Le rendez-vous des Jeux, avec Nicolas Belin, physiothérapeute et ostéopathe des chevaux de l'équipe de France de saut d'obstacles

Pour ce nouveau « Rendez-vous des Jeux », nous mettons en lumière Nicolas Belin, le physiothérapeute et ostéopathe des chevaux de l'équipe de France de saut d'obstacles. Intégré au dispositif fédéral de la FFE depuis un peu plus d'un an, il contribue activement à la préparation des chevaux et au maintien de leur intégrité physique. Rencontre.

Vous êtes le physiothérapeute des chevaux de l'équipe de France de saut d'obstacles. À quel moment la Fédération française d'équitation s'est rapprochée de vous afin que vous intégriez son dispositif fédéral en vue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024
C'était au printemps 2023 et effectivement pour le projet des Jeux olympiques. On a mis en place le processus pour les championnats d'Europe (qui s'étaient tenus à Milan, en Italie, ndlr). Suite à quoi, on a reconduit notre collaboration cette année pour les Jeux.

Aviez-vous déjà travaillé avec certains membres de l'équipe de France ?
Oui, j'avais en effet parmi mon panel de clients des cavaliers comme Simon Delestre ou Olivier Perreau. Je m'occupais aussi aux concours des chevaux de Julien Epaillard. J'avais déjà un pied dedans. 

« On est vraiment sur le suivi du cheval athlète »

Qu'est-ce qu'englobe le rôle de physiothérapeute ? 
Je suis avant tout ostéopathe animalier. Donc il s'agit de regarder les tensions du cheval sur tous les segments (cervicales, garrot, dos, bassin…). On regarde s'il y a des douleurs qui apparaissent ou des tensions et on intervient en amont des compétitions justement pour qu'ils soient dans le meilleur état possible. J'agis pour son bien-être avant tout. 

Suivez-vous ces chevaux là tout au long de l'année ? 
Oui, j'interviens minimum une fois par mois et jusqu'à deux ou trois fois par mois pour faire un bon suivi, assez poussé selon les compétitions, avant, après, en récupération. On est vraiment sur le suivi du cheval athlète.

J'imagine que le travail que vous effectuez sur les chevaux n'est pas le même en fonction de la période à laquelle vous intervenez par rapport à la compétition… 
Exactement. Pendant la compétition, il s'agit de faire de la préparation sportive et d'optimiser leur confort afin qu'ils puissent s'exprimer. En amont de la compétition, j'essaie d'aller plus en profondeur, de faire des stretchings un peu plus intenses pour résoudre d'éventuels problèmes. Je me sers uniquement de mes mains pour la palpation. J'aime ce contact direct, qui permet de recueillir beaucoup d'informations sur le cheval, qu'il s'agisse du physique ou de l'émotionnel.

« La relation avec le groom est très importante »

Quels sont les zones du corps qui sont le plus souvent sujettes à tensions ? 
Il n'y a pas vraiment d'endroit cible. C'est spécifique à chaque cheval. 

Regardez-vous les chevaux au travail ?
Tout à fait, l'analyse sportive est très importante parce qu'un professionnel peut voir où le cheval peut améliorer son mouvement, déceler s'il y a du stress et travailler dessus. 

Le cavalier connait son cheval, mais parfois le groom le connait encore plus. Communiquez-vous aussi avec eux ? 
Oui, c'est vraiment une relation avec le groom qui est très, très importante parce qu'il va nous informer sur son état psychologique, de fatigue, les tensions qu'ils trouvent en les brossant par exemple. Ils ont une très grande analyse de leurs chevaux et j'échange énormément avec eux. Je dirais qu'avec les grooms, je discute beaucoup de l'aspect environnemental du cheval et avec les cavaliers, j'ajoute - en plus de la dimension environnementale - l'aspect sportif. 

« J'ai vraiment un rôle de prévention »

À quoi va ressembler votre planning jusqu'aux Jeux ? 
Plus l'équipe cible se recentre, plus on suit les chevaux. J'essaie d'être sur tous les événements en compétition. C'est important de bien connaitre le cheval avant les grandes échéances pour gérer les potentiels problèmes. J'essaie de passer tous les quinze jours chez chacun pour faire un suivi et anticiper, déceler les petites choses qui pourraient devenir des problèmes. J'ai vraiment un rôle de prévention. 

Serez-vous avec l'équipe de France de saut d'obstacles aux Jeux olympiques ?
Le plan est évidemment d'être là aux Jeux avec eux, de faire également toute la préparation avec eux, d'être là tous les jours et de faire de la préparation sportive pour les chevaux. Il s'agit vraiment de les mettre dans un état optimum pour les avoir les plus disponibles possibles. 

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