Le rendez-vous des Jeux avec François-Xavier Ferey et Eric Favory

A quelques semaines du coup d'envoi olympique, retour sur le programme de la saison dans le suivi des cavaliers d'un point de vue kiné et médical, avec François-Xavier Ferey, kinésithérapeute des équipes de France et Eric Favory, médecin des équipes de France.

François-Xavier Ferey

Quel est votre rôle auprès des cavaliers ?
En amont c'est d'avoir sensibilisé, avec le médecin de l'équipe de France, à la mise en place une structure, chez eux. L'idée est qu'ils aient à proximité de chez eux des référents. Sur une année olympique par exemple, on est régulièrement présents sur des compétitions pour pouvoir faire un suivi. Ça nous permet de voir l'évolution, et on reste aussi joignables à n'importe quel moment. Pendant l'événement on est là s'il y a un besoin particulier, s'il y a une douleur, une contracture… L'idée c'est avant tout de faire de la prévention. Ce suivi nous permet de connaître les cavaliers et d'éventuellement mettre en place une action si nécessaire en amont de l'événement.

« Le cavalier a ses aptitudes techniques mais il doit aussi être là physiquement »

Vous essayez aussi de les orienter vers des exercices de préparation physique ?
Bien sûr. On fait un bilan ostéo-articulaire, on voit s'il y a des douleurs aux articulation. On voit aussi les amplitudes, s'il y a des tensions musculaires, les mobilités. Mais aussi la proprioception. Dans l'échange ils peuvent aussi nous rapporter un événement, une tension. On va essayer de comprendre l'origine de cette tension pour essayer de prévenir la récidive et de comprendre pourquoi elle est apparue. Et à partir de là on leur propose un travail particulier.

Avez-vous senti une prise de conscience de la part des cavaliers sur la préparation physique au cours de ces dernières années ?
Il y a encore des différences d'un cavalier à l'autres mais oui. Cela dépend aussi des possibilités financières et de temps. Souvent c'est parce qu'ils se sont blessés qu'ils ont pris conscience de l'importance de la préparation physique. C'est comme la récupération. Pour leurs chevaux c'est naturel mais pour eux non. Le cavalier a ses aptitudes techniques mais il doit aussi être là physiquement, comme son cheval. Par exemple, si on est essoufflé, on connait l'incidence sur notre capacité à réagir, à anticiper et notre équilibre donc cela aura forcément un impact sur le cheval. Il faut être capable de reproduire une performance à long terme. Ce qui est important c'est de faire de l'individualisation. Et ce sont eux qui montrent l'image aux jeunes qui arrivent.

Quel est le plus important dans la préparation pour une échéance olympique ?
C'est un équilibre le mental, le physique et la technique. Là aussi, chacun a des aptitudes et des manques dans les différents domaines. L'idée c'est de mettre en place toutes les conditions pour pouvoir optimiser son potentiel.

« L'idée c'est de pouvoir anticiper le plus en amont possible les problèmes »

Eric Favory

Quelles sont les spécificités de cette année olympique ?
Ce qui est spécifique c'est un peu plus de densité dans le suivi. Le travail de fond est à peu près le même que pour des championnats du monde ou d'Europe. Mais il y a là un peu plus d'attention et de points de rencontre auprès des cavaliers. Il y a plus d'investissement, un challenge supplémentaire avec une volonté de bien faire. Mais il y a aussi des points de contrôles qui se multiplient, avec beaucoup de sécurité par rapport au dopage humain, avec énormément de formations. Le fait que les cavaliers soient à proximité de leur base c'est un plus en termes d'énergie mais ça peut aussi amener des dispersions donc il faut rester vigilent. L'idée est de faire en amont un check-up qu'on va répéter à différents moments de la saison pour essayer d'identifier les facteurs limitants, les choses à développer, identifier des problèmes de récupération… sur des bases cliniques, interrogatoires et sur des bilans biologiques. C'est un bilan essentiellement locomoteur pour les aider à limiter les facteurs de risque à travers la préparation physique. Plus on se rapproche des Jeux, plus on a un rôle de réponse en cas de déséquilibre du système. Sur place, on est là pour éventuellement continuer un suivi de pathologie s'il y en a, ou pour être disponible en temps réel. L'idée c'est de pouvoir anticiper le plus en amont possible les petits problèmes, avant même que le cavalier le perçoive.

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