Paris 2024, CSO : Médaille de bronze pour la France, derrière la Grande-Bretagne et les États-Unis
08/02/2024 01:11 PM
Et de deux médailles pour la France du côté des sports équestres aux Jeux olympiques de Paris 2024, avec cette fois le bronze pour l'équipe tricolore de saut d'obstacles. Avec un total de 7 points, Simon Delestre, Olivier Perreau et Julien Epaillard terminent derrière la Grande-Bretagne. Après le concours complet, nos voisins d'Outre-Manche empochent leur deuxième médaille d'or par équipes. Les Etats-Unis, bien malheureux en concours complet et dressage, sont enfin récompensés par une médaille d'argent.
Qui aurait pu prédire le scénario survenu cet après-midi dans les jardins du château de Versailles ? Probablement pas grand monde tant la vapeur s'est inversée entre hier et aujourd'hui. De par leur régularité tout au long de la saison ou leur forme d'hier, on imaginait par exemple la Suède ou encore l'Allemagne se faire une place sur le podium. Mais c'était sans compter sur le format olympique pour redistribuer toutes les cartes. En effet, avec la remise des compteurs à zéro, chacun avait sa chance. Le juste argument du bien-être du cheval est le premier mis en avant quand il s'agit d'évoquer ce format. Mais il faut admettre que lorsque le parcours est aussi parfaitement composé que celui qu'ont fait Grégory Bodo et Santiago Varela Ullastres, sport et respect du cheval ne font qu'un.
Outre l'esthétique et le somptueux design des obstacles, le tracé du parcours s'avérait prometteur. Avec deux doubles et un triple, une palanque aux couleurs (et à l'odeur !) des champs de lavande ou encore un mur à l'effigie de la Tour Eiffel, des lignes imposant des choix dans le tracé et le nombre de foulées... les chefs de piste se sont surpassés.
Le bronze en récompense
Suite au forfait du Mexique consécutif au retrait d'un de ses chevaux, la France s'élançait avec le dossard n°3 sur cette finale par équipes. Comme la veille, Simon Delestre était le premier à partir à l'assaut de ce parcours de quatorze obstacles. Toujours associé à I Amelusina R 51, le Lorrain ne touchera cette fois pas la moindre barre. Cependant, il franchira la ligne avec trois secondes et retard sur le temps imparti. Malgré les 3 points engrangés pour la France, le cavalier de 43 ans sortait de piste avec le sourire. « J'espère qu'aujourd'hui, on a rendez-vous avec l'histoire », confiait-il en zone d'interviews (sa réaction complète est à retrouver ICI, ndlr).
Une trentaine de minutes plus tard, Olivier Perreau faisait son entrée sur la piste. Après l'acclamation de la foule, un silence de cathédrale a pesé sur les tribunes d'une capacité de 16 000 spectateurs. Dans une facilité déconcertante, Dorai d'Aiguilly a survolé les difficultés du parcours, offrant un parcours sans-faute à l'équipe de France. À peine Dorai avait-elle reposé les pieds par terre après le dernier obstacle que son cavalier a exulté de joie. Les bras en l'air et le regard humide, le cavalier né à Saulieu, en Bourgogne, et désormais installé à Vougy dans la Loire, a célébré son parcours jusqu'à sa sortie de piste.
Lui qui d'habitude n'est pas du genre à exprimer ses émotions a craqué en zone d'interviews. Face aux journalistes, il a laissé les larmes le submerger (découvrez sa réaction complète en cliquant ICI). Pourtant, tout n'était pas encore gagné. Restait encore à Julien Epaillard de terminer le travail entrepris par ses coéquipiers.
