Santé du cheval : La rhinopneumonie
11/19/2024 11:21 AM
Extrêmement courante en France, la rhinopneumonie est une maladie pouvant être mortelle pour le cheval. Existant sous trois formes différentes (respiratoire, nerveuse et abortive) et extrêmement contagieuse, il est important de bien la connaître pour adopter les bons gestes préventifs et curatifs. Décryptage.
En 2021, une épidémie de rhinopneumonie particulièrement virulente survenue dans le sud de l'Espagne avait bousculé le début de saison sportive. Ces derniers jours, le Réseau d'Epidémio-Surveillance en Pathologie Équine (RESPE) a émis plusieurs alertes concernant des cas confirmés d'herpèsvirus de type 1 et 4 (HVE-1 et HVE-4), pathologies plus couramment appelées rhinopneumonie, sur notre territoire.
Qu'est-ce que la rhinopneumonie chez le cheval ?
Cette maladie prend racine chez le cheval lors d'une infection par un herpèsvirus de type 1 et/ou 4. Du fait de sa spécificité aux équidés, la transmission à l'homme n'est pas possible. Elle peut prendre une forme respiratoire, nerveuse ou abortive.
La forme respiratoire est la plus fréquente. Elle survient principalement à l'infection du HVE-4, même s'il existe des cas issus de l'HVE-1. Les équidés souffrant de la forme respiratoire présentent généralement de la fièvre associée à un abattement et une perte d'appétit, ainsi qu'une toux sèche et un écoulement nasal, appelé jetage, qui peut être translucide ou jaunâtre. Ces symptômes apparaissent en général entre deux à dix jours après l'infection et peuvent persister jusqu'à deux semaines après leur apparition. Le cheval infecté est contagieux dès la fin de l'incubation et jusqu'à vingt-et-un jours après la phase clinique. Si cette forme est rarement mortelle, elle peut entraîneur une surinfection bactérienne.
La forme nerveuse est particulièrement agressive, mais également plus rare. L'HVE-1 entraîne alors une inflammation du cerveau et de la moelle épinière. On parle de myéloencéphalite. À la fièvre peuvent s'ajouter des troubles de la locomotion allant jusqu'à l'ataxie (coordination des membres) ou la paralysie des membres, et de l'incontinence urinaire. Dans les cas les plus graves, il est préférable d'euthanasier le cheval atteint.
Enfin, la forme abortive concerne les juments gestantes. Due majoritairement à HVE-1, elle représente la première cause d'avortement d'origine infectieuse. Celui-ci survient généralement en fin de gestation, entre le neuvième et le onzième mois, et touche le poulain à naitre. Cependant, des vétérinaires ont pu constater des avortements à partir du quatrième mois. Il peut arriver que le poulain naisse à terme et vivant. Mais le plus souvent, dans les trois jours survenant sa naissance, des difficultés respiratoires entraineront son décès.
Prévenir la propagation de la rhinopneumonie
Dans les colonnes du n°521 de Cheval magazine, le Dr. vétérinaire Guy Vallarino expliquait que « la transmission du virus se fait essentiellement par voie aérienne sous forme aérosol, y compris dans sa forme abortive. Elle peut également se faire par le placenta et le liquide amniotique. » Un cheval peut également être porteur chronique de la rhinopneumonie mais sans développer de symptômes. « C'est à l'occasion d'un stress (transport, regroupement de chevaux, autres infections...) que le porteur chronique peut réexcréter le virus et donc contaminer d'autres chevaux », précisait le vétérinaire.
Il existe un vaccin contre les HVE 1 et 4, dont le protocole vaccinal est similaire à celui de la grippe équine. Il consiste en deux injections espacées de quatre à six semaines pour la primo-vaccination. Ensuite, il convient de réaliser un rappel a minima annuel. Si le vaccin ne permet pas d'éviter de façon certaine l'infection, il diminue en revanche la sévérité et la durée des signes cliniques (essentiellement pour les formes respiratoire et abortive). Le cheval vacciné excrétera également moins le virus et sera donc moins contagieux. Aussi, plus les chevaux d'un même effectif sont vaccinés, plus le vaccin est efficace.
Pour limiter la propagation, les organismes de santé animale et les vétérinaires recommandent d'adopter plusieurs mesures, comme la mise en quarantaine des nouveaux arrivants, l'isolements des équidés suspects ou confirmés malades, l'arrêt des mouvements de chevaux dans et hors de la structure, la désinfection du matériel et des espaces de vie ou encore la mise en place d'un circuit de soin en commençant toujours par les chevaux sains.
Diagnostic et traitement
Pour diagnostiquer une rhinopneumonie, il est impératif de réaliser un test PCR par écouvillon nasal. Dans le cas d'une infection de forme abortive, le vétérinaire effectuera un prélèvement sur l'avorton. « Le traitement, comme dans tous les cas d'infection virale, se limite à contrôler les complications bactériennes et à assurer un minimum de confort au cheval en lui évitant de rester trop longtemps à des températures corporelles très élevées », précisait le Dr. vétérinaire Guy Vallarino.
Enfin, « si l'herpès virus est peu résistant dans le milieu extérieur, il résiste bien sur certains matériaux ». En effet, il peut survivre « jusqu'à deux semaines sur le métal, le verre ou les vêtements et jusqu'à six semaines sur le poil du cheval ». Il faudra donc maintenir « les mesures sanitaires destinées à éviter l'entretien de la maladie au moins six semaines après le dernier cas », concluait le praticien.