Paris 2024, dressage : L'Allemagne sur le toit de l'olympe pour la quinzième fois !

Après leur titre olympique décroché à Tokyo en 2021, les Allemands se sont battus pour décrocher un quinzième titre olympique par équipes dans les jardins du château de Versailles. Le Danemark continue d'écrire son histoire en décrochant l'argent devant les Britanniques qui sauvent l'honneur en bronze. A domicile, la France termine à une sixième place historique.

Il aura fallu attendre que le dernier sabot de TSF Dalera BB se pose au sol pour que le sort des Allemands et des Danois soit connu ce samedi après-midi à Versailles. Aux Jeux de Paris 2024, la tension est montée d'un cran sur le Grand Prix Spécial, support de la compétition par équipes, lorsque de nombreux chevaux se sont montrés plus tendus dans le stade équestre que lors du Grand Prix. Deux, voire trois jours de repos pour certains, des températures beaucoup plus fraiches qu'en début de semaine, autant de raisons pour que le suspense dans cette compétition soit à son paroxysme. « Jamais nous n'avons vu une compétition par équipes aussi serrée », lançait la chef d'équipe allemande, Monica Theodorescu tandis que de son côté, Isabell Werth clamait : « personne ne peut dire que le dressage est ennuyeux maintenant ! ». Tous les yeux étaient rivés sur les notes de la championne olympique en titre, Jessica von Bredow, en piste avec TSF Dalera BB, dernier couple à s'élancer dans ce Grand Prix Spécial olympique.

Avant elles, les Britanniques et les Danois s'étaient rendus coup pour coup sur la piste. Pour sa première expérience olympique, l'Anglaise Becky Moody a tout simplement révélé tout son talent devant le château de Versailles. Perché sur son géant bai, Jagerbomb, qu'elle a fait naître il y a dix ans, celle qui avait la lourde tâche de remplacer Charlotte Dujardin, a délivré une performance que Carl Hester lui-même a qualifié d'extraordinaire. En sortant de piste avec une note de 76,489%, la très sympathique et amusante cavalière lançait parfaitement ses coéquipiers (retrouvez sa réaction ICI). Avec un Fame très regardant ce samedi, Carl Hester a fait parler son expérience (il vit ici ses septièmes Jeux olympiques, NDLR) pour sortir de piste avec un score de 76,520% (retrouvez sa réaction ICI).

Un Suspense insoutenable

De leurs côtés, les Danois rentraient dans la compétition avec un Vayron plus tendu que dans le Grand Prix. Daniel Bachmann Andersen a dû s'employer un peu plus pour faire face à plusieurs signes de fatigue et de perte d'équilibre de son bai. Il sortait de piste avec un score de 75,973%, plaçant le Danemark derrière les Anglais. A son tour, Nanna Skodborg Merrald commettait une faute dans les deux temps avec Zepter. La médaillée de bronze aux Européens de Riesenbeck l'année dernière a su remonter la pente pour sortir de piste avec une note de 78,480%. Elle assurait ainsi le leadership provisoire à son équipe. Pour l'Allemagne, Frederic Wandres lançait aussi parfaitement son équipe avec un Bluetooth toujours aussi régulier. Le score est de 75,942% (lisez sa réaction ICI), auquel viendra s'ajouter la note de 79,894% d'Isabell Werth et Wendy de Fontaine (lisez sa réaction ICI). La pression est soudainement montée d'un cran à Versailles lorsque le couple champion du monde en titre, Charlotte Fry et Glamourdale est entré dans le stade. L'étalon manque clairement de générosité dans le deuxième piaffer. Le visage fermé, Lottie Fry ne laissera pas une autre erreur lui filer entre les mains pour conclure son Spécial avec une note de 79,483%. Lottie et Glammy restent bloqués derrière Isabell et Wendy mais rien n'est encore joué.

Au tour de Cathrine Laudrup-Dufour et Freestyle d'entrer en piste. Le silence fait rage une fois que la cloche a sonné. Le clan danois retient son souffle. L'harmonie entre la cavalière et la jument de 15 ans rayonne à Versailles mais un changement de pied court derrière dans la ligne des temps fait baisser la note. La cavalière reste concentrée et malgré une bouche très bavarde de la part de sa jument baie, le score affiché est de 81,216%. Les Danois rêvent d'or olympique, eux qui n'ont plus décroché la moindre médaille par équipes depuis Hong Kong  en 2008. Mais il faudra encore retenir son souffle pendant les six minutes de reprise de Jessica von Bredow-Werndl avec TSF Dalera BB.