Julien Epaillard, « Des moments qui vont rester gravés à vie »
Avant-dernier à prendre le départ (pour la dernière rotation et afin de faire durer le suspens jusqu'au bout, les derniers cavaliers de chaque équipe s'élancent dans l'ordre inverse du classement après la deuxième rotation), Julien Epaillard était celui qui allait offrir à la France sa médaille... ou lui faire perdre. Face à une telle pression, il y a de quoi perdre ses moyens. Si le Français est sans-faute, c'est l'argent assuré. Mais au-delà... rien n'est moins sûr car les Néerlandais, à 7 points, auraient alors le même total que la France.
Le public retient son souffle jusqu'à lâcher un "Oh !" lorsque les postérieurs de Dubaï du Cèdre touchent le premier plan de l'oxer n°9, faisant sauter la barre de ses taquets. Si le reste du parcours se déroule sans encombre, au moment de passer la ligne d'arrivée, le Français ne célèbre pas. « J'avais quelques doutes, confiait-il. Je savais que c'était très serré. C'est sur que sans la faute, j'aurais eu moins de doutes (rires). »
En zone d'interviews, on s'interroge : barrage ou pas ? Car la France est à égalité avec les Pays-Bas, à 7 points. Après une brève relecture du règlement, c'est confirmé : la France est en bronze. En cas d'égalité de points, c'est le chronomètre qui fait la différence. Cette fois, il est à l'avantage des Bleus, plus rapides que les Néerlandais d'une demi seconde. « C'est dommage d'avoir fait la faute sur cet obstacle alors qu'il y avait tellement d'autres difficultés (un milieu de triple, un double de verticaux…), soulignait Julien Epaillard. Mais ce sont des parcours qui ne laissent pas la place à la moindre petite erreur, ne serait que de quelques centimètres. Ça s'est vraiment joué à très peu de choses. Pour quelques centièmes de plus on pouvait passer quatrièmes. On voulait une médaille, on l'a. Ce sont des moments qui vont rester gravés à vie dans une carrière. »
Henk Nooren, « Une médaille est toujours la bienvenue »
Pour Henk Nooren, ce résultat est pleinement satisfaisant. Certes, la France aurait pu avoir l'argent, mais pour le sélectionneur de l'équipe de France de saut d'obstacles, elle aurait aussi pu repartir les mains vides « avec le chocolat », selon ses propres mots. « Bien sûr que vous espérez toujours faire mieux. Mais une médaille est toujours la bienvenue. C'est pour ça que vous vous levez chaque matin. Ces derniers mois, et particulièrement ces six ou sept derniers jours que nous avons passés tous ensemble, nous ont permis de resserrer les liens et de créer un esprit de cohésion particulièrement fort. »
Une partition britannique sans fausse note
Troisièmes hier à l'issue de la qualificative, les discrets Britanniques ont abattu leurs cartes d'entrée de jeu. Ben Maher et l'ancienne partenaire de Nicolas Delmotte, Dallas Vegas Batilly, entamaient de bien belle manière la compétition. Le duo bouclait un parcours à seulement 1 point pour temps dépassé. Auteur d'un parcours à 4 points hier, le jeune mais non moins talentueux Harry Charles confirmait la pole position de sa nation avec un sans-faute de Romeo 88. Il a fallu attendre la toute fin de l'épreuve pour que l'expérimenté Scott Brash, sur Jefferson, laisse à son tour toutes les barres sur les taquets. Son point de temps dépassé n'aura aucune incidence sur la position de l'équipe et ce dernier parcours offre à la Grande-Bretagne un nouveau titre olympique, douze ans après celui acquis à Londres.
