"La Canne de combat fait partie de notre patrimoine universel"

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Les 22 et 23 mars, le gymnase Japy (Paris 11) a accueilli les Internationaux de France de Canne de combat. Organisé tous les deux ans, ce tournoi est un point d'orgue de la discipline, qui compte un peu plus d'une centaine de clubs en France. Maxime Jacquet, quart de finaliste et co-organisateur de ces Internationaux en sa qualité de vice-président de l'Association Sportive de Canne d'Arme Paris 11 (ASCA), revient sur cette édition ainsi que sur la discipline et son évolution.

Quelles sont les origines de la Canne de combat ?

La Canne de combat est une discipline d’escrime extrêmement codifiée, qui est apparue au début du 19e siècle après la Révolution française, quand les duels au sang ont été interdits. Les maîtres d’armes se sont alors saisis d’autres armes, en l’occurrence les cannes et les bâtons, pour régler leurs différends. C’est maintenant un sport d’opposition en un contre un, qui se pratique avec une canne en bois de châtaignier sur une aire circulaire. Ce qui signifie qu’on peut se tourner autour, sauter… Il y a beaucoup de mouvements assez impressionnants.

Quelles sont ses spécificités par rapport à l'escrime ?

On retrouve des choses communes aux autres disciplines d’escrime, mais la Canne de combat a deux principales spécificités. D'abord, il y a des zones de touche : la tête, les flancs et les tibias. Ensuite, il y a un principe de parade riposte, qui interdit de se sacrifier. Concrètement, on n’a pas le droit d’aller à la touche au prix de se faire toucher soi-même. Il y a donc des règles de priorité dans un combat.

Comment remporte-t-on un combat ?

Cela fonctionne à la touche. En l’occurrence, les Internationaux du week-end dernier se sont disputés par assauts de trois reprises de deux minutes, avec une minute de pause. Le tout supervisé par un arbitre et trois juges. L’arbitre assure la sécurité des tireurs et la lisibilité de l’assaut, tandis que les juges, sur les côtés de l’aire, évaluent les touches qui sont mises selon différents critères : les zones de touches, les positions, les règles de priorité, le respect de l'adversaire… À l'arrivée, le résultat est déterminé par le nombre de points, donc l'assemblage du nombre de touches effectuées et des pénalités qu’on peut potentiellement prendre. Si on sort de l’aire, si on perd sa canne, ou en cas de comportement antisportif par exemple, on prend une pénalité.

Quelles sont les qualités nécessaires pour performer à la Canne de combat ?

Les qualités premières sont la concentration et le mental. Il faut avoir la capacité de se concentrer sur soi-même, de rester zen et de parvenir à lire l’assaut adverse. Il y a beaucoup de stratégies et de tactiques à mettre en œuvre, en fonction du tireur auquel on est opposé. Puis, bien sûr, des qualités plus générales sont requises, telles que l’athlétisme et l’explosivité. Dans ce sport, tout se passe très vite !

Pour le moment, la Canne de combat est essentiellement présente en France…

La Canne de combat fait partie de notre patrimoine universel. C'est un sport de niche français, donc la plupart des licenciés le sont également. Le champion du monde actuel, David Leblé, est réunionnais, et ses prédécesseurs étaient tous français aussi. Même tableau chez les femmes. Mais d’autres pays pratiquent tout de même ce sport, et on retrouve leurs licenciés dans des compétitions par équipe et des championnats internationaux. Ils viennent entre autres d’Allemagne, du Royaume-Uni, de Slovénie, de République tchèque, du Canada ou encore des Etats-Unis.

Les Internationaux de France sont-ils la plus grande compétition française de Canne de combat ?

C’est difficile à évaluer. Si on se base sur le nombre de tireurs inscrits, la palme revient aux Titis Parisiens. C’est une compétition par équipe, qui regroupe plus de 100 tireurs à Paris en janvier. En revanche, en individuel, les Internationaux de France sont la plus grande compétition. Cette édition était d'ailleurs la plus réussie de l'histoire.

Pourquoi ?

Cette année, les Internationaux se sont tenus à Paris dans le Gymnase Japy, qui est un lieu historique de la Fédération Française de Savate et Boxe Française. Ça a permis à beaucoup de personnes, y compris des étrangers, de se déplacer, ce qui n'aurait pas été possible en province. De plus, on est dans une phase où il y a de plus en plus de pratiquants, et surtout de pratiquantes. Les Internationaux sont une compétition mixte depuis plusieurs années, et c'est une de nos forces. Certaines tireuses sont arrivées jusqu’en quarts de finale ! Cela se passe très bien alors que ce n’est pas évident d’opposer des hommes et des femmes, puisqu'ils ne se battent pas de la même façon.

Comment la Canne de combat peut-elle continuer à se développer ?

Il nous faut de l’exposition médiatique parce que, comme tous les sports de niche, on doit se faire connaître pour attirer de nouveaux pratiquants. Et en parallèle, continuer à organiser des événements comme les Internationaux de France, qui se passent très bien. On est pour le moment une petite communauté, on se connaît tous et on est amis en dehors de l’aire de combat. Cela engendre beaucoup de fairplay et de beaux assauts, qui impressionnent toujours les spectateurs. Plus il y aura de compétitions, plus on attirera de pratiquants. On fait partie des disciplines associées de la Fédération, il faut donc travailler main dans la main avec elle dans cette optique !

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