NFL Team Honors IX : Miami

15/07/2024 17:00

Les Dolphins n’ont probablement jamais aligné, depuis le début du XXIe siècle, une équipe avec une telle concentration de talent – notamment chez les playmakers, et surtout offensifs. Est-ce que cela a mené à quoi que ce soit de particulier ? Non, car encore une fois Miami a cogné son plafond de verre personnel avec une sortie en Wild Card, et c’est probablement pour cela que c’est une des saisons les plus frustrantes. Pour tout le talent qu’il y a dans cette équipe, il y a toujours des petits grains de sable : des blessures ici ou là, des performances qui flanchent aux moments critiques, une inconstance empêchant de croire aux Fins à fond. C’est ce qui sépare encore la franchise des meilleures.

À lire en courant vite.

MIAMI DOLPHINS
2e AFC East ~ 11-6 / 0-1

Les prévisions de Madame Soleil 2023

L’échelon suivant était-il pour 2023 ? Si le limogeage de Brian Flores avait été une surprise, les Dolphins n’avaient pas régressé pour autant sous la coupe de Mike McDaniel ; ils avaient même réussi à arracher une place en playoffs. Maintenant, les fans attendaient la fin de quelques séries : le premier titre de division depuis 2008 était peut-être un peu utopique, mais pourquoi pas la première victoire en playoffs au XXIe siècle.

La question dans toutes les têtes était évidemment de savoir si le Quarterback Tua Tagovailoa allait pouvoir faire l’intégralité de la saison, car les images de 2022 continuaient de planer sur la franchise comme une épée de Damoclès. L’équipe avait fait venir l’ex-Jet Mike White pour seconder le #1… en espérant ne pas faire appel à lui. Devant le lanceur, la ligne offensive souhaitait aussi éviter l’infirmerie : les ajouts du Centre Connor Williams et du Left Tackle Terron Armstead avaient été une réussite, tout comme le replacement en Guard de Robert Hunt, mais Armstead n’avait jamais fait une saison complète en 10 ans de carrière. Le Left Guard Liam Eichenberg et le Right Tackle Austin Jackson avaient également raté des matchs, ce qui avait donné un ensemble logiquement instable ; l’organisation s’était surtout occupée de la profondeur en Free Agency… en espérant de même ne pas y faire appel.

Du côté des cibles, il faudrait surveiller les départs du receveur Trent Sherfield et surtout du Tight End Mike Gesicki : derrière le Pingouin et le Guépard, ils avaient été de bonnes armes pour Tua ; un autre ex-Jet, Braxton Berrios, et Durham Smythe étaient les nouveaux seconds couteaux. On se posait légitimement le question de savoir ce qu’il allait se passer si Jaylen Waddle ou Tyreek Hill devaient passer une ou plusieurs semaines à soigner des bobos. Quoi qu’il arrivait, il faudrait un meilleur jeu au sol que l’année dernière, ce qui incombait à la ligne offensive et aux coureurs : Raheem Mostert et Jeff Wilson Jr. avaient prouvé qu’ils pouvaient porter la charge, et il serait payant d’insister un peu plus dans ce secteur.

Si l’attaque avait l’excuse d’avoir manqué son capitaine pendant plusieurs matchs en 2022, la défense en avait moins, surtout quand on rappelait que Vic Fangio pilotait l’escouade. Elle avait manqué d’un peu tout, même si la première ligne de défense contenait de sacrés talents : l’indéboulonnable Defensive Tackle Christian Wilkins était une machine qui était partout et son comparse Defensive Tackle Zach Sieler avait signé une extension bien méritée à force de briller dans l’ombre ; néanmoins, on en attendait plus de Raekwon Davis alors que Emmanuel Ogbah revenait de blessure. Chez les Linebackers, l’ex-Titan David Long était venu remplacer Elandon Roberts aux côtés du sérieux Jerome Baker, alors que les ailes allaient bénéficier d’avoir Bradley Chubb toute l’année avec le junior Jaelan Phillips en nette progression et Andrew Van Ginkel toujours prêt à maximiser ses opportunités.

Sans surprise, les gros ajouts de l’intersaison avaient été au niveau d’une couverture largement pilonnée, mais il n’avait pas fallu longtemps pour tempérer les ardeurs : l’ex-Ram Cornerback Jalen Ramsey s’était blessé au ménisque et il ne reviendrait au mieux que dans le dernier mois de compétition ; un coup dur pour une arrière-garde qui en avait besoin (… de Ramsey, pas des coups durs). Elle devait donc espérer un Xavien Howard dans de meilleures dispositions et la confirmation de la saison rookie improbable de la surprise intersidérale Kader Kohou ; si on ajoutait les blessures de Nik Needham (PUP) et Keion Crossen (IR), cela devait faire du temps de jeu pour le deuxième tour Cam Smith ou l’ex-Bengal Eli Apple. Les Safeties Brandon Jones et Jevon Holland avaient vu arriver l’ex-Lion DeShon Elliott à un poste sympathique mais sans plus.