D'ailleurs à l'époque, il était déjà dans l'équipe aux côtés de Ben Maher, mais aussi de Nick Skelton et Peter Charles... le père d'Harry. « D'ailleurs, le fils est plus beau que le père », plaisantait Scott Brash en conférence de presse. « Plus sérieusement, c'est génial d'avoir de jeunes talents qui arrivent et qui performent. C'est très motivant pour l'avenir. »
En effet, cet or olympique s'ajoute pour Harry Charles au bronze mondial acquis il y a deux ans à l'occasion des championnats du monde de Herning. « Mon père m'a dit d'en profiter quoi qu'il arrive. Puis, après la victoire, il m'a dit "Profite de chaque minute car ce sont les plus belles de toute ta vie". J'avais 12 ans lorsqu'il a gagné à Greenwich Park (lieu des épreuves équestres aux Jeux olympiques de Londres en 2012, ndlr) avec les deux gars à côté de moi (rires). C'est plutôt cool je dois l'admettre. Ils ont été tous les deux mes héros depuis que je monte à cheval. Donc être avec eux sur le podium est surréaliste ! »
Les États-Unis encore au rendez-vous
Bien à la peine depuis le début de ces Jeux en concours complet et en dressage, les États-Unis voient enfin la lumière au bout du tunnel. À Paris, ils ajoutent une nouvelle breloque à leur palmarès en terminant deuxièmes avec un total de 4 points. Il faut dire qu'ils sont des habitués des podiums olympiques, et surtout de la médaille d'argent puisqu'il s'agit de leur troisième consécutive. En effet, à Rio et Tokyo déjà, ils avaient terminé sur la deuxième marche du podium. « Aller aux Jeux olympiques et en revenir avec une médaille, c'est le graal aux États-Unis », faisait remarquer Laura Kraut, auteure aujourd'hui d'un parcours à 4 points avec Baloutinue. « Ce que les Jeux olympiques représentent, c'est le meilleur du sport. C'est ce pourquoi nous travaillons tous les jours », ajoutait McLain Ward, à l'origine avec Ilex du sans-faute qui scellait la médaille américaine.
Pour ces deux-là, les Jeux ne sont pas une découverte. En revanche, pour leur compatriote Karl Cook, il s'agissait là d'une grande première. Et quelle entrée en matière il a faite ! Accompagné de l'incroyable Caracole de la Roque, il est le seul des trois Américains à avoir réalisé deux parcours sans-faute sur les deux journées de compétition. Il y a quelques jours encore, il était remplaçant. Ce soir, il porte une médaille olympique autour du cou. « J'ai encore du mal à digérer tout ça, c'est incroyable. D'être ici à concourir avec des gens que j'ai regardé monter pendant de nombreuses années, que je respecte et dont j'ai énormément appris. Aller aux Jeux est ce dont je rêvais quand j'étais un gamin, donc c'est très spécial », affirmait-il.
Douche froide pour la Suède et l'Allemagne
Parmi les favoris au podium olympique, deux grandes nations ont raté le coche. Les Suédois, champions olympiques de Tokyo en 2021, du monde de Herning en 2022 et d'Europe de Milan en 2023, ne terminent ces Jeux qu'au sixième rang. Les trois couples Henrik von Eckermann/King Edward, Rolf-Goran Bengtsson/Zuccero HV et Peder Fredricson/Catch Me Not S sont tous sortis de piste à 4 points. L'autre déconvenue de la journée concerne les Allemands. Auteurs de trois parcours sans-faute hier, ils n'ont pu éviter un total de 8 points. Si Philipp Weishaupt et Zineday ont parfaitement terminé la journée avec un sansa-faute, les 4 points de Christian Kukuk/Checker 47 et Richard Vogel/United Touch S avaient déjà scellé le sort de la Mannschaft. L'équipe termine à la cinquième place.
Rendez-vous lundi 5 août pour la suite des épreuves de saut d'obstacles. Cette fois, c'est en individuel que s'élanceront les soixante-quinze couples attendus. Comme pour les épreuves par équipes, les concurrents prendront d'abord part à l'épreuve qualificative. Seuls les trente meilleurs pourront se qualifier pour la finale, qui aura lieu mardi 6 août. Ce n'est qu'à l'issue de la finale, sous la forme d'un Grand Prix avec barrage, qu'on connaitra l'identité des médaillés.
Retrouvez les résultats détaillés de cette finale par équipes en cliquant ICI.