L'âne comme bon gardien de troupeaux

À la manière des chiens de bergers, l'âne apparait depuis quelques temps maintenant comme un parfaits gardien de troupeaux. Plusieurs éleveurs les ont même déjà adoptés. Passionnée par ces animaux, Sylvie Fallourd aide des agriculteurs à trouver le protecteur idéal pour leurs bêtes dans le but de tester cette nouvelle pratique.

Par Emma BILLET

Nous voyons de plus en plus se démocratiser, dans le monde de l'élevage, l'utilisation d'ânes comme gardiens de pâture pour de petits troupeaux ovins ou bovins (100 têtes et moins). Ils sont censés jouer le même rôle que les chiens de protection, particulièrement efficace sur de gros groupes, tout en permettant aux éleveurs de faire des économies.

Néanmoins, entre idées reçues et désinformation, cette pratique a la vie dure. Sylvie Fallourd, fondatrice de Genti'âne du Haut-Doubs, une structure proposant de la location d'âne de randonnée, conseille depuis plusieurs années les éleveurs qui souhaitent prendre un âne comme gardien. Avec son expérience, nous tentons de lever le brouillard sur ce phénomène.

L'âne comme candidat idéal pour les troupeaux

Douceur et intelligence, sont deux des principales caractéristiques de l'âne. « Comme pour nous, êtres humains, chaque âne a un caractère différent. Certains sont naturellement plus patients, d'autres seront un peu plus hargneux. Il n'en est pas moins qu'ils restent des animaux très doux et doués d'intelligence » confie Sylvie. Ajoutez à cela son côté très territorial ainsi que sa méfiance naturelle des chiens, loups ou renards, l'âne s'impose comme un candidat idéal pour protéger les troupeaux de moutons, chèvres, brebis ou même de génisses.

Pour l'éleveur et le producteur, il s'impose également comme un choix plus économique. Contrairement au chien, l'âne est assez autonome dans la gestion de ses besoins fondamentaux. Pour s'alimenter, un point d'eau et du fourrage suffiront. Il faudra tout de même penser aux frais vétérinaires et de maréchalerie.

Bien faire son choix

Attention, ne devient pas gardien de troupeau qui veut. Afin d'optimiser les chances de réussite de cette cohabitation entre âne et troupeau, il ne faut pas prendre le choix du futur protecteur à la légère. « Tout d'abord, l'âne doit être grand ou de taille moyenne. Il est inutile de sélectionner un âne miniature, il n'est pas fait pour exercer cette tâche. » affirme Sylvie. Ensuite, il faut prendre en compte son acclimatation. Afin qu'il puisse considérer le troupeau comme son territoire il faudra penser à l'habituer petit à petit à côtoyer ce dernier. « Souvent, sélectionner une ânesse et son petit s'avère être un bon choix. D'une part, l'ânon grandira entouré des animaux qu'il sera amené à protéger plus tard. D'autre part, la mère est souvent beaucoup plus territoriale si son bébé est dans les parages ce qui accroît sa surveillance du troupeau » poursuit la fondatrice de Genti'ânes du Haut-Doubs.

Enfin, il est conseillé de ne pas mettre plus de deux ânes à la supervision d'un même troupeau. Ils auront tendance à rester entre eux et à délaisser le groupe sur lequel ils doivent veiller.

Le risque zéro n'existe pas

Si les ânes ont eu l'occasion de faire leurs preuves comme gardiens, il faut garder à l'esprit que le risque zéro n'existe pas. Tout comme les chiens, les ânes peuvent être victime d'une attaque d'un prédateur. Qui plus est, au-delà des caractéristiques mentales ou physiques de l'animal, il faut également prendre en compte la praticité du terrain sur lequel il sera amené à évoluer. « Cela représente encore un gros travail avec les éleveurs. Pour mettre toutes les chances de son côté et que cela fonctionne, il est nécessaire de mettre en place des conditions optimales » ajoute Sylvie.

Si grâce à ses connaissances de l'animal, elle est convaincue de la capacité naturelle des ânes à protéger un troupeau, elle précise qu'il n'y a pas encore assez de recul pour pouvoir qualifier l'efficacité de ces animaux contre les loups au même titre que les chiens. « Je suis encore en pleine phase de test avec les éleveurs avec qui je travaille. Pour l'instant les résultats sont satisfaisants mais nous avons encore besoin de temps pour explorer les pleines capacités de cette cohabitation. »

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