Paris 2024, pentathlon moderne : Elodie Clouvel, « je ne m'impose pas au cheval, je fais pour mon cheval »

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Ce dimanche 11 août dans les jardins du Château de Versailles, Elodie Clouvel est devenue la dernière médaillée olympique française du pentathlon moderne que nous connaissons aujourd'hui. A Los Angeles en 2028, l'épreuve d'équitation cèdera sa place à une épreuve d'obstacles à pied. La Capitaine de gendarmerie, déjà vice-championne olympique en 2016 à Rio, revient sur son parcours avec les chevaux et sur cette médaille, la dernière de son ère.

Cette médaille, dernière de l'ère du pentathlon moderne d'aujourd'hui, doit avoir une saveur particulière ?
C'est beaucoup d'émotions. Surtout que j'ai été la dernière pentathlète de l'histoire à monter à cheval. En plus à Versailles avec un cheval de la Garde Républicaine, Fly de Vesquerie, que j'ai tiré au sort. C'était beaucoup d'émotions d'être la dernière et en même temps c'était beau. Je me dis que j'ai marqué l'histoire avec Fly en rapportant cette belle médaille d'argent qui a vraiment une saveur d'or. J'ai un tel parcours qui fait que c'est une médaille de courage, de résilience. Avec tout ce que j'ai pu traverser elle a vraiment une saveur particulière. Et j'ai d'ailleurs partagé cette médaille avec mon cheval.

C'était important pour vous d'aller le voir avec cette médaille ?
Je suis rentrée du village olympique et le lendemain j'étais dans le box de Fly. C'était beaucoup d'émotions quand on s'est retrouvé. Même lui il était dans un environnement dont il n'avait pas l'habitude, avec plus de 16 000 personnes. Le lendemain, je l'ai revu dans son univers, il était calme et posé. Quand je suis allée le prendre dans mes bras, les larmes sont montées. Je lui ai présenté la médaille et là il l'a léchée. C'était un moment suspendu, vraiment émouvant.

« J'avais peur de l'équitation et aujourd'hui c'est ma passion »

D'autant plus qu'au début de votre parcours vous n'étiez pas du tout cavalière…
En effet quand j'ai commencé le pentathlon je n'étais pas cavalière, j'avais peur des chevaux parce que j'avais fait une chute quand j'étais jeune. Pour moi, ça a été un vrai challenge de me dire que j'allais faire du pentathlon et que j'allais refaire de l'équitation. Ça a été un vrai chemin de reconstruction personnelle. Aujourd'hui j'adore les chevaux, l'équitation, j'ai envie d'avoir des chevaux. J'aime partager des moments avec eux, ça me fait tellement du bien. J'avais peur de l'équitation et aujourd'hui c'est ma passion.

Elodie Clouvel lors du parcours de saut d'obstacles de la finale. ©CNOSF/KMSP

Vous allez donc continuer de monter à cheval ?
Je vais continuer à monter oui. Différemment bien sûr. J'ai la chance de pouvoir faire partie de l'Armée des champions depuis 2012. Je me suis entraînée à l'Ecole Militaire de Fontainebleau donc je sais que si j'ai envie de monter, de faire de l'obstacle, ils m'ont dit qu'ils m'accueillaient avec grand plaisir, de même que la Garde Républicaine. J'ai la chance de pouvoir continuer. Pour les quatre ans à venir j'ai envie de continuer le pentathlon avec comme objectif Los Angeles, mais il n'y a plus l'équitation alors que je « maîtrisais mon art » avec les chevaux. J'arrivais à me connecter tout de suite, c'était vraiment fort.

« Je n'oublierais jamais ce dernier parcours des Jeux que j'ai pu faire »

Comment arrive-t-on à créer un lien avec un cheval qu'on rencontre quelques minutes avant son épreuve ?
C'est une vraie connexion d'entrée avec les chevaux. D'ailleurs, je remercie également mon cheval de demi-finale, sans lui je n'aurais pas pu accéder à la finale. J'ai tellement appris à me connecter au cheval et à faire les choses pour lui. Je ne m'impose pas au cheval, je fais pour mon cheval. On fait tout pour qu'il soit dans les meilleures conditions pour sauter. Je pense que les chevaux sentent et ressentent tout. Et depuis que j'ai travaillé sur cette connexion directe ça s'est toujours bien passé. Je suis hyper sensible et je pense que c'est une force aussi dans mon sport pour se connecter à des êtres sensibles comme les chevaux.

On peut aussi dire que ces Jeux se finissent sur une bonne note pour l'équitation, par rapport aux scandales des Jeux de Tokyo ?
C'est vrai que je n'y ai même pas pensé sur le coup. J'ai juste cherché à être avec mon cheval, à le mettre dans les meilleures conditions pour qu'il puisse sauter. Que ça se finisse bien comme ça, sur un parcours incroyable avec Fly, je trouve ça beau. Surtout pour notre sport. C'est triste, on va changer de discipline, mais je n'oublierais jamais ce dernier parcours des Jeux que j'ai pu faire.

« L'équitation m'a beaucoup apporté physiquement »

Dans le sport, chaque discipline pratiquée apporte des compétences pour d'autres sports. Qu'est-ce que l'équitation apporte aux autres sports du pentathlon moderne ?
L'équitation m'a beaucoup apporté physiquement, avec un travail des muscles en profondeur. Ce qui me sert pour l'escrime mais aussi les autres sports. J'ai une monte très instinctive, ça me ramène vraiment à l'instant présent. Je fais mon parcours en étant 100% focus sur mon cheval et rien d'autre. La présence avec le cheval est essentielle, déjà pour lui. Donc l'équitation m'a beaucoup apporté sur la présence. Mais aussi le focus, la concentration. Et j'ai eu la chance de travailler avec des moniteurs incroyables, comme Nicolas Sanson du Cadre noir de Saumur ou encore le Colonel Robert de l'Ecole Militaire de Fontainebleau. J'ai eu des instructeurs formidables, des hommes de chevaux. Maintenant, il faut réapprendre une nouvelle discipline mais c'est sûr que je continuerai à monter à cheval.

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