Les équipes spéciales avaient été un gros souci en 2022, poussant à la signature de l’ex-Patriot Punter Jake Bailey, mais cela n’allait pas suffire. Le Kicker Jason Sanders devait faire bien mieux, et Berrios devait apporter son peps sur des retours bien trop inoffensifs.

La blessure de Ramsey était un sale coup pour l’unité qui en avait le plus besoin, et les fans de Miami avaient intérêt à avoir des pattes de pingouin et de guépard à accrocher à leur autel personnel ; les prières à la bonne santé des deux flèches ne seraient pas de trop. On avait envie de voir cette équipe réussir, mais elle allait probablement avoir besoin d’une réussite supplémentaire avec les blessures par rapport à d’autres, car la profondeur aux postes importants posait question, que ce soit en attaque ou en défense. Et avec ce calendrier, l’échelon suivant risquait d’attendre parce que rester à celui en cours était déjà une très bonne chose (i.e., accéder aux playoffs).

La saison

Le bilan de saison régulière

Voilà pourquoi on ne peut toujours pas croire à fond en Miami comme dit dans l’entête : ce bilan amélioré de deux victoires est venu sur un calendrier dont la difficulté s’est écroulée. En effet, sur les 14 équipes rencontrées, seulement 3 ont eu un meilleur bilan que l’année dernière et 2 sont restées au même niveau ; c’est ce qui arrive quand les deux East baissent de pied et que vous avez les deux pires équipes de 2023 au programme. L’autre raison de ce scepticisme est aussi visible que ce gros pâté rouge au milieu du vert : les Fins ont été largement dominés par leurs seuls adversaires potables. Il est notable que, quand ils ont perdu, ils n’ont pas fait semblant avec -15.7 points d’écart en moyenne (30e).

La réalité

Rien de bien surprenant dans ce tableau des stats : il faut remonter à l’armada menée par Dan Marino en 1994 pour retrouver une attaque Dolphin aussi explosive. Le seul vrai point noir de l’offensive a été de perdre un peu trop le cuir, sinon c’était souvent un déluge de points et de yards (notamment juste avant la pause avec 86 points dans les deux dernières minutes de la première mi-temps – top). L’Extra Stat rappelle que si les matchs étaient quasiment tous pliés avant le dernier quart-temps, il a quand même été le moins efficace de la franchise en général.

On aurait pu croire que la défense allait être sous tension avec une attaque qui arrose à tout va et qui force les adversaires à en faire autant : si elle n’a pas vraiment progressé, elle n’a pas grandement chuté non plus (à part un peu moins d’efficacité en redzone). Elle a d’ailleurs aidé à augmenter le compteur de points via 4 TDs défensifs, ce qui a fait partie de la grande différence en 2023 : avoir quasiment doublé les ballons volés, provoquant de fait +59 points consécutifs aux turnovers adverses à 99 (2e) soit 3.7 points par turnover (top). Pour le reste, on est dans la lignée de 2022 : première mi-temps inégale (mais mieux démarrée avec -20 points sur premier drive adverse à 31 – 15e), troisième quart-temps excellent (3 points en moyenne – 4e) et dernière période difficile.

Voici les récompenses de la saison :

(2021 : Xavien Howard)
(2022 : Tyreek Hill)

Il y a plusieurs candidats à la récompense suprême chez les Dolphins cette saison, donc déferrons la décision à l’équipe elle-même qui a choisi Hill ; c’est compréhensible : le Guépard a égalé son propre record de franchise de réceptions en une saison en établissant un nouveau record de franchise en yards à la réception et en scorant plus de TDs (bémol : le taux de drops aussi a augmenté). L’attaque a souvent eu plus de mal les rares fois où il n’a pas été sur le terrain.

À ses côtés, Jaylen Waddle a joué le rôle plus traditionnel de receveur écarté : il a raté 3 matchs et il a moins trouvé l’endzone que son partenaire, mais il a quand même eu le temps d’accumuler 75 touches pour 1026 yards et 4 TDs.

Avec ces deux gobeurs de ballons (et nous n’avons même pas encore parlé du jeu au sol), il est resté des miettes dont se sont contentés Durham Smythe (366 yards), Cedrick Wilson Jr. (296 yards et 3 TDs) et Braxton Berrios (238 yards et 1 TD).

