Kere Dali, l'alchimiste de la sculpture

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Ce sculpteur accompli qu'est Kere Dali est parvenu à un moment de son travail où il entend faire la part belle au cheval, qu'il aborde cependant avec beaucoup d'humilité. Rencontre en terre celtique.

Autour de nous voisinent des grandes sculptures suspendues relevant de l'abstraction géométrique. D'autres, plus figuratives, des primates, des chiens, posées sur des étagères ou présentées dans des vitrines. Il y a aussi des créatures empruntées pour les unes à la mythologie celte, et pour les autres à la science-fiction, qui occupent une estrade. Dans cette mise en scène, car rien ne semble placé là par hasard, on distingue deux chevaux cabrés en bronze surmontant chacun une colonne en acier. « Ils sont en résine polyester patinée », précise Kere Dali. Seul le toucher aurait pu nous révéler que ces chevaux n'étaient pas faits de cet alliage de cuivre et d'étain. L'artiste nous explique succinctement la manière dont il procède. « Je mélange à ma résine de la poudre de fer et de bronze pour obtenir ces oxydations. »

Dans le bestiaire qui nous fait face, on aperçoit une représentation en plâtre de Pégase, on remarque également deux baleines réalisées en bronze. Si l'une l'est bel et bien, l'autre est en résine. Visuellement, c'est bluffant. En revanche, lorsqu'on les prend en main, le poids et la texture les différencient, ainsi que leur prix… Mais ce n'est pas là notre propos, Cheval magazine n'est pas la Gazette Drouot !

Occupant le centre de cette scénographie se trouve une sellette. Là s'y dresse une tête de pur-sang arabe reconnaissable à son chanfrein convexe. « Elle est en pâte à modeler professionnelle. » C'est sur elle que travaille notre hôte. « J'ai pratiquement fini ce premier élément, ensuite je procéderai à la construction du corps pour avoir quelque chose de dynamique. » L'artiste, du moins au début, semble être dans le contrôle permanent. On le sent tout à la fois satisfait et stupéfait de notre présence dans ces environs de Janzé (Ille-et-Vilaine), où il vient trouver refuge dès qu'il le peut pour travailler, expérimenter et réfléchir à sa démarche de plasticien.

Kere Dali. © Thierry Ségard

2024, l'année du cheval

« En 2024, je me consacre au cheval », lance Kere Dali. Il nous désigne aussitôt une tête attachée à une encolure massive. Son style fait songer à la statuaire antique ou à celle du classicisme français. Il l'a déclinée de deux façons. L'une, dont la teinte fait penser à une pierre de taille patinée par le temps, est en plâtre. Sa réplique, que l'on croirait être du bronze, est, une fois encore, en résine oxydée. « Lorsque la pièce sort du moule, j'applique en surface des produits oxydants de façon aléatoire. Ce qui est intéressant, précise-t-il, ce sont les effets inattendus que cela produit et qui enrichissent la pièce. » Pour tendre à cette palette de rendus particulièrement convaincants, Kere Dali a passé beaucoup de temps à jouer au petit chimiste dans son atelier, lequel est séparé de cet espace-exposition par une simple cloison derrière laquelle il nous invite à le suivre.

L'atmosphère ici est plus authentique, moins apprêtée. Des pots en verre recouvrent une table. Certains contiennent d'indéfinissables mixtures, d'autres des couleurs à base de pigments, des petits pains de cire. Puis, émergeant de ce capharnaüm, une cocotte-minute posée sur une plaque de cuisson électrique avec laquelle Kere Dali réalise ses préparations. Au fond de la pièce, d'immenses étagères en bois faites de bric et de broc, où s'amoncellent d'innombrables moules de toutes tailles.

Découvrez la suite de notre reportage sur Kere Dali dans le numéro 632 de Cheval magazine. Vous pouvez le retrouver en kiosque et sur notre boutique en ligne.

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