Lisa Gualtieri : « Les circuits Jeunes mettent tout de suite dans l'ambiance du haut niveau »

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À seulement 21 ans, la cavalière de concours complet Lisa Gualtieri participait la semaine dernière à Strzegom à ses septièmes championnats d'Europe en catégories Jeunes. Avec son hongre de 14 ans, A d'Aunis, elle décrochait une double médaille d'argent chez les Jeunes cavaliers, par équipes comme en individuel, pour sa dernière échéance avant son passage parmi les Seniors. Tout juste rentrée de Pologne, elle est revenue sur ce rendez-vous et évoque ses ambitions prochaines.

Félicitations Lisa pour vos deux médailles sur cette échéance européenne. Comment l'avez-vous vécue ?
Déjà, je pense qu'on avait dans l'équipe de France et avec le staff une très bonne ambiance, que ce soit en Juniors ou Jeunes cavaliers. Ça joue toujours un rôle dans l'obtention des médailles. Le dressage s'est très bien passé. A d'Aunis connait très bien la carrière et l'environnement parce que je suis déjà venue deux fois cette année en concours et plusieurs fois l'année dernière. C'était plutôt un atout. Il s'est très bien comporté, on a réussi à sortir l'une des meilleures reprises de l'année. Forcément j'étais très, très contente. 
Le cross était assez technique et gros. On avait bien calculé qu'il fallait quand même galoper rapidement. Avant de partir, je savais que les deux premiers de l'équipe étaient sans-faute, mais je ne savais pas du tout pour le troisième. Donc je n'avais pas le choix que d'être sans-faute dans tous les cas, pour mon score individuel bien sûr, mais aussi et surtout pour l'équipe. Le cross s'est vraiment déroulé de manière parfaite. Le cheval était vraiment génial. Je pense qu'on s'est tous les deux amusés. Il était très en forme pour le saut d'obstacles le lendemain matin. Je ne l'ai pas senti fatigué du cross. Il a très bien sauté, il a donné tout ce qu'il allait. Il peut toucher un petit peu mais je pense qu'il a bien compris l'enjeu et il a été super. 

« Je n'avais pas le choix que de faire sans-faute »

Vous avez un peu de temps dépassé sur l'hippique (1.6 point soit quatre secondes, ndlr). Était-ce volontaire de mettre de côté le chronomètre pour maximiser les chances de sans-faute ? 
Oui, je pense que c'était nécessaire. C'est un cheval qui peut vraiment toucher les barres. Je savais que pour l'équipe, je n'avais pas le choix que de faire sans-faute. J'avais le droit à quelques petites secondes de temps, mais le sans-faute était impératif. J'ai préféré prendre le temps de tout bien faire et ça a payé. 

Pour votre dernière année en catégories Jeunes, vous décrochez une double médaille d'argent. Quel regard portez-vous sur ces circuits et que vous ont-ils apporté dans la construction de votre carrière de cavalière ? 
À mon avis, c'était déjà très formateur d'avoir commencé par le circuit Poneys. Ça met tout de suite dans l'ambiance du haut niveau, avec tout le stress etc. Ça nous permet de côtoyer l'esprit du haut niveau même si ce n'est qu'à poney. Personnellement, j'ai fait mes premiers championnats d'Europe à 14 ans. On a eu l'or par équipes et déjà, je devais être capable de gérer le stress. Tout ce que j'y ai appris m'a servi par la suite et encore aujourd'hui. On a un staff qui nous aiguille beaucoup toute l'année. Ils nous placent en fonction de ce qui pourrait être le mieux pour nous. 

« A d'Aunis est très compétitif sur les trois tests »

Votre comparse, A d'Aunis, est un partenaire de longue date dans votre carrière. Comment s'est forgé votre couple au fur et à mesure des années ? 
Je l'ai depuis cinq ans. C'est le cheval que j'ai eu juste après mes années Poneys avec O Ma Doué Kersidal (avec qui elle a remporté trois médailles par équipes aux championnats d'Europe en trois participations, ndlr). Au début, c'était un peu compliqué. On a mis du temps à se mettre ensemble. Notre première année est tombée pendant le Covid. N'habitant pas à côté de mes écuries de l'époque, je ne pouvais pas y aller. Ensuite en 2021, on a décroché notre première sélection pour les championnats d'Europe Juniors. Ils se sont très bien passés malgré un missing flag sur le cross.
Passer le cap des Jeunes cavaliers était encore une autre étape. Le cheval n'avait jamais couru sur le niveau 3* avant que je l'ai. Pour lui comme pour moi, c'était nouveau. On a été bien encadrés pour passer le cap, même si ça a été un petit peu long. Aujourd'hui, on voit bien qu'il est très compétitif sur les trois tests. Il dresse très bien, se déplace très bien. Il adore le cross, il est très franc. Sur l'hippique, il peut être un peu plus délicat mais il essaie tout le temps de bien faire et on sent qu'il le fait pour son cavalier. À la maison, c'est vraiment le poney de compagnie. C'est celui qu'on peut mettre avec tout le monde au pré... vraiment la bonne pâte. 