Cathrine Laudrup-Dufour et Freestyle aux Jeux de Paris 2024©PSV

L'or à 0,12 points !

Pour remporter l'or, le couple doit sortir une note de 79,833% ! L'entrée dans le premier piaffer est délicate, les Allemands trouvent le temps long, les notes ont du mal à grimper. C'est finalement la délivrance dans le clan allemand lorsque la note de Jessica et Dalera de 79,954% s'affiche enfin sur l'écran géant sous les acclamations du public. « Nous avons eu une incompréhension dans la transition pour rentrer de la piaffer ce qui nous a couté beaucoup de points. Mais avant cela et après elle a été incroyable. Je suis contente que nous ayons retrouvé notre harmonie après cette faute. La marge d'erreur était très faible, c'était trop pour mes nerfs mais à la fin nous avons ramené l'or à la maison », s'exprimait Jessica devant les journalistes.

Pour 0,12 points, Jessica von Bredow-Werndl avec TSF Dalera BB, Frederic Wandre avec Bluetooth OLD et Isabell Werth avec Wendy de Fontaine, sont sacrés champions olympiques par équipes (235,790pts), devant les Danois, en argent (235,669pts). « Dalera a fait des fautes aujourd'hui et comme Nanna l'a dit, c'est pour cette raison qu'on a pu se retrouver aussi près des Allemands. Nous sommes extrêmement heureux. Je pense que nous avons tous les trois présentés de belles reprises et nous avons assisté à du très grand sport aujourd'hui », confiait Cathrine Laudrup-Dufour tandis que Daniel Bachmann Andersen ajoutait : « Nous sommes la plus jeune équipe, nous sommes arrivés ici en tant que champions du monde en titre mais nous avons encore plein de choses à vivre et à conquérir. Maintenant nous allons célébrer cette médaille tous ensemble ». 

Isabell Werth et Wendy de Fontaine aux Jeux de Paris 2024©PSV

La reine Isabell Werth

Ce troisième sacre olympique consécutif offre par la même occasion sa huitième médaille d'or à Isabell Werth, qui entre toujours plus dans l'histoire de son sport et des Jeux olympiques. Avec un total de 232,492 points, les Britanniques décrochent le bronze après l'or en concours complet et en saut d'obstacles. « Cela a été très intense aujourd'hui et je dois avouer que c'est la première fois que je vis ça, lâche celle qui est devenue la première athlète au monde à remporter une médaille sur sept éditions des Jeux olympiques. Chaque point a été important, je n'y croyais pas mais nous y sommes arrivés ! C'est tellement excitant, c'était tellement serré ! ». L'Allemande n'était pas la seule à écrire son histoire olympique à Versailles puisque le Britannique Carl Hester vit aussi ses septièmes Jeux en France. « Les premiers étaient il y a trente-deux ans, vous y croyez, sourit-il devant les journalistes. C'étaient certainement les meilleurs car chaque fois la pression est de plus en plus grande ».

L'entraineur de Charlotte Dujardin soulignait d'ailleurs l'importance de décrocher cette médaille de bronze olympique, en l'absence de celle qui était doublement sacrée à Londres, puis en individuel à Rio puis décrochait le bronze individuel à Tokyo. « Elle a énormément contribué à notre sport et je crois que beaucoup de personnes pensaient que nous ne serions pas performants sans elle. Il était important que nous réussissions sans elle ». Un te suspense dans la compétition par équipes promet du très grand sport ce dimanche pour la Reprise Libre en Musique!