(2021 : Christian Wilkins)
(2022 : Zach Sieler & Jaelan Phillips)

Donc non seulement le gars mérite son extension, mais derrière il casse tout en atteignant la barre des 10 sacks (2e team) et en scorant même un pick-6 par-dessus le marché (bon OK il était de 5 yards). L’ancien septième tour de 2018 continue d’étonner, mais jusqu’où ira-t-il.

Il forme toujours un duo destructeur au coeur de l’unité avec Christian Wilkins dont les stats sont étonnamment proches de son partenaire : 34 stops dont 24 run stops, 57 pressions dont 9 sacks, 1 fumble forcé et 2 fumbles récupérés. Raekwon Davis a joué le rôle du troisième homme qui gagne en qualité petit à petit même s’il reste en retrait des deux forcenés devant lui.

Ils ont été de tous les combats, aidant notamment à ancrer une défense au sol qui n’a eu qu’un seul petit défaut : 97.1 yards par match (7e), 3.8 yards par course (6e), 15 TDs (17e) et 6 big plays (4e).

(2021 : Jaylen Waddle)
(2022 : Jaylen Waddle)

La meilleure nouvelle que Tua pouvait donner après les craintes sur sa santé la saison dernière, c’est de terminer dans le top-5 des QBs les plus efficaces de la ligue ; et surtout, peut-être que Tua a également reçu davantage d’aide qu’il n’en a eu jusqu’à présent.

Cela se voit dans l’étude des stats au-delà des traditionnelles que vous pouvez voir au-dessus, et dans lesquelles on peut déjà identifier que les ballons perdus restent un sujet sensible. Les cibles ont fait leur part du travail avec 131.0 YAC par match (3e) et seulement 23 drops soit 4.1% des tentatives (11e).

C’est d’autant plus important que Tua a eu le temps de lancer le plus court de la ligue à 2.36 secondes et a été mis sous pression sur 24.6% de ses tentatives (plus faible marque) ; nous reparlerons plus bas de la ligne offensive qui n’est pas magiquement devenue meilleure, c’est surtout que le playcall a appelé Tua à lancer plus vite, et les YAC des cibles ont fait le reste. Il a d’ailleurs été magistral contre le blitz avec 11 TDs, 0 INTs et 119.5 de QB Rating… mais cela veut aussi dire que la majorité de ses INTs sont arrivées quand il avait une poche correcte.

Tout cela pour dire que la belle saison du #1 est due à sa disponibilité, à son talent, à celui des armes autour de lui, à sa connexion grandissante avec elles, et au playcall du duo Mike McDaniel – Frank Smith.

(2021 : Emmanuel Ogbah)
(2022 : Christian Wilkins)

Nous aurions pu nominer Wilkins (dont nous avons parlé). Nous aurions pu nominer Bradley Chubb qui a été une menace constante en accumulant 39 stops dont 22 run stops, 68 pressions (top team) dont 11 sacks (top team), 6 fumbles forcés (top NFL) et 2 fumbles récupérés (ses 15 plaquages manqués soit 17% piquent un peu néanmoins). Mais si on prend l’impact général sur la défense, quelle incroyable saison de Van Ginkel, et quel dommage qu’il ait fini sur IR.

Avec un Jaelan Phillips connaissant une année pourrie par les blessures (mais qui a quand même été diablement efficace avec 26.5 pressions dont 6.5 sacks), il fallait que Van Ginkel seconde Chubb dans le pass-rush sur les ailes sans perdre son activité au sol ou en couverture. C’est exactement ce qu’il a fait avec un abattage formidable qui mérite le coup de projecteur. Emmanuel Ogbah a rajouté 5 sacks en soutien.

(2021 : Jevon Holland)
(2022 : Kader Kohou)

Spoiler : malgré le carton réalisé par l’attaque aérienne, c’est sa consoeur terrestre qui sera Best Unit Of The Year, ce qui permettra de récompenser la machine à TDs de la saison. Mais il n’a pas été tout seul : la draft minimaliste de Miami (quatre choix) a néanmoins apporté le zébulon du troisième tour qui a été totalement intenable chaque fois qu’il a touché le cuir. Entre ses moyennes délirantes et ses mains quasi-sûres, Achane a apporté une composante explosive de plus qui, il est vrai, manquait cruellement aux Dolphins.

(2021 : L’attaque terrestre)
(2022 : Les équipes spéciales)

L’escouade reste un problème : si elle a fait un peu mieux sur certains secteurs, elle a encaissé deux TDs sur retour (sans oublier deux blocks).

(2021 : La couverture)
(2022 : L’attaque aérienne)

Comment le leader NFL et nouveau recordman de Miami en TDs cumulés sur une saison ne reçoit-il pas une récompense personnelle ? Première raison : il y avait foule au portillon dans l’attaque des Fins ; deuxième raison : bien que Raheem Mostert ait amassé plus de 1000+ yards, les totaux sont tout à fait respectables mais loin d’être ultra-dominateurs. Il n’en reste qu’il a permis à Tua d’avoir un pendant terrestre plus que crédible via 234 touches pour 1187 yards, 4.9 yards par occasion, 4.8 yards par course, 21 TDs (top) et 23 plaquages cassés.

