un mois, quand j'étais en mer, j'aurais affirmé que c'était mon dernier. Les bateaux deviennent extrêmes. Maintenant je me demande si je ne vais pas essayer d'en faire un autre… 

Quand on regarde Jean Le Cam et ses 65 ans, vous avez de la marge…

(Rires) Jean a un bateau à dérives. C'est moins brutal. Les foilers, c'est un autre monde. Ce dernier Vendée Globe est différent par rapport aux deux précédents. Nos bateaux deviennent plus difficiles. Ça tape énormément. Un foiler comme Fortinet-Best Western, il n'y a pas de demi-mesure. Soit on est à 100%, soit on est à 60%. C'est difficile de trouver l'entredeux. C'est même souvent impossible. Soit on est arrêté et on peste car on n'avance plus, soit on part à fond. Ce n'est souvent pas simple de trouver un compromis. Ça devient vite invivable. 

Un foiler est-ce une nouvelle façon de naviguer par rapport à un bateau à dérives ? 

Ça reste un bateau, mais ça ne se règle pas pareil. J'ai découvert quelques subtilités avec ce bateau. C'est surtout en termes d'engagement. Ça n'a plus rien à voir. Sur mon premier Vendée Globe, j'avais un vieux bateau. Même mon deuxième où j'attaquais un peu plus, je n'aurais jamais fait le quart de ce que je fais avec ce bateau. En termes d'engagement, on pousse la machine. Je suis toujours étonné de voir à quel point ça résiste.

Le foiler, un bateau pas comme les autres

Etes-vous surpris par votre régularité sur le Vendée Globe ?

C'est vrai, je fais encore 14ème. J'avais fait 15ème la première fois. Mais cette 14ème place vaut beaucoup plus que la 14ème de la dernière fois. Je me suis trouvé plus performant sur cette édition. Mon premier Vendée, c'était plus en mode dégradé. Je n'avais plus de safran, j'ai dû m'arrêter en Afrique du Sud. Je voulais finir. Le deuxième, je n'avais plus de voile. Je n'avais pas des bateaux à 100%. Cette fois, le bateau a été plus performant. Tout ceux devant moi avaient des bateaux plus rapides. Je ne pouvais rien.

Il y a eu un match sympa avec mon groupe. Ça revenait souvent de l'arrière. A chaque fois que je m'échappais, je tombais sur une route sans vent et tout le monde revenait. Surtout au large de l'Argentine, tout le monde est revenu, dont Jean Le Cam. C'était un petit coup stratégique que j'ai fait. J'étais content de moi. Même le Pot au Noir qui a été atroce pour moi, j'ai pu rester devant. C'est une place que j'ai chèrement acquise. J'en garde un bon sentiment. Devant, ce sont des bateaux plus récents. Ils vont plus vite. 

« Je suis parti avec le frein à main »

D'autant plus que c'était une aventure faite de hauts et de bas avec un démâtage avant le départ, la cagnotte de dernière minute… 

Ce n'était pas gagné. Le démâtage (en septembre, Ndlr) a été un coup dur, mais on a réussi à s'en relever pour être au départ. J'avais cette appréhension d'un mât neuf. D'ailleurs, j'ai cassé mes hooks et je ne pouvais plus hooker ma grand-voile parce que la tirette était mal passée. Si j'avais eu le mât avant, j'aurais pu le rectifier.

Ça m'a embêté. J'avais un système de secours, mais il m'a obligé à faire une opération de 5 heures. C'est ça que je craignais. Je suis parti sur le frein. Mes 15 premiers jours de course, j'avais peur de casser quelque chose. Je ne voulais pas recasser le mât. En arrivant près de l'Equateur, je me suis lâché un peu plus. J'ai été très suivi par les gens. J'avais une obligation de bien faire. 

Quelle est la suite pour vous ? 

Mes contrats se terminent à la fin de l'année. On discute. J'ai proposé de faire l'Ocean Race pour aller dans le monde entier notamment pour Fortinet qui est une boite internationale. C'est une grosse partie du boulot que tout le monde puisse profiter du bateau. Pour le Vendée Globe 2028, j'attends la décision du big boss.

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