Vous disiez avoir eu du mal à vous mettre avec. On sait que parfois la transition poney/cheval est délicate. Comment avez-vous vécu la vôtre ? 
C'est sûr que la transition poney/cheval a été dure. Mais au final, j'avais un poney qui se montait comme un cheval et à l'inverse un cheval qui se comportait comme un poney… malgré ses 1m70. En plus, son cavalier avait moi était un homme. Donc il a fallu installer nos codes avec beaucoup de travail de dressage. La transition poney/cheval n'était pas la plus simple, mais on connaissait son potentiel et on ne voulait pas passer à côté. 

« Commencer sérieusement les CCI4* »

Quels sont vos objectifs pour l'année prochaine ? 
J'aimerais pouvoir commencer les CCI4*. Je réfléchis peut-être à en faire un en toute fin d'année. Ça laisserait à mon cheval le temps d'aller tranquillement en vacances au pré quelques semaines avant de le remettre en route. Mais l'année prochaine effectivement, je veux commencer sérieusement les 4*. 

Pensez-vous suivre le circuit du Grand National pour faire vos débuts sur le niveau 4* ? 
Je fais déjà partie d'une équipe du Grand National (Lisa est membre U25 de l'écurie PJ Brasero Events/Hit Air aux côtés de Joséphine Héteau et Arthur Marx, ndlr). Mais le problème, c'est que j'habite en Allemagne. Je venais en France pour les concours mais je pense que ça va être de plus en plus compliqué. Par conséquent, je pense plutôt m'orienter vers les internationaux plus près de chez moi. 

« Découvrir d'autres façons de faire »

Pourquoi avoir choisi de vous installer en Allemagne ? 
Je suis partie en Allemagne il y a deux ans pour faire un stage. Je voulais approfondir mon approche du travail du cheval, découvrir d'autres façons de faire et d'autres pistes. Ça m'a beaucoup plu donc j'y suis restée. Je suis installée à Bexter Hof (au nord-ouest de l'Allemagne, entre Münster et Hanovre, ndlr), avec mon conjoint. On loue des boxes dans une écurie privée. On fait de la valorisation allant du débourrage aux chevaux de haut niveau dans les trois disciplines olympiques. 

Avec qui travaillez-vous au quotidien ? 
Je travaille seule sur le plat mais sur les barres, je travaille avec Susanne Behring. En parallèle, je travaille aussi avec Ugo Provasi (cavalier en équipe de France, ndlr). C'était mon coach lorsque j'étais basée en France et il continue de me suivre. On gère ensemble ma saison de concours, il me suit à distance ou sur les concours. Par exemple, il était là avec moi aux championnats d'Europe. On s'entend très bien et il connait très bien A d'Aunis. 

« Avoir un petit O Ma Doué rien que pour moi »

Avez-vous d'autres chevaux pour épauler A d'Aunis à haut niveau ? 
J'ai Vendée Globe'Jac, qui est plus expérimenté mais qui s'était blessé et a été arrêté quelques mois. Avant de me rejoindre il y a 4 ans, il tournait sur 4* avec Nicolas Touzaint. Cet hiver, j'aimerais bien faire un peu de cross indoor avec lui pour découvrir la discipline. L'année prochaine, on verra comment il revient à la compétition et on fixera les objectifs en fonction.

Avez-vous aussi des jeunes chevaux en formation ? 
Oui, je n'en ai pas beaucoup à moi, ce sont plus des chevaux de propriétaires pour le moment. J'ai aussi en parallèle tous les ans des poulains qu'on fait naître et qui sont des produits d'O Ma Doué. Chaque année, j'en ai un ou deux au travail. On les prépare pour les compétitions Poneys. 

Sont-ils comme leur papa ? 
Franchement, pour l'instant ils sont même mieux (rires). Ils sont vraiment géniaux et peu importe la mère, ils ressemblent beaucoup à O Ma Doué. Ce sont tous des poneys, donc ils ne sont pas pour moi. Mais j'ai une poulinière par Upsilon que je n'ai pour l'instant croisée qu'avec des chevaux. L'objectif serait de la croiser avec O Ma Doué une fois, pour que j'aie un petit O Ma Doué rien que pour moi (rires)

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