Le rendez-vous des Jeux avec Richard Corde

Aux Jeux olympiques de Paris, Richard Corde occupera le poste de horsewelfare coordinator (littéralement traduit par coordinateur du bien-être équin). Créé par Sylvie Robert, présidente de GL events Equestrian Sport, et le vétérinaire Thierry Grisard, président de la commission vétérinaire aux Jeux, il consiste à faciliter les actions et la communication autour du bien-être animal entre tous les officiels. Cet ancien vétérinaire, également président de la Ligue française pour la protection du cheval, revient sur le rôle de ce poste et sur les mesures qu'il englobe.

Que contient la notion de « bien-être » dans le cadre de cette fonction de horse welfare coordinator ? Ce terme de bien-être est utilisé en permanence, entraînant parfois une confusion entre bien-être et bientraitance. 
Tout à fait et d'ailleurs j'ai tendance à utiliser le terme bientraitance plutôt que bien-être. La bientraitance consiste à avoir les bonnes conduites avec les bonnes situations de travail et de compétition. Cela concerne le cheval monté, en main, au box, son alimentation… Tout ce qui tourne effectivement autour du cheval de sport.

À quoi faites-vous particulièrement attention ? 
Dans les écuries, je vais essentiellement discuter avec les grooms. D'abord, ça me permet de savoir si tout va bien pour eux. La bientraitance commence par celle de l'humain et malheureusement dans la profession vétérinaire, on s'aperçoit que souvent, pour les animaux maltraités, il y a aussi de la maltraitance humaine associée. Il est important que les individus qui sont autour du cheval soient eux-mêmes bien traités. On vérifie que les conditions de logement du cheval sont correctes. C'est important d'avoir cette communication avec le groom, elle peut d'ailleurs faciliter la communication avec le cavalier. J'en ai déjà fait l'expérience… 

« Un rôle supplémentaire de facilitateur »

Le message passe-t-il mieux lorsque le groom fait office d'entremetteur ? 
Disons que l'approche du cavalier est parfois un peu tendue. J'ai la chance d'être vétérinaire FEI depuis plus de trente ans maintenant, donc certains me connaissent un peu, ça dépend des disciplines.

Quel est le champ d'action du horse welfare coordinator ? 
Dans la compétition de sport équestres, hormis en endurance, les vétérinaires FEI sont des conseilleurs auprès des officiels que sont les présidents de jury. Donc nous ne prenons pas de mesures de sanction. Nous donnons notre avis sur un événement, quel qu'il soit, et ensuite le jury de terrain prend sa décision sur nos conseils avisés. 

Ces règles de bientraitance sont-elles clairement définies ? Où sont les limites ? 
Tout ce qui concerne la bientraitance du cheval est extrêmement bien réglementé dans le règlement FEI. Tout le monde devrait l'avoir lu. Ce n'est pas une nouveauté de s'occuper de la bientraitance du cheval, c'est simplement un rôle supplémentaire de facilitateur pour aider les stewards et les juges à prendre les bonnes décisions et essayer d'avoir la meilleure surveillance. 

« Certains n'ont pas encore conscience de l'impact de certaines conditions d'entrainement »

Quel accueil les cavaliers et leur entourage ont réservé à ce titre de horse welfare coordinator ? 
De ce que j'ai ressenti, on est sur 99% de positif. Pour avoir échangé avec quelques personnes, l'abord n'est pas toujours très commode et le discours n'est pas toujours bien entendu. Mais on arrive quand même à échanger. Certains, malheureusement, n'ont pas encore conscience de l'impact de certaines conditions d'entraînement par exemple avec les problèmes d'hyperflexion, de rollkur… Malheureusement, ils ont été un peu éduqués dans ce système et ce n'est pas toujours évident de les en sortir. Pour l'immense majorité des cavaliers, ils se sentent entourés, concernés et non épiés. Je ne suis pas de la police, je ne suis pas là pour mettre des amendes mais pour donner des conseils. Je ne suis pas un expert en équitation, mais j'ai été cavalier dans ma jeunesse jusqu'en niveau Junior. Ayant également été vétérinaire, je sais reconnaitre les signes d'inconfort. 

Quels sont-ils ? 
Il s'agit de phases d'entraînement où le cheval a une hyperflexion et des mouvements de mâchoire particuliers, un regard pas tout à fait normal, remue la queue de manière intempestive et un peu intense… On peut comprendre qu'il y a une situation d'inconfort. Il y a plein d'études scientifiques qui les ont notifiées, on essaie d'être au courant de ces études et de les connaitre. Et puis il faut aussi un peu faire appel au bon sens.

« Il faut faire le maximum »

Tous les concours doivent-ils avoir un horse welfare coordinator ?
Pour le moment, c'est un nouveau poste qui est mis en place avec l'accord de la FEI. Il est certain que ça serait une bonne chose qu'une personne référente en bientraitance permette cette bonne relation entre tous les officiels. Cela faciliterait le dialogue et aiderait un peu les stewards dans leur rôle, parce que ce n'est pas évident pour un steward d'aller voir un cavalier de renom et de lui dire que telle ou telle chose ne va pas. Ils peuvent être timides ou, parfois, se faire envoyer promener. S'ils se sentent épaulés par un horse welfare coordinator, c'est plus facile pour eux. 

Quelles mesures seront mises en place lors des Jeux de Paris pour assurer le bien-être des chevaux ? Y en aura-t-il des supplémentaires par rapport à d'autres événements ?
C'est certain que notre but est d'être dans l'environnement le plus propice pour que le cavalier, le cheval et le groom se sentent au mieux. Tout ça est extrêmement bien réglementé depuis assez longtemps. Il n'y a pas de nouveauté. On n'a pas réinventé le fil à couper le beurre, mais on va apporter une aide supplémentaire. 

Vous qui travaillez avec les équipes de GL events. Vous ont-ils consulté pour certains aménagements ? 
Les équipes de GL events travaillent en collaboration étroite avec les équipes vétérinaires, que ça soit le président de la commission, Thierry Grisard, ou le vet service manager, Anne Couroucé. Tout est quand même bien rodé. Ces gens ont de l'expérience et le professeur Anne Couroucé était déjà à ce poste aux Jeux équestres mondiaux de Caen, en 2014. On est tous bien conscients qu'il faut faire le maximum, et nous ferons le maximum.

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