Achane et lui ont reçu l’aide d’une ligne offensive qui n’a pas été épargnée par les blessures et qui a été un peu plus solide au sol qu’en protection. On retrouve 9 Offensive Linemen à 300+ snaps et aucun poste n’a été épargné puisque le leader de l’unité est le Right Tackle Austin Jackson qui a joué 90.1% des snaps ; on notera qu’il continue de progresser. Terron Armstead a été excellent à gauche mais il continue sa série irréelle de zéro saison complète depuis sa draft en 2013 ; Kendall Lamm a dû officier à sa place et la différence a été notable.

Autre talent qui a dû passer par l’infirmerie, le Centre Connor Williams, ce qui a poussé Liam Eichenberg à sa place avec des résultats largement insuffisants. À leurs côtés, Robert Hunt, Robert Jones, Isaiah Wynn et Lester Cotton sont allés du meilleur au moins bon entre les blessés et leurs remplaçants. L’unité aurait pu faire pire vu les circonstances, mais on se dit aussi que le meilleur cinq a vraiment de la tronche s’il pouvait rester sur le terrain.

(2021 : Les équipes spéciales)
(2022 : La couverture)

Ce n’est pas catastrophique (c’est même un tout petit peu mieux qu’en 2022), mais il y a quand même eu des soucis dans l’arrière-garde, à commencer par les TDs. Jalen Ramsey est revenu plus tôt que prévu et a prouvé que sa blessure au ménisque n’avait en rien entaché ses capacités avec 51.4%, 1 TD, 3 INTs et 49.6 de Cover Rating. Xavien Howard a été indisponible sur la fin après avoir plutôt tenu la baraque (1 TD, 1 INT, 12 passes défendues et 80.1 de Cover Rating).

C’est surtout Kader Kohou qui est assez violemment retombé de son nuage : étant de nouveau le Dolphin le plus ciblé, il poste 82.7%, 8 TDs, 10 passes défendues et 132.6 de Cover Rating ; sans parler des 11 plaquages manqués. Pour vous dire, même Eli Apple a fait mieux (2 TDs, 1 INT, 9 passes défendues et 95.2 de Cover Rating).

Chez les Safeties, c’est DeShon Elliott qui a été le plus en difficulté avec 68.8%, 15.7 yards par ciblage, 22.8 yards par complétion (pire marque), 5 TDs, 1 INT, 7 passes défendues et 138 de Cover Rating. Jevon Holland a fait son maximum pour boucher les trous un peu partout mais il a bataillé contre les blessures.

(2021 : Aucun)
(2022 : Connor Williams & Terron Armstead)

Il n’est pas le meilleur spécialiste de la couverture, mais Long est venu sur un contrat court et il a pris place au coeur de l’unité ; son rôle a été d’autant plus important que Jerome Baker a terminé sur IR avant la fin de la saison. Ce dernier avait encore montré son impact via 32 stops, 9.5 pressions dont 1.5 sacks, 1 TD, 2 INTs dont un pick-6 et 87.5 de Cover Rating. Duke Riley a été le troisième larron discret mais efficace.

(2021 : William Fuller V)
(2022 : Cedrick Wilson Jr.)

Aucun. On aurait pu nominer Wynn mais il a été signé pour une petite année.

(2021 : La victoire 22-10 contre Baltimore en Week 10)
(2022 : Le démarrage à 3-0)

La victoire 22-20 contre Dallas en Week 16. Si les Fins veulent devenir une équipe crainte et balayer les doutes constants sur leur niveau, ce ne sont pas des tôles historiques 70-20 qu’ils doivent accumuler, mais ce genre de victoires : la seule contre une équipe ayant terminé en positif de la saison.

(2021 : La défaite 34-3 à Tennessee en Week 17)
(2022 : Les commotions de Tua)

La défaite 28-27 contre Tennessee en Week 14. Non seulement les Titans n’avaient que 4 victoires au moment du match, mais Miami menait 27-13 à 4:34 de la fin à domicile ; et quand Hill est sorti, comme par hasard l’attaque n’a plus rien fait.

Le futur

En fonction de la volonté des Jets de répondre aux aspirations et même avec Arizona au programme, ce n’est pas un calendrier de tout repos pour Miami avec la bye week tôt et pas de vrais temps de repos ; n’est-il pas magnifique ce double déplacement à Buffalo puis aux Rams avec des wagons de kilomètres à faire ? Sans oublier une fin de calendrier avec un déficit récurrent de jours de repos.