Les Français sixièmes, remplissent le contrat

Alors qu'ils avaient d'ores et déjà rempli leur contrat en se qualifiant pour ce Grand Prix Spécial, les Français avaient encore une belle carte à jouer en finale par équipes. Malgré une faute dans la première ligne de changements de pieds aux temps, Corentin Pottier a su mener Gotilas du Feuillard vers l'arrêt final avec une note de 71,748% (lisez sa réaction ICI). Si les notes semblent encore un peu timides face à la fluidité et l'harmonie qui se dégagent de ce couple tricolore, le cavalier lançait parfaitement son équipe. La veille, le chef d'équipe des Bleus, Jean Morel, espérait pouvoir encore grappiller une place au classement général. Avec les 70,821% d'Alexandre Ayache et Jolène, auteurs une nouvelle fois d'une reprise sans faute majeure, tout allait donc reposer sur les épaules de Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z*IFCE. Mais c'était sans compter sur la dure loi de notre sport. En effet, alors qu'ils visaient un Top 5 par équipes, les Suédois se sont retrouvés confrontés à de nombreuses difficultés. Ni Juliette Ramel en selle sur Buriel KH (68,830%) ni Therese Nilshagen avec Dante Weltino OLD (69,650%) ne parviendront à réaliser leurs scores habituels.

Malgré les 74,331% de Patrik Kittel et Touchdown, la Suède pointe à la septième position. Alors que Pauline et son Serto déroulaient une reprise parfaite à plus de 78%, le petit bai s'est défendu de manière très surprenante en plein milieu du deuxième piaffer. Avec une faute supplémentaire dans la deuxième ligne de changements de pieds aux temps entre les deux pirouettes au galop, le couple sort quand même de piste avec une moyenne de 72,720% assurant la sixième place à l'équipe de France.

Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z*IFCE sur le Spécial aux Jeux de Paris 2024©PSV

« Quand je vois tous les chevaux au-dessus de 7 ça me fait plaisir »

« Je suis un peu triste pour Pauline parce qu'elle avait très bien démarré mais ce qui me fait plaisir c'est qu'on a travaillé depuis deux ans et c'est aussi pour ça qu'elle a pu gérer jusqu'à la fin de sa reprise. On voit bien qu'ils ont pris de la maturité, de la confiance, pour monter en fonction des différents problèmes. Ils ont tous été très bien, on a choisi les bons chevaux au bon moment, la régularité et le travail ont payé. Maintenant je pense que Pauline va vraiment sortir du lot en international. Je pense que les performances qu'on fait les Français vont attirer un peu le regard sur le dressage. Peut-être motiver des gens à réinvestir dedans. Je pense que les Français ont toujours bien monté mais on ne leur a jamais dit. Ils sont aussi bons que les autres et ça il faut leur répéter pour leur donner confiance. Ils méritent qu'on s'intéresse à eux, ils ont une très belle équitation. On peut les féliciter, ils ont vraiment rempli leur contrat », confiant Jean Morel à l'issue de cette compétition par équipe.

Si Pauline et Sertorius de Rima Z*IFCE ont encore la finale individuelle au programme de la journée de dimanche, le sélectionneur des Bleus espère bien que ces performances historiques aux Jeux de Paris 2024 vont continuer de booster l'intérêt pour le dressage en France, notamment en vue des Jeux de Los Angeles dans quatre ans. « On a pu les aider, faire beaucoup de concours, car cela a été aussi financé par la FFE avec le fond Equi Action. Il va falloir maintenant bien poser les bases avec le dressage et savoir ou on veut l'emmener parce qu'on va rentrer dans une nouvelle olympiade ». Il en profite aussi pour revenir sur l'importance du rôle joué par le couple remplaçant composé d'Anne-Sophie Serre et Jibraltar de Massa. « Petit coup de chapeau à Anne-Sophie Serre qui a été une super remplaçante, une super équipière. Son cheval va très bien, je pense qu'elle va nous le prouver dans les prochains concours, elle méritait sa quatrième place. Elle a été un soutien pour tout le monde. Je pense que nous avons amené ici ce qu'il y avait de mieux en France et quand je vois tous les chevaux au-dessus de 7 ça me fait plaisir, cela fait longtemps que cela n'était pas arrivé ».  

Retrouvez toutes nos informations sur les Jeux de Paris 2024 dans notre rubrique dédiée.
Les réactions des cavaliers étrangers sont disponibles en cliquant ICI.
Les listes de départ et résultats des épreuves équestres sont disponibles en cliquant ICI.

×