Para-dressage : Entretien croisé avec Peggy Neger et Marion Chaussonnerie

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Alors que quatre cavaliers de l'équipe de France de para-dressage préparent les Jeux paralympiques de Paris 2024, d'autres couples tricolores travaillent quotidiennement afin de faire partie des meilleurs de leur discipline, à l'image de Peggy Neger et Marion Chaussonnerie. Ces deux cavalières, qui ont fait leurs premiers pas en para-dressage il y a quelques années espèrent un jour faire elles aussi partie de l'équipe de France lors de prochains championnats. Nous les avons rencontrées afin qu'elles nous racontent leur histoire autour du para-dressage.

Qui êtes-vous et où montez-vous à cheval ? 
Peggy Neger : J'ai 50 ans, j'habite à Saumur. Je suis entrainée par Nadège Baudon qui est écuyer au Cadre noir. C'est ma troisième année en para-dressage. Je suis fonctionnaire de police. Je monte en tenue de la police nationale et il s'agit uniquement de représentation puisque je n'ai pas de financement consécutif à ma fonction dans la police. J'aime mon métier et je pense que c'est bien de le représenter quand on peut. 
Marion Chaussonnerie : J'ai 38 ans, je suis maman de deux enfants et coach franchise pour une chaine de restauration rapide. J'habite à Argentré-du-Plessis (53). Je monte chez Sandrine Clément au haras du Blanmatin, qui est ma coach et la propriétaire de Djin'Ka, la jument que je monte. 

Marion Chaussonnerie : « J'avais repéré Djin'Ka depuis un moment »

Présentez le cheval avec qui vous évoluez sur les épreuves internationales de para-dressage.
PN : Il s'appelle Bretzel des Fééries. Il a 13 ans, c'est un cheval que j'ai fait naître, il fait 1,87m et est étalon. Nous nous connaissons par cœur puisque je l'ai formé de A à Z jusqu'en Amateur Elite avant que nous nous orientions vers le para-dressage. Il vit aux écuries de Jean Teulère, à moins de dix minutes de l'ENE. 
MC : Djin'Ka est une jument de 11 ans, une selle français par Qaprice Boismargot donc plutôt une origine pour l'obstacle et le concours complet. Elle est arrivée chez Sandrine il y a environ quatre ans. Elle était un peu trop lente pour le complet, mais ses très belles allures lui ont permis une reconversion en dressage. J'ai commencé à la monter fin 2021, après avoir fait une pause d'équitation de trois ans. À l'origine, je suis cavalière d'obstacles mais suite à des problèmes de santé, j'ai mis ma jument d'obstacles à la retraite. L'équitation me manquant trop, j'ai cherché à me remettre à cheval. Une amie commune à Sandrine et moi nous a mises en relation parce que je voulais reprendre en dressage. J'ai monté tous les chevaux de l'écurie avant d'atterrir sur Djin'Ka, que j'avais pourtant repérée depuis un moment (rires).

Marion Chaussonnerie et Djin'Ka. © FFE

Peggy Negger : « J'ai découvert le para-dressage par hasard »

Comment avez-vous découvert le para-dressage ? 
PN : Par hasard, je ne savais même pas que ça existait. Un jour, j'ai rencontré un cavalier qui avait un stick de dressage sur sa reprise, Rodolpho Riskalla. Je lui ai dit de ne pas rentrer avec un stick, qu'il allait se faire éliminer. Il m'a dit qu'il pouvait parce qu'il était cavalier de para-dressage. Je suis allée le voir à la sortie. On a beaucoup discuté et il m'a dit qu'il fallait que je fasse un dossier. Il m'a donné toutes les coordonnées nécessaires à la fédération pour que je sache comment faire. J'ai monté mon dossier national en 2019/2020, parce que Fanny Delaval m'a dit que ça passerait, mais je n'y croyais pas trop. J'ai toujours eu la sensation que je n'étais pas assez handicapée. Quand elle m'a appelée pour me dire qu'il était validé, j'étais la première surprise. Ensuite, j'ai fait mon dossier international. 
MC : Je suis d'abord sortie sur les épreuves "valides". J'ai fait le championnat de France Club à Lamotte-Beuvron en 2022. J'ai gagné le titre de championne de France en Club Elite Excellence, neuf mois seulement après avoir repris et alors qu'avant je n'étais pas cavalière de dressage avant cela. Avec Sandrine, on a rencontré des gens qui nous ont dit que la jument était intéressante et que la France manquait de couples en para-dressage. Donc on s'est lancé dans l'aventure para-dressage. J'ai toujours bien aimé le dressage, je suis assez perfectionniste, organisée, j'aime la précision et j'aime pouvoir toujours m'améliorer. C'est une discipline qui nécessite d'être en harmonie avec le cheval pour y arriver et j'adore ça.

Peggy Negger : « Toute une adaptation du cavalier, du cheval, du matériel »

En quel grade concourrez-vous ? 
PN : En Grade V. J'ai eu un accident de moto en 1999 qui a abimé tout le côté droit de mon corps. Je me suis retrouvée avec des problèmes dorsaux, de jambes, une semi-prothèse au genou et une arthrodèse au niveau de la cheville droite. Je ne m'appuie jamais sur le côté droit. Lorsque je suis à cheval, Bretzel a toujours des crispations à gauche parce que je mets tout mon poids à gauche. Donc on sait qu'il faut travailler sa décontraction à gauche pour l'aider. Quand je suis à cheval, il est beaucoup plus raide à gauche. Il y a toute une adaptation du cavalier, du cheval, du matériel. 
MC : J'ai été classifiée en septembre 2022 en Grade V. Je souffre d'une spondylarthrite ankylosante, une maladie inflammatoire des articulations qui provoque leur raidissement. Chez moi, ça se situe beaucoup sur la zone sacro-iliaque, donc le bassin et les hanches. Comme mon handicap est évolutif, j'ai un statut révisable tous les deux ans. Je devrais repasser des tests en janvier 2025 pour voir si je reste en Grade V ou si je passe en Grade IV. 

Peggy Neger et Bretzel des Fééries. © FFE

Marion Chaussonnerie : « Intégrer l'équipe de France pour les grandes échéances »

Quels sont vos objectifs ? 
PN : En 2022 et 2023, je ne savais pas où était ma place. J'avais plein de choses à travailler avec mon cheval. Autant, il était calé sur la technique, mais il avait un dos assez figé, des postérieurs un peu loin… J'avais besoin de lui faire gagner en souplesse. Il est grand, massif, osseux, il a fallu user de plein d'exercices pour lui apprendre à se servir de son corps. J'ai orienté ces deux années sur des essais qui commencent à payer. C'est beaucoup plus facile pour moi et pour lui. Les objectifs sont après Paris. Les Jeux de Los Angeles en 2028 sont le but ultime, avec entre temps les autres championnats. Bretzel arrivera à un aboutissement physique, mais aussi une maturité. On va pouvoir installer une routine de travail. Ensuite, il aura mérité sa retraite, mais je prépare déjà la relève.
MC : Je suis arrivée dans le para-dressage il y a très peu de temps. Djin'Ka et moi, on avance, on progresse. Mais ça prend du temps. Je suis hyper compétitrice, j'ai toujours l'envie d'avancer et de me challenger. Paris n'était pas mon objectif principal parce que j'ai encore beaucoup de progression et de chemin à faire. L'objectif à plus long terme serait Los Angeles, mais avant cela, j'espère intégrer l'équipe de France pour les grandes échéances.

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